The Foxy Lady Project – Géant!

Mis  à part Earth, un atlas de 2.75 x 1.80 mètres publié par l’éditeur australien Gordon Cheers, je pensais que le plus grand livre du monde était celui que Richard Scary avait destiné aux enfants. C’était vrai, jusqu’à aujourd’hui du moins, mais les dimensions de ce dernier (60 x 40 cm) lui valent désormais une relégation au deuxième rang.

Le plus grand livre du monde est désormais The Foxy Lady Project ! Qu’on se le dise! Grand que dis je?! Immense ! Par ses dimensions hors normes (109 x 47 cm) d’abord, un beau bébé de 12 kilos. Immense par son originalité :Il immortalise en grandeur nature  61 guitares de légende parmi les plus emblématiques du 20ème Siècle. Le photographe Maxime Ruiz nous livre des portraits hyperréalistes et strictement à l’échelle d’une sélection d’instruments essentiels de l’histoire du blues du jazz et du rock ; des pièces de collection trouvées auprès de musiciens et de collectionneurs passionnés, racontées et documentées par Christian Séguret, historien de la musique et guitariste lui-même ; des guitares présentées comme des êtres qui nous révèlent leur texture, leurs blessures, les traces de vie de ceux qui les ont jouées.

Malgré les apparences, The Foxy Lady Project  ne s’adresse pas aux spécialistes, aux experts, à l’élite. Il s’agit d’une expérience unique pour le lecteur, résultat d’une aventure, faite de voyages et de rencontres. Un rêve d’artisans téméraires et obstinés devenu réalité, livré sous la forme d’une odyssée photographique dédiée aux amoureux des formes, des histoires, des images et des sons. Maxime raconte:

J’étais en train de photographier la sublime Miss Daisy, une pre-série stratocaster de 1954 que Jean Pierre Danel avait apporté au studio. Il avait remarqué une liste scotchée sur un mur et tout d’un coup il fait : “je vois qu’il y a la Red Special sur ta liste, tu connais Brian ?”. “Non”, je répondis. Cette guitare était sur ma liste parce que je voulais une liste aussi “sérieuse” que possible, mais je savais bien au moment d’y inscrire la Brian May Red Special que je n’avais aucune chance de pouvoir photographier cet exemplaire unique. “Si tu veux je l’appelle”, continua Jean Pierre. “Euh… oui, oui, bien sûr” j’ai balbutié. Deux jours plus tard, un mail du guitariste de Queen : “je suis d’accord”. Je n’en croyais pas mes yeux. Je lui ai répondu et terminé mon mail par “un abrazo”, en espagnol (je suis argentin). Sa réponse quelques jours plus tard était entièrement en espagnol (excellent), ce monsieur est une tête. Plusieurs mois plus tard, nous voici Gilles et moi dans le château aux environs de Londres. Un assistant vient d’apporter (dans une housse plus que pourave) l’objet de notre visite : la vraie, l’unique, la Red Special. Rapport au fait qu’elle arrive dans cette housse archi usée, je me hasarde à demander “mais, il en joue ?” L’assistant me regarde comme il croît que je le mérite et répond “mais bien sûr; il ne joue pratiquement que cette guitare”. Il m’explique qu’elle à été restaurée et réparée un certain nombre de fois vu son âge, et qu’elle est en parfait état de marche. On m’avait prévenu que Brian serait absent le jour de notre venue, mais c’était faux. Il était là, dans chaque rayure sur le pickguard, dans chaque fibre du bois, dans chaque gnon sur le micro. Nous étions fiers.

Immense, l’ouvrage l’est enfin de par sa qualité. Tirage limité à 2500 exemplaires numérotés. Conditionnement  en étuis de transport portant le numéro d’identification. 130 pages, papier d’art 200 grammes, impression en trame 280 et couverture habillée de soie rouge molletonnée. Il serait fou de prétendre le poser sur sa table de chevet ou de lui trouver une place dans sa bibliothèque, l’échelle 1 ne s’y prête guère. Qu’importe ! The Foxy Lady Project  n’est pas un livre. C’est une œuvre d’Art, folle, majeure et définitive dont la beauté n’a d’égale que la passion pour l’instrument Roi de son auteur qui à mon avis a traîné ses guêtres du côté du Crossroads car à n’en point douter il y a quelque chose de diabolique dans ce projet et c’est tant mieux. Monsieur Ruiz, Merci !