Le Diable Rouge – Les Classes Moyennes trinquent!

Le Diable Rouge: de Mazarin à Jupiter

Taxes! Toujours plus, encore plus! Un adage hélas très en rapport avec le contexte actuel. Le Diable rouge est une pièce de théâtre écrite par Antoine Rault en 2008, mise en scène par Christophe Lidon, avec, dans le rôle de Mazarin, Claude Rich. La pièce retrace les derniers mois de la vie de Mazarin, principal ministre du jeune roi Louis XIV. Bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction et de propos n’engageant que son auteur, l’extrait qui suit n’en reste pas moins une critique acerbe du cynisme politique ambiant et de ses conséquences sur la vie économique des classes moyennes.

Colbert: Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou.

Mazarin: Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’État, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette. Tous les États font ça.

Colbert: Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables.

Mazarin: On en crée d’autres.

Colbert: Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.

Mazarin: Oui, c’est impossible.

Colbert: Alors, les riches ?

Mazarin: Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.

Colbert: Alors, comment fait-on?

Mazarin: Colbert, tu raisonnes comme un fromage! il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus! Ceux là! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… C’est un réservoir inépuisable.

Patrick BETAILLE, septembre 2018