13th Floor Elevators. Le nom du groupe formé par Roky Erickson fait référence à une vieille superstition qui veut qu’aux Etats Unis les gratte-ciel n’ont pas d’étage nº 13. Quand il existe, soit il est vide, soit il est réservé à des locaux techniques. Il arrive aussi que sa numérotation soit remplacée par un étage ″12A″ ou ″M″ (la 13ème lettre de l’alphabet). En 1966, le groupe en question prétend accéder à cet étage fantôme aidé en cela par une consommation effrénée de cannabis et de LSD. Au Texas, hallucinations et couleurs criardes envahissent les esprits. On ne parle pas encore de rock psychédélique mais le terme apparaît pour la première fois sur le titre d’un album, The Psychedelic Sounds Of The 13th Floor Elevators, qui tisse les fondations d’un genre nouveau. Le groupe connait une audience notable mais devient la cible des autorités policières de la puritaine Amérique à cause du caractère soit disant subversif de leur musique et l’utilisation réellement abusive de drogues hallucinogènes. A 20 ans, pour échapper à la prison, Roky Erickson plaide la folie. Après s’être échappé de l’hôpital psychiatrique il est repris et incarcéré dans un établissement de sécurité maximale où il est bourré de neuroleptiques. Abruti par les électrochocs pendant trois ans il devient complètement paranoïaque, au point d’affirmer être, entre autres, un extra-terrestre en contact télépathique avec l’esprit de Buddy Holly. Devenu la bête noire des radios, rongé par l’absence de son chanteur, la consommation d’héroïne, les problèmes judiciaires, les tensions internes et la mort de son guitariste, le groupe splite en 1978. Exception faite de rares moments de lucidité, Erickson reste cloîtré, passe ses journée à regarder des dessins animés et garde de multiples radios constamment allumées pour faire taire les voix qui hantent toujours son esprit. Ce zombie du Rock, père du psychédélisme est décédé le 31 mai 2019 à l’âge de 71 ans. You gonna miss me!
Patrick BETAILLE, juin 2019