″Y’a du monde au balcon!″: Il serait légitime et pertinent de penser que l’expression soit née au printemps 2020, alors qu’en pleine pandémie de Covid-19 plusieurs millions d’êtres humains confinés s’affichaient aux balcons pour exprimer bruyamment leur soutien aux personnels de santé. En fait, cette expression française, dont l’origine remonte au XIXème siècle, fait référence aux salles de théâtre. En ces lieux, quelques places disposées dans des sortes de corbeilles découvertes et saillantes en façade – comme un balcon en position avancée au dessus de la scène – offraient à quelques privilégiés aisés un confort exceptionnel pour voir et être vus lors des représentations. Quand bon nombre de ces galeries étaient occupées, on disait alors ″il y a du monde au balcon″ pour évoquer le succès de la pièce. Par la suite, la métaphore a pris possession du langage populaire et familier pour désigner et rendre hommage à la femme dotée d’une poitrine généreuse et mise en valeur par une échancrure indiscrète ou provocante pour, comme au théâtre, être vue et admirée. D’ailleurs, les termes de balconnet et corbeille désignent aujourd’hui des types de soutiens-gorge particulièrement destinés à rehausser les décolletés.
″Elle est calme, légèrement penchée en avant sur son siège, un décolleté savamment dosé, assez profond pour être bouleversant, mais trop sage pour qu’on ne désire pas en voir plus″. [Virginie Despentes – Apocalypse bébé].
Patrick BETAILLE, août 2021