Les musiciens pouvant être classés parmi ceux à l’origine d’un genre, d’un style ou d’un son ne sont pas légion. Robert Fripp reste sans conteste l’architecte/concepteur de ce qui allait devenir la pierre angulaire du rock progressif : King Crimson. En faisant exploser le carcan de la musique populaire, le premier album de sa formation n’aurait probablement jamais atteint un tel niveau de complexité sonore sans la présence de Ian McDonald. Claviériste et expert en instruments à vent, ce musicien émérite et imaginatif a définitivement placé In The Court of the Crimson King – que Pete Townsend qualifiera de ″chef d’œuvre de l’étrange″ – sur une rampe de lancement en y apportant une teinte free jazz totalement innovante pour l’époque. Le solo de saxophone du 21st Century Schizoïd Man c’est lui. La flute de I talk to the Wind c’est encore lui. Le mellotron d’Epitath et de partout ailleurs c’est toujours lui. Auteur principal et arrangeur de ce monument de 45 minutes, il quittera pourtant King Crimson à la fin de la tournée de promotion de l’album, emmenant avec lui Michael Giles, le batteur, pour monter un autre projet. En 1976 il fondera Foreigner avec Mick Jones, l’ancien guitariste de Spooky Tooth. Ian McDonald vient de décéder du cancer à New York. C’était le 9 février, il avait 75 ans.
Patrick BETAILLE, février 2022