Popa Chubby – It’s a Mighty Hard Road

Popa Chubby Nouvel albumLa couleur est annoncée et autant le dire tout de suite: aucune baisse de régime chez Popa Chubby. Le nouvel album, It’s a Mighty Hard Road, comporte pas moins de 15 titres pour un total d’une heure de blues, de rock et de soul avec, ça et là, des teintes jazzy et des influences latines. Toujours aussi inspiré, Ted Horowitz dévoile une fois de plus l’étendue de ses talents de chanteur, de compositeur, de mélodiste et surtout, de guitariste. ″La saveur est dans le gras″, c’est Popa qui le dit en ouvrant cette production. Pas de régime minceur pour une tambouille riche, variée et consistante qui invite à demander du rab. Sachant le géant du Bronx atteint d’un diabète invalidant (il marche avec une canne et assure ses prestations assis – NDLR),  on aurait pu craindre le pire. Nous voilà rassurés, 30 ans de carrière célébrés avec un nouvel album qui prouve que les meilleurs arômes se développent après maturation. C’est un sacré voyage!

Patrick BETAILLE, février 2020

The Who – Who

The Who: Nouvel album 2019Treize années se sont écoulées depuis Endless Wire, la dernière production studio de ce qu’il reste des Who. Treize années durant lesquelles Roger Daltrey et Pete Townsend se sont consacrés à l’écriture de bouquins, à la réalisation de disques solos et bien sûr à quelques tournées communes en mode best-of nostalgique. La parution de cette douzième production studio semble attester du fait que, même conscients d’être dans la dernière ligne droite, les frères ennemis veulent prouver qu’ils ont envie de renouer avec un genre qu’ils ont pour ainsi dire inventé. Onze nouvelles compositions qui bien évidemment lorgnent du côté du passé sans se démarquer d’un classicisme sur lequel les Who ont au fil des ans consolidé leur réputation. Même si à l’écoute les ambiances rappellent incontestablement la période Who’s Next et Quadrophenia (qui s’en plaindrait?) Who ne consiste pourtant pas en une resucée de vielles recettes éculées. Le chant de Daltrey a gagné en émotion ce qu’il a perdu en aigus et l’écriture de Townsend, toujours aussi aigri et engagé, s’appuie sur des compositions musicales qui n’ont rien perdu de leur finesse. ″Who gives a fuck?″, ″Qu’est-ce qu’on en a à battre?″ C’est ce que déclare le guitariste en ajoutant: ″Quand on a soixante-quatorze ans, franchement, qu’est-ce que ça peut bien vous foutre que le rock soit mort ? Être en vie, ça, oui, ça compte, et préserver la flamme avec son public, c’est quelque chose de délicat″. Quoiqu’il en soit il y a dans ce nouvel album de quoi rameuter les vieux fans et probablement en fédérer de nouveaux.

Patrick BETAILLE, décembre 2019

 

 

Miles Davis – Rubberband

Miles davis album posthume

28 ans après la disparition de Miles Davis, le label Rhino fait les fonds de tiroirs et sort un album posthume du génial et visionnaire trompettiste. A n’en pas douter ce Rubberland doit être aux amateurs de jazz ce que le monstre du Loch Ness est aux écossais: une apparition toujours espérée mais jamais constatée. Les onze titres Rubberband nous arrivent finalement d’outre-tombe grâce à l’initiative de Vince Wilburn neveu de l’artiste et producteur des derniers enregistrements du tonton. Les sessions se situent entre octobre 1985 et janvier 1986, donc entre You’re under Arrest et Tutu. A n’en pas douter, les adeptes de Kind of blue, In a silent way, ou de Sketches of Spain ne vont pas y trouver leur compte tant l’ensemble de ces inédits sonne très années 80 avec à la clef une forte présence des claviers. Rubberband est funk, électrique, plus vocal que d’ordinaire et les effets électroniques sont très présents. En 1982 l’artiste avait été victime d’une attaque paralysant partiellement sa main droite et entraînant donc des difficultés à jouer. Ceci expliquant peut être cela. Quoiqu’il en soit,  un inédit du grand Miles, même posthume, ça ne se refuse pas. Au fait Davis est il vraiment mort?

Patrick BETAILLE, octobre 2019

Andy Zax – Woodstock, Back to the Garden

Woodstock 50th anniversaryC’est pour bientôt! Un témoignage à la gloire – cinquantenaire oblige – de Woodstock. Back to the Garden,  38 CD regroupant la quasi totalité des concerts donnés pendant le festival pour revivre l’épopée des 3 jours de musique de l’emblématique festival. À l’exception de trois chansons, l’intégralité des prestations est enfin proposée, dont forcément un grand nombre d’inédits. Depuis le triple LP original de 1970 et en passant par un coffret sorti en 2009, ce rendez-vous historique ne proposait jusqu’alors qu’une vision partielle de l’événement. Publié le 2 août 2019, le coffret Woodstock 50 n’y va pas par quatre chemins. Un document sonore unique! 432 chansons pour un total de près de 36 heures d’enregistrements, 270 inédits incluant les concerts complets de The Who, Joe Cocker, Sly et Family Stone, Crosby, Stills, Nash & Young, ainsi que les prestations de The Grateful Dead, Creedence Clearwater Revival ou Janis Joplin qui ne figuraient ni dans le film, ni dans l’album original de Woodstock. C’est l’américain Andy Zax, auteur, producteur et historien de la musique qui est à l’origine du projet qu’il qualifie de ″documentaire audio ultime sur les années soixante″. Il faudra compter dans les 800 euros pour cette édition limitée à 1969 exemplaires mais des versions condensées à 10 Cd et 5 Lp seront également disponiblesToutes les infos sont disponibles sur: Rolling Stone Magazine.

Patrick BETAILLE, juillet 2019

 

Kenny Wayne Shepherd – The Traveler

Kenny Wayne Shepherd BandEn 1995, Kenny Wayne Shepherd débarque à l’âge de 18 ans sur la scène Rock  avec Ledbetter Heights, qui lui confère instantanément le statut de prodige de la 6 cordes. 25 ans plus tard revoilà celui que l’on compare, souvent à tort, à feu Stevie Ray Vaughan, avec un nouvel album de 10 titres: The traveller. Dans la droite ligne du précédent Lay it on Down sorti deux ans auparavant et dès les premières mesures de ″Woman Like You″ la couleur est annoncée. Guitare énergique, puissance avérée et feeling enjôleur sont au rendez vous pour un rock aux accents sudistes au sein duquel les cuivres ont la part belle. Avec ses 8 compos et ses 2 reprises (dont l’éblouissant Turn To Stone de Joe Walsh) ce nouvel opus ne se cantonne pourtant pas à un Blues Rock couillu. Comme à son habitude, le guitariste refuse de laisser enfermer dans un seul genre et explore donc le Blues dans lequel il excelle mais aussi la Soul, la Country, l’Américana et même la Pop classieuse. Kenny Wayne Shepherd, toujours très inspiré, nous offre un album bien produit dont la solidité doit beaucoup aux excellent musiciens qui l’accompagne (dont Chris Layton aux drums et Noah Hunt au chant). The Traveler reste un hymne à la guitare de la part de l’une des plus fine gâchettes du Blues moderne qui prend le risque d’amener sa Stratocaster là où d’autres refuseraient de s’aventurer.

Patrick BETAILLE, juin 2019

Manu Lanvin – Grand Casino

Manu Lanvin & Devil BluesPendant sa tournée 2017, Manu Lanvin et ses Devil Blues font un break en studio pour y enregistrer quelques reprises. Les trois jours prévus au départ se prolongent au point de donner naissance à un album complet.  Enregistré en mode live du côté de Forges les Eaux, Grand Casino prouve, si besoin en était, que Manu maîtrise son sujet à la perfection. Entre compos originales et reprises, l’album est un véritable kaléidoscope Blues & Roll. Highway to hell d’AC/DC, Satisfaction des Stones et Rock me baby de BB King revisités pour la circonstance débordent d’originalité pêchue. La version de Spoonful écrite par Willie Dixon, enregistrée en 1960 par Howlin’ Wolf et immortalisée par Cream, bénéficie ici de la présence poids lourd de Popa Chubby qui fait partie des invités. Accueillis également sur ce septième album, Beverly Jo Scott, Taj Mahal, et Paul Personne qui contribue au seul titre en français: Je suis le Diable. Si Blues Booze & Rock’n’Roll sorti en 2016 était l’album de la maturité, Grand Casino le confirme en ajoutant éloquence, énergie et plaisir, le tout diablement bien asséné par le power trio de choc: Devil Blues.

Patrick BETAILLE, mars 2019

 

Stray Cats 40 – Cat Fight

Stray Cats le RetourBonne nouvelle! Brian Setzer (guitare, chant)Lee Rocker (contrebasse) et Slim Jim Phantom (batterie) sont de retour. La formation originale du légendaire trio qui, en traversant le désert musical des années 80, avait redonné au Rockabilly ses lettres de noblesse, revient après 26 ans d’absence discographique. 12 nouveaux titres viendront célébrer le 40ème anniversaire de la formation. Cerise sur la banane, une tournée mondiale qui passera par la France est d’ores et déjà planifiée. Avis aux amateurs de Creepers, de Gomina et surtout de zique qui fait sortir les bijoux de famille par les oreilles, les Stray Cats ressortiront leurs griffes lors des concerts prévus entre autres à l’American Tours Festival de Tours le 6 juillet, aux Eurockéennes de Belfort le 7 juillet et au Musilac Festival d’Aix-Les-Bains le 13 juillet! En attendant et pour se mettre dans l’ambiance, un extrait de l’album intitulé ″40″ à paraître en mai: Cat fight!

Patrick BETAILLE, mars 2019

Eric McFadden – AC/DC Acoustic Tribute

Eric McFadden AC/DC acoustic tributeCertes, la parodie de la jaquette du POWERAGE d’AC/DC pourrait donner envie à un cul de jatte de prendre ses jambes à son cou. Surtout pas! Tout est dans le titre. Contre toute attente le maître incontesté du Gipsy Blues se livre à un exercice quelque peu inattendu de sa part. Le guitariste américain nous offre une relecture blues de la puissance de feu du combo australien et il donne à son interprétation acoustique des arpèges, de la slide, du Jazz et même parfois des accents hispanisants. La superposition de sa voix chaude façon Tom Waits à jeun, parfois accompagnée de chœurs féminins, de tambourin, de mandoline ou de violon ajoute du feeling et du sublime à l’intensité de son jeu de guitare. Fallait oser! L’album s’ouvre sur un Hells bells superbement métamorphosé et se termine par un Ride On aux accents gospel. Entre les deux? Rock’n’roll damnation, Girls got rhythm, une sublime version jazzy de Have a drink on me,  et un You shook me all night long en version ballade brumeuse. Et puis il y a Beatin’ around the Bush, It’s a long way to the top, Sin city, Kicked in the teeth et bien sûr un Whole lotta Rosie survitaminé. Ce disque est une gageure incroyable, une  énorme surprise, une bouffée d’air pur et une baffe dans la gueule qui prouve si besoin en était que Eric McFadden est un fabuleux guitariste au mieux de sa forme quand il assène le blue grass déjanté et techniquement époustouflant de Beatin’ around the bush!

Patrick BETAILLE, décembre 2018

Mike Doud – Breakfast in America

Mike Doud Breakfast in AmericaAu départ prévu pour s’intituler Working Title, puis Hello Stranger, le sixième album de Supertramp sort finalement en 1979 sous le nom de Breakfast in America. Malgré des différends personnels et musicaux de plus en plus lourds à gérer, Rick Davies et Roger Hodgson ont quand même trouvé un terrain d’entente quant à la trame du disque: Une critique de l’Amérique et du rêve américain (n’oublions pas qu’ils sont anglais!). C’est dans ce contexte que le designer Mike Doud conçoit avec humour et dérision le magnifique visuel de l’album. La pochette montre une vue de New York depuis le hublot d’un avion. La Statue de la Liberté est remplacée par Kate Murtagh habillée en serveuse rigolarde tenant un menu et un jus d’orange posé sur un plateau. A l’arrière plan, on distingue un Manhattan tout en pots de condiments, piles de tasses, soucoupes, nourriture, carafes, couverts et objets divers. Symboliquement la Grosse Pomme devient alors une vision cartoonesque d’une Amérique consumériste et superficielle. Grâce à des tubes tels que ″Take the long way home, ″Logical song, ″Goodbye strangeret bien sûrBreakfast in America, l’album rencontre dès sa sortie un énorme succès qui fera de lui l’ un des albums les plus vendus au monde.

Patrick BETAILLE, novembre 2018

Le Cover Art Emblématique en Livre: In Vinyle Veritas!

Eric Clapton – Happy Xmas

Clapton X-Mas albumEric Clapton veut être le premier. Le premier sur la ligne d’arrivée de la course annuelle des indispensables déjà dans les bacs sur lesquels vont se ruer les foules à qui l’on aura fait croire que le truc qu’elles viennent de glisser dans leur caddie – entre un paquet de pâtes et une boite d’œufs – est le Graal incontournable. God veut être le premier et c’est probablement la raison pour laquelle le bien nommé Happy Xmas sort en octobre, fourré comme une dinde de reprises louant le 24 décembre et – hosannah! – augmenté d’un inédit: ″For love on Christmas day″ (je traduis?). Depuis From the Cradle en 1994, Eric Patrick Clapton n’a rien fait que des albums dont aujourd’hui tout le monde se fout, des live alimentaires ou pince fesses et des hommages à des gens qui, a un moment donné, l’ont influencé (J.J. Cale, B.B. King, Robert Johnson, etc). Bref! A 73 ans, le guitariste confirme dans la durée un manque flagrant d’inspiration qu’il tente en vain de nous faire oublier en réalisant de ses propres mains burinées l’illustration du packaging de l’objet. Çà sent le sapin et c’est de circonstance puisqu’il s’agit bien là d’un disque de Nowel avec ″Jingle Bells″, ″White Christmas″ et tous les enluminures de circonstance. Dis donc Slowhand? Tu veux pas aller faire un petit tour du côté du Crossroads?

Patrick BETAILLE, octobre 2018