Décès de Mike Henderson

 

C’est bien ce musicien du Missouri – chanteur, auteur et compositeur – qui, en 2001, était aux côtés de Mark Knopfler lors de sa tournée Sailing to Philadelphia. Lui aussi qui a joué sur des albums de Emmylou Harris et John Hiatt, entre autres, et qui a été repris par Les Fabulous Thunderbirds et… Adèle. Lui également qui en 2008 a été à l’origine des SteelDrivers, groupe nominé en 2010 pour un Grammy Award du meilleur album Bluegrass. Lui enfin qui a remporté le fameux Grammy de la meilleure chanson country avec Broken Halos, coécrite avec Chris Stapleton, son ancien coéquipier au sein des SteelDrivers. En 2017 ce titre est devenu le premier tube country numéro un de Stapleton, et le duo a de nouveau atteint le sommet des classements avec l’album Starting Over de Stapleton paru en 2020. La récente disparition de Mike Henderson le 22 septembre à l’âge de 70 ans donnera peut être l’occasion de se pencher sur la discographie [y compris (surtout?) avec les Bluebloods – NDLR] de ce talentueux musicien, amoureux du Chicago Sound des années 50, inspiré par le jeu de slide de Hound Dog Taylor et joueur d’harmonica qu’aurait probablement légitimé Little Walter.

Patrick BETAILLE, septembre 2023

Coco Montoya – Writing on the Wall

 

Un parcours pour le moins atypique que celui de ce musicien californien d’abord recruté comme batteur par Albert Collins qui, dans les années 70, l’initie également à la guitare. Bonne idée car très vite la six cordes n’a plus de secrets pour Coco Montoya. Au point qu’au début de années 80 il est repéré et embauché par John Mayall au sein des Bluesbreakers, formation qui au fil des époques a servi de tremplin à des pointures guitaristiques comme Eric Clapton, Peter Green, Mick taylor, Harvey Mandel, Walter Trout et j’en passe. Venu remplacer Mick Taylor sur le point de rejoindre les Stones, Montoya jouera aux côtés du parrain du blues jusqu’en 1994. L’année suivante il se lance dans une carrière solo et sort un premier album prometteur: Gotta Mind to Travel. Dix albums plus tard et après quatre ans d’absence discographique, inutile de vous dire que le virtuose de la strat était attendu au tournant, lui et son nouvel opus, le sixième sur le légendaire label Alligator Records. Writing On The Wall tient ses promesses et le guitariste-chanteur nous offre un de ces moments de grâce qui allient émotion et sensibilité. Le Coco pourrait en faire des caisses, genre écoutez comme je joue vite, bien et fort – il en a les moyens – mais il préfère user de ses capacités pour nous captiver avec un toucher de manche éblouissant et une interprétation exceptionnelle. Enregistré live avec les musiciens qui l’accompagnent sur scène, ce nouvel album de blues mais pas que est un grand moment classieux, poignant et mid-tempo au cours duquel le bluesman est éblouissant tout au long des 13 plages. Un vrai bonheur!

Patrick BETAILLE, septembre 2023

Don Wilson – The London Howlin’ Wolf Sessions

Fillmore Auditorium. Après un concert réunissant The Paul Butterfield Blues Band, Electric Flag et Cream, Norman Dayron – alors producteur chez Chess Records – propose à Mike Bloomfield et Eric Clapton d’organiser une session d’enregistrements avec Chester Burnett, alias Howlin’ Wolf. Clapton, séduit par une telle opportunité, se charge de coordonner l’événement en Angleterre et convainc Ian Stewart, Bill Wyman, et Charlie Watts d’adhérer au projet (Steve Winwood participera aux overdubs). Entre le 2 et le 7 mai 1970, tout ce beau monde se retrouve à l’Olympic Studio de Londres et y enregistre un régal incontestable pour tout amateur de blues : The London Howlin’ Wolf Sessions, publié en août 1971. Aussi brillant que le contenu, le contenant est dessiné par l’artiste Don Wilson, celui là même qui en 1961 illustra le Fathers and Sons de Muddy Waters en s’inspirant de La Création d’Adam de Michel-Ange.

Patrick BETAILLE, janvier 2013

Les histoires et la censure des pochettes de disques sont à retrouver Ici

Buddy Guy – The Blues Don’t Lie

 

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a le sourire l’ami Buddy. En poche 4 Grammy Awards, 6 Blues Awards, 1 Billboard Century Awards obtenu en 1993 et le prix du Coup de cœur Blues décerné par l’Académie Charles-Cros en 2018. Un tel succès ne pouvait que laisser présager le meilleur pour ce récent album qui, 4 ans après The Blues is Still Alive and Well, concrétise le retour en studio du dernier blues giant. Ce témoignage arrive à point nommé,  65 ans après que Buddy arrive à Chicago dans un train en provenance de Baton Rouge avec juste quelques fringues et… sa guitare. Avec The Blues don’t Lie, l’âge aidant, le guitariste s’est assagit et joue la carte du calme et de la sérénité. Mais attention: sa guitare est toujours aussi propre, aérienne et musclée. Certains trouveront peut-être l’ensemble trop détendu, trop propre, voir même trop lissé. À ceux là je dis tout de go: ″ne venez pas piétiner ma zone de confort et allez voir du côté de Bigflo et Oli si j’y suis″. Cet album est avant tout, nostalgique, émouvant et sombre mais quand la stratocaster entre en scène, la fougue et l’énergie est au rendez-vous d’un genre dans lequel le guitariste excelle: transmettre avec subtilité et émotion ce qu’il ne peut traduire par les mots. Les ambiances sont variées. Invitée, l’icône du gospel Mavis Staples offre sa voix incomparable à We go back. James Taylor collabore harmonieusement à Follow the Money et Elvis Costello donne le ton sur ​​Symptoms of Love, un boogie lent aux accents ZZTopiens. De la partie également: Bobby Rush sur What’s Wrong with That, Jason Isbell sur un Gunsmoke Blues funky et Wenty Motten qui y va de ses vocalises sur House party. ″Je leur ai promis à tous – BB, Muddy, Sonny Boy! Tant que je serai là, je maintiendrai le blues en vie » disait Buddy Guy. Il tient sa promesse, une fois de plus, et The Blues Don’t Lie le prouve. À 86 ans et pour un trente-quatrième album c’est une putain de belle perf!

Patrick BETAILLE, octobre 2022

 

 

 

The Wacky Jugs – Wired, wild and wicked

C’est clair! le Concours de l’Eurovision je m’en tape comme de ma première tétine. Que les bretons représentant la France évitent de peu la dernière place, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Par contre, que l’Ukraine remporte haut la main la compétition ça me met dans une rogne égale à celle d’un pitbull après 2 semaines de régime végétarien. Sans déconner! On parle culture ou on parle politique? Faut il que Vladimir envahisse le Bignouland pour que les chapeaux tournent rond ou que Poutine aille se faire casser la gueule par les bonnets rouge pour que le Morbihan soit célébré? 

Ça ne vas pas faire bondir les adeptes de la soupe médiatique ni interpeler la beaufitude franchouillarde mais, avec un peu de chance, la nouvelle risque de combler les dénicheurs de talents. Car là, on parle de musique, de blues et de reconnaissance qui va bien. Ne me remerciez pas, je ne suis pas payé pour ça! De plus, sans Gaël – résistant rock planqué au fond d’un canapé à Lanester – je serai moi-même-myself passé à côté de cette putain de bonne nouvelle.

La Bretagne se souviendra sans doute longtemps de cette nuit du lundi 9 au mardi 10 mai 2022, quand le jury de l’International Blues Challenge a annoncé le nom du vainqueur : The Wacky Jugs ! Historique! Pour la première fois, un groupe français remporte le premier prix de la catégorie reine de ce prestigieux concours. Les Pontivyens (NDLR: ceux de Pontivy 56300) sont montés sur la première marche du podium, devant 250 participants venus du monde entier. Source et infos: Pontivy Journal.

Il est donc temps de découvrir Wired, wild and wicked. Sorti fin 2020 voici un album intéressant à plus d’un titre. C’est d’abord un hommage au blues des origines pratiqué par des amateurs qui s’exprimaient avec ce qu’ils avaient sous la main, à savoir des instruments classiques (banjo, guitare, violon, accordéon, harmonica…) pour les plus fortunés, ou bricolés (pichet, planche à laver, bassine, cuillères…) pour les autres. C’est aussi un voyage rythmé par le shuffle de Chicago, le Jive made in New Orleans ou le Zydeco de Louisiane. C’est enfin un ensemble de 10 titres jouissifs qui soufflent un véritable vent de fraicheur, au risque risque de surprendre les amateurs du genre et convertir les plus sceptiques. The Wacky Jugs (NDLR: Les pichets farfelus) sont effectivement Wired, wild and wicked (NDLR: câblés, sauvages et méchants) mais ils sont surtout étonnants, détonants et brillants. Vous savez ce qu’il vous reste à faire! Moi c’est fait et fuck l’Eurovision! Allez, je file, y’a un pitbull qui me mate bizarrement.  Kenavo!

Mississippi Heat – Madeleine

Allez, disons le comme ça: Mississippi Heat est avant tout un groupe mais c’est aussi et surtout  un collectif de musiciens dont les racines puisent très profond dans les terres du Blues. Formé en 1991 et actuellement dirigé par l’harmoniciste et compositeur Pierre Lacocque, l’ensemble vit par et pour un genre traditionnel qu’il s’attache à promouvoir lors de concerts un peu partout dans le monde et, bien sûr, en studio. Avec à son actif une douzaine d’enregistrements le combo à géométrie variable perpétue la mémoire des Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Jimmy Reed, Little Walter et autre Sonny Boy Williamson. Madeleine, treizième album en date enregistré à Chicago et mixé à Memphis vient de sortir, pour le plus grand bonheur des amateurs de bonnes vibrations. Guitares accrocheuses, cuivres percutants, support rythmique – claviers compris – impeccable, chœurs et chants brillants, aucun doute, c’est bien de blues dont il s’agit, et pas n’importe lequel, celui de Chicago. Et puis il y cet harmonica, viscéral, imparable, celui de Pierre Lacocque dont le talent mondialement apprécié et reconnu saura convaincre les plus sceptiques. Madeleine n’est pas un disque passéiste. Il est actuel, inventif même, et méchamment efficace pour perpétuer la mémoire de la musique qui s’écoute avec le cœur. Indispensable!

Patrick BETAILLE, avril 2022

 

Gov’t Mule – Heavy Load Blues

On le sait. Warren Haynes a toujours eu le blues, et ce, même si le genre n’a pas forcément occupé une place systématiquement privilégiée au sein des différentes productions et prestations de ce virtuose de la six cordes. Mais là c’est une première! Oui, c’est le premier véritable album entièrement consacré au blues que sort Gov’t Mule! Un disque live en studio, enregistré à l’ancienne avec du bon vieux matos d’époque et sur bandes analogiques. Le résultat possède ce son authentique avec lequel la voix et le jeu magistral de Warren font des merveilles. Des originaux bien sûr, mais aussi des reprises de Howlin’ Wolf, Elmore James ou Tom Waits qui offrent une émotion et une classe à nulles autres pareilles. 13 titres joués par des vieux briscards à qui on ne la fait plus depuis longtemps. Que ce soit en mode blues rock ou dans des ambiances plus roots, Matt Abts (batterie), Jorgen Carlson (basse) et Danny Louis (claviers) sont au diapason sur ces 75 minutes jouissives qu’offre Heavy Load Blues. Allez! Un bon single malt, bien calé au fond du canapé, les pieds sur la table, prêt pour un moment de pur plaisir immédiat.

Patrick BETAILLE, novembre 2021

Le lundi c’est permis – Roots

La musique est un arbre, raconte Salif Keita. Les racines sont la musique africaine traditionnelle, le blues. Le jazz c’est le tronc et les branches. Le rock, la soul, le reggae, le funk et toutes les autres musiques ce sont les fruits.

Music is a tree, says Salif Keita. The roots are traditional African music, blues. Jazz is the trunk and the branches. Rock, soul, reggae, funk and all other music are the fruits.

Patrick BETAILLE, novembre 2021

Le Blues français perd Patrick Verbeke!

C’est sûr! La nouvelle va faire moins de bruit qu’un changement de lunettes chez Maitre Gimms mais la famille du blues français – celle des Benoit Blue Boy, Bill Deraime, Paul Personne, Jean-Jacques Milteau ou Fred Chapellier – perd l’un de ses pionniers, l’un de ses piliers. À 72 ans, Patrick Verbeke nous a quitté le 22 août. Après l’avoir tant aimé, chanté et joué, aujourd’hui Patrick, tu nous le files, le blues! 

Patrick BETAILLE, août 2021

Le lundi c’est permis – Bottleneck

I stone got crazy when I saw somebody run down them strings with a bottleneck. My eyes lit up like a Christmas tree and I said that I had to learn″  –  ″Je suis devenu dingue quand j’ai vu quelqu’un faire glisser un bottleneck sur les cordes. Mes yeux se sont illuminés comme un sapin de Noël. Je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne″. [Muddy waters]

Patrick BETAILLE, août 2021