The Kingsmen – Louie, Louie

 

En 1956, Richard Berry entend un groupe interpréter El Loco Cha Cha Cha dans un club californien. Il pompe l’intro faite au piano et y rajoute des paroles sans queue ni tête sensées raconter l’histoire d’un marin qui explique à un barman prénommé Louie qu’il veut à tout prix rejoindre sa fiancée en Jamaïque. L’histoire aurait pu s’arrêter sur un petit succès d’estime si un groupe de l’Oregon qui vivotait de sa musique n’avait pas décidé de s’approprier la chanson et d’en faire sa marque de fabrique. Généralement, lors de leurs concerts The Kingsmen avaient en effet pour habitude de s’étendre joyeusement sur le titre en le faisant tourner parfois pendant plus d’une demi-heure. Un beau jour, impressionné par l’effet produit sur le public de son club, le taulier suggère au groupe d’entrer en studio. La formation décide alors de casser sa tirelire et Louie, Louie sort en mars 1963 sur un petit label local. Ironie du sort, un DJ de Boston déclare à l’antenne que l’enregistrement est ″le plus mauvais disque de toute l’histoire du rock’n’roll ″. Il n’en faut pas plus pour éveiller la curiosité des auditeurs et, contre toute attente, le morceau devient un hit, décroche une distribution nationale et pointe à la deuxième place du hit parade en décembre 1963. Et pourquoi pas la première? Tout simplement parce que Sœur Sourire squatte le top du Billboard Hot100 pendant quatre semaines avec sa chanson Dominique… nique… nique. Véridique!

Tout aurait été pour le mieux si ce succès aussi inattendu que n’avait donné envie à certains de se pencher sur les paroles. À l’origine, Richard Berry s’inspire du Havana Moon d’un autre Berry – Chuck – avec la même histoire de marin nostalgique  transposée de Cuba à la Jamaïque. ″ Louie, Louie! Je dois y aller, une belle fille m’attend. Je dois prendre le bateau et partir tout seul. Ce bateau j’en rêve, je pense à elle constamment, je peux sentir un parfum de rose dans ses cheveux. J’imagine la lune au-dessus de la Jamaïque…″ Quand il en fait la reprise avec ses Kingsmen, Jack Ely, le chanteur, ne comprend rien aux paroles. Sur certains passages il se contente d’ânonner les paroles, laissant penser qu’il s’agit d’obscénités: … ″ Je pense à elle tout le temps, je m’allonge sur mon lit et je me masturbe. J’imagine mon sexe dans ses cheveux, et que je la baise à fond. Hey ma belle je suis sexy comme l’enfer alors prend le maintenant! Y’en a pas pour longtemps…″. Plusieurs radios censurent le disque et le gouverneur de l’Indiana envoie Jack Ely devant les tribunaux au motif d’énoncé à caractère pornographique. Ely se justifie en déclarant qu’au moment de l’enregistrement il chantait loin du micro, raison pour laquelle ses propos sont déformés et donc mal compris. Le FBI lance alors une enquête approfondie, faisant même appel à des techniciens qui passent des jours à décortiquer la chanson en l’écoutant à plusieurs vitesses. Finalement, rien de répréhensible n’est identifié et un rapport de plus de 100 pages révèle que la confusion relève du fait qu’un étudiant avait fait une adaptation triviale du texte et l’avait largement diffusé au sein de sa communauté, créant ainsi et avant l’heure, le buzz sur un fake viral.

Un peu ça, un peu le reste, Louie, Louie est devenu un hit cultissime, identifié par certains comme l’acte fondateur du  garage rock. d’Otis Redding aux Kinks en passant par Patti Smith, David Bowie, Frank Zappa, The Clash, Iggy Pop, MC5, Motörhead, etc., pas loin de 1200 versions sont officiellement recensées. Comme le disait Dave Marsh (journaliste, auteur et critique musical: Creem, Rolling Stone, etc,.) ″ Louie, Louie a façonné l’univers entier du rock’n’roll. Niez le et vous serez aussi ridicules que vos ancêtres qui riaient de la théorie sur l’évolution des espèces ″.

En 1957 Richard Berry cède les droits d’auteurs de sept de ses compostions – dont Louie, Louie – pour seulement 750 dollars afin de financer son mariage. En 1985, il entame une action en justice pour récupérer une partie des royalties et finira par obtenir à peu près 2 millions de dollars sur les 10 millions rapportés par sa romance.

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Patrick BETAILLE, mars 2023

Metallica – Ça Presse!

 

Les chiffres publiés en 2019 attestaient d’une augmentation vertigineuse des ventes de vinyles avec une progression de 70 % sur les cinq exercices précédents. Depuis, cet engouement pour la galette noire et la demande qui en découle, l’industrie du vinyle souffre de retards conséquents de fabrication et de difficultés au niveau de la chaîne d’approvisionnement, conséquence des crises sanitaires et énergétiques successives. Situation difficile pour les artistes en général mais surtout pour les petits labels qui n’ont pas les moyens de se positionner sur un marché asphyxié par des demande. Il faut ainsi se souvenir qu’en 2021 Adele et sa maison de disques Sony ont causé une pénurie mondiale dans les usines de pressages de vinyles en anticipant une demande estimée à hauteur de 500 000 exemplaires pour l’album 30.

Visionnaire jack White? On peut le penser. Déjà en 2001, l’artiste avait lancé son nouveau label en y associant sa propre usine de pressage, Third Man Records. Il déclarait à l’époque: ″ La prochaine décennie sera celle du vinyle et du streaming; du streaming en voiture et dans la cuisine, du vinyle dans le salon. Voilà comment sera écoutée la musique… Le vinyle est gravé dans la pierre. S’il a survécu pendant 120 ans je crois qu’il n’a pas fini de tourner sur les platines…″. 

Au tour de Metallica de s’intéresser de près à la démarche. Ayant travaillé avec Furnace Record Pressing depuis 2014, la formation de heavy metal vient d’acquérir une participation majoritaire dans cette entreprise qui a déjà produit plus de cinq millions d’exemplaires de sa production musicale. Alors que l’achat de l’usine offrira la capacité évidente de presser plus de vinyles de sa propre musique,  Metallica a aussi l’intention de prêter main forte à d’autres maisons de disques et d’autres artistes pour leurs sorties de vinyles. Et James Hetfield de déclarer: ″ Furnace a été formidable pour Metallica et, plus important encore, pour nos fans. Cette relation approfondie entre Metallica et Furnace garantit qu’à l’avenir les fans de vinyle du monde entier auront un accès continu à des disques de haute qualité  ″.  Kill ‘Em All!

Patrick BETAILLE, mars 2023

The Answer – Sundowners

Certains groupes font tellement d’efforts pour paraître authentiques en surfant sur la vague du revival, qu’à force, ils ne deviennent que des caricatures d’eux-mêmes – suivez mon regard! Au mieux, et pour un temps seulement, ils parviennent à donner l’illusion d’être les porte-paroles d’un courant que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître: le rock bien trempé des seventies. Ces efforts, d’autres par contre n’ont pas à les faire tant ils ont naturellement capté l’essentiel des influences qui coulent dans leurs veines et la façon de les exprimer sans faire semblant. Sans conteste, The Answer appartient à cette dernière catégorie. En 2006 le quatuor irlandais avaient annoncé la couleur avec Rise, un galop d’essai au cœur duquel bouillaient des audaces assumées que certains pisse-vinaigres se sont empressés de qualifier de plagiat. La belle affaire! S’agissant de led Zep, Aerosmith, AC/DC ou Black Crowes, qui s’en plaindrait dès l’instant qu’ un amour profond et sincère du genre opère et que la sincérité valide la démarche. Beaucoup d’auditeurs y ont trouvé leur compte et ont offert un succès mérité à ce premier opus. L’engouement se confirme en 2010 avec la parution de Everyday Demons qui permet à Cormac Neeson et sa bande d’assurer la première partie de la tournée Black Ice d’AC/DC. Sur les quatre albums suivants la même recette est appliquée, certes parfois avec une baisse d’inspiration créative qui globalement ne nuit pourtant pas à la cohérence de l’ensemble de la production. Depuis 2016 et un Solas honnête mais dispensable The Answer brillaient par leur silence discographique. Sept années d’éclipse partielle pour une prise de recul probablement nécessaire à un retour aux fondamentaux. Résultat, toujours le même line up et un septième album studio qui vient remettre les pendules à l’heure. Les onze titres de Sundowners devraient ravir les fans de blues rock rétro, de rythmes hypnotiques, de riffs tonitruants et de fuzz. Avec entre autres Get on Back, Blood Brother, Livin’ on the Line et bien sûr la composition qui offre son titre à l’album, nos irlandais du nord raniment la flamme et confirment, si besoin en était, un brillant savoir-faire.

Patrick BETAILLE, mars 2023

Them – Gloria

 

Les Them, ce sont eux, un groupe rock de Belfast. En octobre 1964, le quintet enregistre son deuxième single, avec en Face A une reprise d’un standard de blues à mettre au crédit de Big Joe Williams: Baby Please Don’t Go , une tuerie! Sur la Face B, une composition du chanteur Van Morrison. Au départ peu diffusée en Angleterre, Gloria trouve en mars 1965 un écho très favorable aux Etats-Unis, parmi un public déjà friand de garage rock. Au point que sur la réédition d’avril 1966, Gloria est promue en face A. Particulièrement connue pour son rythme syncopé et son refrain énumérant une à une les lettres du prénom Gloria, celui de la nièce de Van alors âgée de 13 ans. Pour le texte, c’est une autre histoire, sans rapport aucun avec l’adolescente en question, surtout s’agissant de digressions d’origines diverses. Deux minutes et demie sans ambiguïté qui, sur scène, faisaient souvent l’objet d’une jam à rallonge avec force détails on ne peut plus explicites. Quiconque avait un doute quant au sens des paroles comprenait alors ce qu’il se passait quand une groupie allait à la rencontre d’une rock star. ″Elle arrive chez moi, monte les escaliers et frappe à ma porte. Allez viens! La voici dans ma chambre. Comment t’appelles tu? Quel est ton nom? Quel âge as-tu? Tu vas à l’école? Ton père est au travail, ta maman est sortie faire du shopping. Montre toi, enroule tes jambes autour de mon cou, tes bras autour de mes pieds, tes cheveux sur ma peau. Vas y doucement, c’est bon, je suis bien. Oh oui! Ça va trop vite, c’est de plus en plus difficile. Allez, continue, rends moi heureux! C’est trop tard, trop tard, je ne peux pas me retenir… G-L-O-R-I-A (dʒi-ɛl-o-ar-aɪ-eɪ)Rhââ lovely! comme disait Gotlib! Devenu immensément populaire, le titre n’a pas pour autant fait de Van Morrison un homme riche. En réalité, pas du tout au fait des arcanes de l’industrie musicale et ne s’intéressant pas à la gestion de ses propres intérêts, Morrison aurait perdu au moins 250 000 $, une énorme somme compte tenu de l’époque. Depuis plus de 60 ans, le nombre d’artistes ou de groupes ayant repris cet hymne à l’amour, en concert ou en studio, est tout bonnement incalculable. Parmi mes interprétations préférées: celle au texte modifié de Patti Smith sur l’album Horses de 1975, comprenant en introduction un extrait de l’un de ses poèmes: ″Jesus died for somebody’s sins but not mine…″ (Jésus est mort pour les péchés de quelqu’un mais pas les miens…), les versions en public des Doors et de Eddie & The Hot Rods. Enfin et surtout la version de Popa Chubby en 2001, chantée par sa femme Galea, disponible sur l’album Flashed Back et en version live sur l’excellent Popa Chubby Live At FIP paru en 2003. 

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Patrick BETAILLE, mars 2023

 

St Patrick – Musique!

Le 17 mars il convient de célébrer comme il se doit l’événement le plus rock’n’roll de la chrétienté. Évangélisateur de la verte Erin et fauteur de trouble par excellence, St Patrick vous accueille avec Shane McGowan. Le ″Lord of the drinks″ n’a pas son pareil pour vanter les vertus de la Murphy’s et de la Guiness qui sont à l’honneur et servies à température ambiante. Sur fond de ″Dirty Old Town″, un blend de chez Jameson – apte à cohabiter avec The Boomtown Rats et Stiff Little Fingersest lui aussi de circonstance. La température monte. Thin Lizzy et son Whiskey in the Jar annoncent le Black Bushmills tout droit sorti de la plus vieille distillerie du monde. À table maintenant! Seeafood Chowder servi en entrée par The Corrs qui s’éclipsent quand Gary Moore déboule avec le plat de résistance: Irish Stew à la Guinness accompagné d’un Côte de Beaune [St Patrick a séjourné en France!]. La fougue de The Answer et de The Strypes couvre à peine les ″Miam, Scroch et autres Slurp. Au dessert, les Dubliners enchantent l’Apple crumble cake alors que vient enfin le temps du café et du digestif: Irish Coffee! Le deux en un est servi par Rory Gallagher et c’est la ″Tatoo’d lady qui met un terme à cet Irish Tour commémoratif. Erin Go Bragh! Suivez le guide en musique: St Patrick Rocks!

Patrick BETAILLE, mars 2023

Steppenwolf – Born to be Wild

 

Vers le milieu des années 60, John Kay chante au sein de The Sparrow, un groupe de blues-rock canadien managé par Stanton J. Freeman. Proposition est faite aux musiciens de se produire aux Etats-Unis. En 1967, Kay, Nick St. Nicholas le bassiste et le batteur Jerry Edmonton quittent la formation et partent pour San Francisco où ils fondent Steppenwolf. L’aventure peut commencer. Très vite, en janvier 1968, sort le premier album éponyme qui contient déjà des titres qui deviendront la meilleure des signatures musicales du moment: Sookie Sookie, The Pusher et surtout Born to be Wild. Ce dernier a été écrit par le guitariste Dennis Edmonton (le frère de Jerry) sous le nom de Mars Bonfire. Expliquant comment lui est venue l’idée, Bonfire raconte: ″ Je venais d’acheter ma première voiture et un jour que je me promenais sur Hollywood Boulevard, j’ai vu une affiche sur laquelle le slogan ″Born to Ride″ était illustré par une moto jaillissant de terre dans un torrent de lave. L’idée de la moto et de la liberté associée à la joie de posséder ma propre bagnole a alors fait son chemin ″. Le texte est aujourd’hui considéré comme étant à l’origine de l’appellation ″Heavy Metal″. En effet, le troisième couplet de la chanson parle de tonnerre métallique: ″Démarrer le moteur, partir sur la route en quête d’aventure, à la découverte des grands espaces… J’aime la fumée, le feu et le grondement dense du métal… Nous sommes des enfants de la terre, nés pour être libres et nous pouvons aller si loin. Jamais je ne voudrais mourir, je suis né pour être libre ″. À l’époque, Denis Hopper est en train de monter son film Easy Rider. Il souhaite que Crosby, Stills & Nash enregistrent la BO mais il y a un désaccord profond car – dixit le réalisateur – ces mecs qui roulent en limousine sont incapables de comprendre l’essence même de mon road movie. C’est là la raison pour laquelle la musique du film devient un assemblage composé par différents artistes. Une seule chanson est écrite spécialement pour la circonstance: Ballad of Easy Rider de Roger McGuinn. Belle opportunité pour Steppenwolf qui se retrouve un peu par hasard aux côtés de Jimi Hendrix, Electric Prunes, Roger McGuinn, The Byrds et Smith avec deux titres: The Pusher et le désormais incontournable Born to be Wild qui parait en juin 1968. C’est le troisième single du groupe mais c’est aussi celui qui obtient le plus grand succès – atteignant la deuxième place du Billboard Hot 100 américain – et se retrouve à la 129 ème place des 500 plus grandes chansons de tous les temps référencées par Rolling Stone Magazine. L’engouement du public pour ce titre prend d’énormes proportions après la sortie et le succès phénoménal en salle de Easy Rider. Devenu un véritable hymne à la gloire de la moto et le symbole de la contre-culture biker, Né Pour Être Libre se retrouve à l’honneur dans beaucoup de séries TV, de publicités, de films et fait l’objet d’un nombre impressionnant de reprises: Wilson Pickett, Blue Oyster Cult, Status Quo, The Cult, U2, Krokus, Ozzy Osbourne, Joe Lynn Turner, Slayer, etc. Même Kim Wilde!

Le groupe de glam rock britannique Slade en a fait également une reprise avec laquelle il clôturait tous ses concerts. Pour preuve l’étonnamment fougueux Slade Alive! paru en 1972.

En 2004, Paris Hilton demande l’autorisation d’utiliser la chanson dans le cadre de son émission de télé-réalité: The Simple Life. Refus catégorique de la part de John Kay: ″ Même un rocker ne s’abaisserait jamais à accepter pareille chose! ″. C’est dit et bien dit. Faut quand même pas déconner hein?!

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Patrick BETAILLE, mars 2023

Prince – The Black Album

 

Le disque enregistré par le Kid de Mineapolis en 1987 devait initialement s’intituler The Funk Bible. Puis, souhaitant être jugé et apprécié uniquement pour la qualité de sa musique, Prince décide sortir l’album de façon totalement anonyme. Pas de nom, sans titre ni crédit et emballé dans une pochette noire. Son intention est éventée au moment de la sortie. Prince exige alors de sa maison de disques que les 500 000 exemplaires du Black Album déjà diffusés fassent l’objet d’un rappel pour être détruits. Quelques galettes échapperont au pilon et valent aujourd’hui une petite fortune. En 2018, l’une d’elles s’est vendue 27 500 dollars. Quant à la version officielle, elle a été publiée le 22 novembre 1994.

Censure et autres anecdotes sur les pochettes de disques à retrouver dans le livre:

IN VINYLE VERITAS – ÉLOQUENCE ET DÉSAVEU DU COVER ART

Patrick BETAILLE, mars 2023

Épilogue Lynyrd Skynyrd – Décès de Gary Rossington

 

Dans les années 60, ce pt’it gars de Floride rêve de devenir une rock star. Lui et son ami d’enfance, Bob Burns, partagent la même passion mais monter un groupe pose problème: tous deux jouent de la batterie. Gary Rossington décide alors de se tourner vers la guitare. Il lui faut bosser dur pour se payer l’instrument de ses rêves et plus dur encore pour apprendre à le maitriser. Par chance, sa sœur Carol fréquente Lloyd Phillips, lead guitariste d’un groupe de Jacksonville, qui lui apprend à maîtriser les bases de la 6 cordes. En 1965, Rossington et Burns rencontrent Allen Collins et Ronnie VanZant; ensemble ils posent les bases de ce qui un peu plus tard deviendra Lynyrd Skynyrd. De nombreuses prestations dans des bars, des clubs et lors de fêtes diverses deviennent le quotidien de ce combo qui, au seuil des seventies, parvient à devenir aussi populaire que les Allman Brothers. Les gars sont évidemment moins bons techniciens que leurs concurrents de Macon en Georgie, mais leur musique est plus roots, plus énergique et moins intellectuelle. C’est ce qui plait au public et qui fait que peu à peu  le combo deviendra la porte drapeau du southern rock grâce à deux albums ( Pronounced ‘lĕh-‘nérd ‘skin-‘nérd en 1973 et Second Helping en 1974) et d’innombrables tournées. En 1977 au cours de l’un d’elles, l’avion transportant les membres du groupe à destination de Bâton Rouge s’écrase dans les marais du Mississippi. Ronnie VanZant chanteur, Steve Gaines, guitariste et sa sœur Cassie, choriste, perdent la vie. Les autres membres du groupe s’en sortent miraculeusement mais sérieusement blessés. Gary  Rossington est littéralement broyé. Il a le bassin, les côtes, les deux bras, les poignets, les pieds et les deux jambes fracturés. C’est la mort annoncée de cette ″ Guitar Army ″ alors en pleine gloire. Après des années de soins, le guitariste se joint à Allen Collins, Billy Powell et Leon Wilkeson, tous rescapés du crash aérien. Le Rossington Colins Band enregistre deux disques honnêtes avant de se séparer. Après une autre tentative plus FM et moins fructueuse avec la chanteuse Dale Krantz (Rossington Band), le guitariste prend les rênes de la reformation de Lynyrd Skynyrd en 1987. Nous sommes toujours debout, on continue à faire de la musique. Nous voulons rendre hommage à ceux qui ne sont plus avec nous et entretenir la légende du nom ″ disait-il. Gary Rossington, dernier membre fondateur de Lynyrd Skynyrd – qui devait entamer une tournée en juillet – est mort dimanche 5 mars à l’âge de 71 ans. Que reste t-il? Des titres mythiques d’abord. Gimme Three Steps, Simple man, Gimme Back my Bullets et bien sûr Sweet Home Alabama ou Free Bird et son furieux solo (Allen Collins) de cinq minutes. Quelques groupes aussi. Blackberry Smoke, Drive-by Truckers ou Derek Trucks Band qui à leur manière et sans forcément le revendiquer entretiennent le terreau du rock sudiste. Et enfin, pour les passionnés: ROCK SUDISTE, When The South Rose Again. Un excellent bouquin (ed. Le Mot et le Reste) dans lequel Arnaud Choutet offre une énorme somme d’informations sur le contexte dans lequel est né ce courant du rock des 70’s.

Patrick BETAILLE, mars 2023

 

Norman Greenbaum – Spirit in the Sky

 

Après quelques tentatives musicales peu convaincantes avec son groupe Dr. West’s Medicine Show & Jugband, Norman Greenbaum quitte son Massasuchetts natal et part s’installer à Los Angeles où il fait la rencontre d’ Erik Jacobsen, alors producteur à succès des Lovin’ Spoonful. En voyant à la télé un chanteur de country interpréter un gospel, et, inspiré par un riff très marqué par le Refried Boogie de Canned Heat, l’artiste de confession juive décide de composer une chanson à connotation religieuse: Spirit in the Sky. De la vie après la mort il est question. De Dieu également, mais, en terme d’accroche commerciale, Greenbaum préfère évoquer Jésus plutôt que Jehova. ″Jésus est mon ami. Au plus haut des cieux. À ma mort c’est là que j’irai. Prépare toi, quand tu mourras, il te conduira vers le plus beau des endroits…″. À la grande surprise de Norman et de la maison de disques, le single publié en 1969 connaît un énorme succès international et se retrouve en tête des ventes dans de nombreux pays. Du haut des cieux, les royalties pleuvent mais Norman Greenbaum décide de se retirer. Il s’achète un ranch, se lance dans l’élevage de vaches laitières rapidement mis à mal par un divorce financièrement douloureux. Devenu un temps modeste éleveur de chèvres, le musicien refait une réapparition dans les années 80, en tant que promoteur de concerts cette fois. Quant à Spirit in the Sky, interprétée à l’identique en 1986 par Doctor and the Medics elle caracolera un temps en tête des charts britanniques. Le titre fera aussi partie de la BO de Apollo 13, le film réalisé par Ron Howard en 1995. Que la paix soit avec vous, et avec votre esprit. Amen!

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Patrick BETAILLE, mars 2023

Wayne Shorter – Le Dernier Souffle

 

Il a joué avec les plus grands, y compris en quintet avec Miles Davis, et excellait aussi bien au saxophone soprano qu’au ténor. Wayne Shorter était l’une des dernières légendes vivantes du jazz, un genre musical qu’il avait embrassé dès les années 50, en tant que clarinettiste. Explorateur de sons, le musicien américain est aussi à l’origine de Weather Report, un groupe de jazz fusion formé en 1970 avec le claviériste autrichien Joe Zawinul. Au cours de près de huit décennies de production discographique, musique électronique, easy listening, folk ou pop, pas un seul domaine musical ne lui aura échappé. Des artistes proches du jazz comme Carlos Santana, Joni Mitchell, Steely Dan et Don Henley ont ainsi bénéficié de sa signature. Même les Stones ont fait appel à son talent. En tant que vrai passionné de jazz, Charlie Watts avait amené le saxophoniste a s’exprimer sur How Can I Stop, une ballade gospel de Keith Richard qui figure sur l’album Bridges of Babylon en 1997. Wayne Shorter est mort jeudi 2 mars à l’âge de 89 ans.

Patrick BETAILLE, mars 2023