Koritni – Long Overdue

 

Long Overdue [NDLR: Traduire par Long Retard ou En retard depuis Longtemps], c’est le moins que l’on puisse dire. Depuis Rolling en 2018, les hard rockers australiens brillaient leur silence. Discographiquement parlant du moins, car sur scène Koritni étaient à l’affiche du Hellfest 2019. Depuis, de profonds changements ont eu lieu au sein de la formation (ceci expliquant cela?). Le batteur Chris Brown, le bassiste Matt Hunter, les guitaristes Eddy Santacreu et Luke Cuerden ne sont plus là mais pour l’heure, la formation est toujours dirigée de main de maître par un Lex Koritni au mieux de sa forme au chant, entouré de Tom Frémont – désormais seul guitariste – et de Daniel Fasano aux drums. Fondamentalement, rien ne change au cœur de la lointaine OZ; les couchers de soleil embrasent toujours Ayers Rock et les ingrédients avec lesquels Koritni s’est bâti une réputation méritée sont toujours d’actualité. Rythmiques efficientes, riffs incisifs, solos inspirés, et performances vocales de haute tenue – y compris en mode mid tempo – nous rassurent quant à la qualité de ce sixième album studio. Rien à jeter parmi les 12 titres de Long Overdue mixé par Kevin Shirley (Aerosmith, Led Zeppelin) avec Ryan Smith (AC/DC) en postproduction. Gros son donc. Voilà un opus simple, efficace, sentant la sueur et le Sullivans Cove qui ramone velu. Un bon remède à la morosité ambiante. Amateurs de pop nostalgique passez votre chemin!

Patrick BETAILLE, avril 2023

 

 

The Answer – Sundowners

Certains groupes font tellement d’efforts pour paraître authentiques en surfant sur la vague du revival, qu’à force, ils ne deviennent que des caricatures d’eux-mêmes – suivez mon regard! Au mieux, et pour un temps seulement, ils parviennent à donner l’illusion d’être les porte-paroles d’un courant que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître: le rock bien trempé des seventies. Ces efforts, d’autres par contre n’ont pas à les faire tant ils ont naturellement capté l’essentiel des influences qui coulent dans leurs veines et la façon de les exprimer sans faire semblant. Sans conteste, The Answer appartient à cette dernière catégorie. En 2006 le quatuor irlandais avaient annoncé la couleur avec Rise, un galop d’essai au cœur duquel bouillaient des audaces assumées que certains pisse-vinaigres se sont empressés de qualifier de plagiat. La belle affaire! S’agissant de led Zep, Aerosmith, AC/DC ou Black Crowes, qui s’en plaindrait dès l’instant qu’ un amour profond et sincère du genre opère et que la sincérité valide la démarche. Beaucoup d’auditeurs y ont trouvé leur compte et ont offert un succès mérité à ce premier opus. L’engouement se confirme en 2010 avec la parution de Everyday Demons qui permet à Cormac Neeson et sa bande d’assurer la première partie de la tournée Black Ice d’AC/DC. Sur les quatre albums suivants la même recette est appliquée, certes parfois avec une baisse d’inspiration créative qui globalement ne nuit pourtant pas à la cohérence de l’ensemble de la production. Depuis 2016 et un Solas honnête mais dispensable The Answer brillaient par leur silence discographique. Sept années d’éclipse partielle pour une prise de recul probablement nécessaire à un retour aux fondamentaux. Résultat, toujours le même line up et un septième album studio qui vient remettre les pendules à l’heure. Les onze titres de Sundowners devraient ravir les fans de blues rock rétro, de rythmes hypnotiques, de riffs tonitruants et de fuzz. Avec entre autres Get on Back, Blood Brother, Livin’ on the Line et bien sûr la composition qui offre son titre à l’album, nos irlandais du nord raniment la flamme et confirment, si besoin en était, un brillant savoir-faire.

Patrick BETAILLE, mars 2023

Dan McCafferty – Last Testament

C’est Pete Agnew, bassiste de la formation hard rock Nazareth, qui l’a annoncé mardi 8 novembre. Dan McCafferty – le chanteur du groupe écossais depuis sa fondation en 1968 et jusqu’en 2013 – est décédé, quatre mois après Manny Charlton son ami et guitariste. Depuis une dizaine d’années, Dan souffrait de bronchopneumopathie chronique obstructive qui l’avait obligé à se mettre en retrait de la scène. Malgré tout, en 2019, cet interprète à la voix puissante et si particulière sortait un album solo: Last Testament.

Time’s come to pay your dues. Now you’re messin’ with a son of the bitch″ (L’heure est venue de payer ton dû. Désormais tu joues avec un fils de pute: Hair of the dog, 1975 – Extrait).

Patrick BETAILLE, novembre 2022

Joe Lynn Turner – Belly of the Beast

 

35 années se sont écoulées entre Rescue You paru en 1985 et cette nouvelle production tout droit récemment sortie des ténèbres. Pour autant, Joe Lynn Turner n’est pas resté inactif durant ce laps de temps. Non seulement le chanteur a aujourd’hui à son actif une dizaine d’albums solos – dont le dernier en date Second Hand Life publié en 2007 – mais il affiche également un palmarès étonnant quant au nombre de participations à différents projets. Deep Purple, Rainbow, Yngwie Malmsteen, Glen Huges et consort en font partie. Retour en studio en tant que patron cette fois, pour l’auteur interprète à la voix immédiatement reconnaissable qui a fait de la rock star américaine une valeur sûre grandement plébiscitée au sein de la communauté hard rock. Demandez donc à Ritchie Blackmore! Belly of the Beast est un témoignage assez inattendu sur ce qui visiblement en 2022 tient à cœur au chanteur. Il ouvre le ventre de la bête et en extirpe les maux de l’époque actuelle. ″Nous sommes dans une véritable guerre spirituelle en ce moment. C’est le Bien contre le Mal. Nous avons tous un Ange sur une épaule et un Diable sur l’autre. Nous sommes dans le ventre de la bête, piégés dans le système, et il n’y a aucun moyen d’en sortir″ déclare t-il à propos de cet album à la tracklist évocatrice: Le ventre de la bête – Soleil noir – Âme Tourmentée – Le côté obscur de l’âme – Larmes de sang – N’ayez pas peur de l’obscurité – Monde déchu ou encore Requiem. Joe Lynn Turner passe du côté obscur et dévoile une facette de sa personnalité assez inattendue lorsqu’il s’en prend aux dérives de la société et invective l’establishment. La voix juste et puissante relève d’une très belle performance qui colle parfaitement à l’ensemble des titres. Guitares frénétiques, riffs stratosphériques, basse et batterie imparables, solos aériens et nappages de claviers remarquables. On est immédiatement saisi par un gros son, un groove et une grandiloquence qui ne sont pas sans rappeler les très riches heures d’un arc-en-ciel tenu à bout de bras par un certain Ronnie James Dio. Non seulement Belly of the Beast est une belle surprise mais c’est aussi la preuve qu’à 71 ans Joe Lynn Turner en a encore sous les cordes vocales et qu’il est capable de tenir le rôle d’un captain’ hard rock inspiré. 

Patrick BETAILLE, novembre 2022

 

Hellfest – Ligue des Champions

 
Cherchez l’erreur!

À gauche: Arriérés et violents, des fans de heavy metal manifestent leur amour de la musique au cours du Hellfest. – À droite: Sympathiques et enjoués, des fans de foot expriment leur amour du sport au cours de la Ligue des Champions.

Patrick BETAILLE, juin 2022

Jax Hollow – Underdog Anthems

Classic ou Revival, il arrive que le rock arrive à produire des choses intéressantes. Originaire de Nashville, Jax Hollow fait partie de ces artistes qui mettent toutes les chances de leur côté pour se placer sur le dessus de la vague. Entourée de la bassiste Leilani Kilgore et de la batteuse Angela Lese, la musicienne a donc mis sur les rails un power trio exclusivement féminin. Jusque là rien de très exceptionnel, je vous l’accorde. Là où le projet ne manque pas d’intérêt c’est que l’ensemble affiche quelques très bonnes dispositions pour faire parler la poudre avec détermination et à-propos. Pour preuve, ce premier album autoproduit paru fin 2021: Underdog Anthems. Globalement, Jax et ses deux copines lorgnent incontestablement vers un blues rock qui fait taper du pied et un heavy rock testéronisé qui envoie de quoi se chauffer l’hiver prochain. En plus d’un charme certain – ou d’un certain charme – la chanteuse/guitariste, ne manque pas d’atouts. La voix est claire et puissante, en parfaite adéquation avec son jeu souvent déchainé d’où sortent riffs qui tuent et solos ébouriffants, le tout mis en valeur par une rythmique pétaradante. Quant aux compos, elles sont largement à la hauteur, même lorsqu’il s’agit d’explorer des terres plus aériennes (Rebound) ou plus émotionnelles (Drift Together). Underdog Anthems est court, très court: 7 titres seulement pour 25 minutes d’écoute. On se  surprend à en vouloir un peu plus. Gageons que Jax Hollow a su éviter le piège de la redite en montrant ce dont elle est capable et en nous laissant espérer qu’elle en a encore sous les cordes. L’avenir le dira. D’ici là il serait dommage de ne pas prêter une oreille attentive à ce premier essai.

Tracklist Underdog Anthems: 1. High Class Bitch – 2. Rebound – 3. Say My Name – 4. Drift Together – 5. Wanted Woman – 6. 52 Pickup – 7. Breathe.

Patrick BETAILLE, avril 2022

 

The Hellacopters – Eyes of Oblivion

Formé en  1994, The Hellacopters n’avait pas donné signe de vie depuis Head Off, le précédent  album paru en 2008, dans la foulée de l’annonce officielle de leur séparation. 14 ans après,  les suédois sont de retour avec un huitième album studio: Eyes of Oblivion. C’est reparti mon kiki! Les grosses guitares et le heavy rock venus du froid sonnent à nouveau la charge comme au bon vieux temps. Du rock accrocheur, des riffs tranchants, voilà le carburant de ces 10 titres, et ce, même lorsqu’il s’agit d’aller flirter avec des ambiances plus blues (So Sorry I Could Die) qu’à l’accoutumée. Nick Anderson et sa bande ne sont pas frileux quand il s’agit de nous réchauffer et Eyes of Oblivion envoie pas mal de bois. Ça tombe bien, les vagues de froid n’ont peut être pas pas dit leur dernier mot.

Patrick BETAILLE, avril 2022

 

 

 

 

 



Slash – 4

Dix ans après leur premier album, Saul Hudson – alias Slash – et Myles Kennedy reviennent avec un quatrième album. Enregistré en mode live à Nashville et avec les Conspirators en backing band, 4 prouve, si besoin en était, que le guitariste en a encore sous les semelles cordes. Sans surprise, les 10 titres de cet opus regorgent de chorus puissants et de solos éblouissants et, du premier au dernier, mettent en avant une magnifique osmose entre guitares et chant soutenus par une section rythmique redoutable. Bref, de quoi oublier pour un temps les errances des Guns et renouer avec le plaisir de l’écoute d’un rock chiadé et bougrement efficace. Un joli coup pour un premier disque sorti sur le tout nouveau label Gibson Records.

Patrick BETAILLE, février 2022

Burke Shelley – Le Fondateur de Budgie Out!

 

C’est quand même pas rien d’être considéré en tant que l’un des étendards qui flottent au dessus de la scène hard rock des seventies. Pas rien non plus de se faire remarquer par le producteur de Black Sabbath et de signer avec MCA Records. Pas rien enfin d’être cité en tant qu’influence majeure par Metallica évoquant le fameux power trio gallois Budgie dont certains titres on même été repris par Iron Miaden ou Megadeth. C’est probablement ce qui marquera de son empreinte la postérité de ce combo original au style on ne peut plus novateur pour l’époque, alternant rock pêchu et titres lents . Mais mis à part un You’re All Living in Cuckooland plus qu’honorable paru en 2006 et quelques concerts sporadiques en Europe, depuis leur album studio, Deliver Us from Evil en 82, Budgie n’a jamais trop fait parler la poudre car, hélas et à tort, pour toujours cantonné dans un rôle d’outsider. Mais cette fois s’en est bien fini! Burke Shelley, co-fondateur, chanteur et bassiste du groupe, s’est fait embarquer par la faucheuse le 10 janvier 2021.

Patrick BETAILLE, janvier 2022

 

Dirty Honey – Dirty Honey

En 2019, Marc Labelle (chant), John Notto (guitares), Justin Smolian (basse) Corey Coverstone (Batterie) font leurs premières armes sur les scènes des clubs de Los Angeles. Un premier single en 2018, suivi par un EP en 2019 affichent clairement des influences tout droit sorties du classic rock des années 70. Logiquement, Dirty Honey débarque aujourd’hui avec un premier long play éponyme prometteur. Produit par Nick Didia (Pearl Jam, Rage Against the Machine), les huit titres de l’album baignent dans des rythmiques soutenues, de bons gros riffs, une cohésion à toute épreuve et des vocalises qui vous en mettent plein les esgourdes. À coup sûr les fans de Led Zep, Aerosmith et autres Gun’N’Roses vont y trouver leur compte et bien vite oublier ces poseurs de Greta Van Fleet. Les autres vont certainement dire que Dirty Honey ne réinventent pas la roue ou l’eau tiède mais ils apprécieront certainement la spontanéité, l’énergie et l’authenticité que dégage ce premier essai. Dirty Honey ne changera pas votre vie mais si le heavy rock de qualité est votre tasse de thé, n’hésitez pas à y ajouter un peu de miel.

Patrick BETAILLE, juillet 2021