Forbes – Le Rock à l’heure des Comptes

 

Selon le classement annuel publié par le magazine américain Forbes, 1,3 milliard de dollars c’est la somme générée l’an dernier par les 10 créateurs et musiciens les mieux rémunérés en 2022, . Un top 10 dans lequel se côtoient groupes de rock, acteurs, réalisateurs ou scénaristes et dont la première place revient à Peter Jackson, réalisateur du Seigneur des Anneaux et de Get Back, le documentaire consacré au Beatles.

Honneur cette année aux musiciens et notamment à quelques légendes du rock, puisque le podium accueille sur ses deux premières marches Genesis et Sting. Les Rolling Stones, quant à eux, ont atteint la septième place.

Genesis: 230 M$. Le groupe de Phil Collins a bouclé l’an dernier sa tournée d’adieu, The Last Domino Tour, riche d’une cinquantaine de dates en Amérique du Nord et en Europe. Mais la fortune amassée en 2022 est principalement liée à la vente, en septembre dernier, de son catalogue pour la somme de 300 millions de dollars.

Sting: 210 M$. Même tabac pour l’ex policeman qui poursuit sa tournée mondiale Sting My Song Tour. Il également récolté 300 millions de dollars pour la vente de son catalogue à Universal Music.

The Rolling Stones: 98 M$. Septième et honorable place de ce classement pour les increvables Stones. Sans avoir fourgué leur répertoire ils peuvent s’enorgueillir d’avoir engranger près de 100 millions de dollars l’an dernier, à l’ancienne. La  tournée Sixty Tour marquant les 60 ans du groupe, a rapporté en moyenne 8,5 millions de dollars par concert.

Money! You get a good job with more pay and you’re okay. Du fric ! Tu as un bon boulot avec un salaire énorme et tout va bien″ [Roger Waters – Money: extrait]

Patrick BETAILLE, février 2023

Alain Gouvrion – Rolling Stones

Pas le genre d’ouvrage qui une fois lu se retrouvera relégué au rang de calage d’armoire normande bancale ou d’arme pouvant représenter une dangerosité pour la sécurité publique. Ce livre, une fois ouvert, l’on sait que l’on y reviendra. Plusieurs fois. Pour la richesse du contenu, celle du plaisir de l’œil et celle de l’approche historique. L’auteur? Alain Gouvrion, éminent journaliste et critique musical. Personnellement j’ai pu apprécier la plume de ce grand témoin du rock’n’roll circus dans les pages de Rolling Stone magazine puis, dans la lecture assidue de son ouvrage consacré à Eric Clapton: Clapton Cover. Au point d’oser affirmer tout de go que si à 50 ans t’as pas lu Gouvrion, t’as raté ta vie! Bref. Avec Rolling Stones, l’auteur et son éditeur mettent les petits plats dans les grands. Actualité oblige, tout commence et tout s’achève par un hommage émouvant – et pour une fois original – au regretté Charlie Watts: ″Ce modeste ouvrage est dédié à la mémoire de l’immense Charlie Watts, le plus jazz des batteurs de rock et réciproquement″. Les 285 pages qui affichent plus de 2 kg sur la balance font bien sûr la part belle aux pochettes des albums du bien nommé plus grand groupe de rock’n’roll du monde puisque c’est autour de ces cover art que gravite une biographie à nulle autre pareille. Outre les images, toutes les références indispensables (label, année de parution, titres, lieu d’enregistrement, production, musiciens additionnels, etc) figurent en bonne place. Y compris pour ce qui concerne la discographie solo des membres du groupe. Mais le plus intéressant, ce qui rend la lecture de ce pavé au format 33 tours jouissive, reste bien sûr l’histoire elle même. La grande, brillamment soulignée par de nombreuses anecdotes replacées dans leur contexte, et, la petite, très souvent étayée d’extraits d’interviews aux à-propos pertinents. Nous voici donc à mille lieues de la bio hyper pointue destinée aux fans ultimes ou du catalogue d’images séduisant mais sans grand intérêt. Rolling Stones est plus qu’intéressant. Il est accessible, riche, passionnant et donc essentiel. Joli coup de maitre de la part d’une maison d’édition qui outre cette nouveauté propose, entre autres publications, des ouvrages consacrés aux Beatles, à Higelin, Pink Flyod, Springsteen, Led Zeppelin ou encore Deep Purple : Éditions du Layeur!

Patrick BETAILLE, novembre 2021

Charlie Watts – Le Back Beat des Stones s’est arrêté!

Il voulait être batteur et rêvait d’accompagner les grands maîtres du jazz. Persuadé de ne jamais pouvoir y parvenir il exerce la profession de dessinateur publicitaire tout en jouant dans un groupe amateur: le Blues Incorporated d’Alexis Korner. En 1962 il fait la connaissance Brian Jones et l’année suivante, il remplace Mick Avory au sein de Rolling Stones. Calme, discret, taciturne, Charlie Watts n’aime pas spécialement le rock et c’est avec détachement qu’il reste très loin de toute la frénésie qui accompagne l’ascension vertigineuse du groupe. Lors des concerts, il n’est pas rare de le voir arborer un sourire narquois lorsqu’il contemple les gesticulations d’un Mick Jagger survolté ou l’hystérie féminine du public. Ce n’est pas sur lui qu’il faut compter pour exhiber profusion d’accessoires, assister à des saccages de futs et de cymbales ou subir des solos interminables. Non! Son truc au consciencieux Charlie, c’est de maintenir la cohésion entre chaque instrument et fournir une plate-forme rythmique aux autres, le plus simplement et le plus efficacement possible. Il était une machine propre, simple, sans contretemps et bien huilée par un swing enjoué. Pour s’en convaincre il suffit d’écouter Route 66, le tout premier titre du premier album des Stones, Under My Thumb, Bitch ou, bien sûr, Jumpin’Jack Flash, Street Fighting Man et Honky ong Woman. Des titres sur la rythmique desquels l’on peut sans problème régler sa montre. C’est ainsi que, avec son air de ne pas y toucher, ce gentleman métronome est entré dans la légende du rock et ce, sans jamais se compromettre, détruire des chambres d’hôtel ou molester des groupies à peine pubères. Après presque 60 ans de bons et loyaux services, le back beat des Glimmer Twins s’est arrêté. Charlie Watts vient de décéder à l’âge de 80 ans! ″Charlie’s good tonight, ain’t he ?″ (Charlie est bon ce soir n’est-ce pas? Allusion aux mots de Mick Jagger à la fin de Little Queenie sur le live Get Your Ya-Ya’s Out, alors qu’exceptionnellement Charlie se livre à quelques fantaisies rythmées). En fait, Charlie était bon tous les jours!

Patrick BETAILLE, août 2021

 

Baron Wolman – Décès du Photographe de Rolling Stone

En avril 1967, le photographe américain Baron Wolman fait la connaissance d’un certain Jann Wenner, un jeune écrivain sur le point de lancer un nouveau type de périodique. Séduit par le concept, Wolman accepte d’apporter sa contribution à ce qui allait devenir l’étendard de la culture hippie et, très rapidement, la référence absolue en terme d’actualité musicale: Rolling Stone. Basé à San Francisco, ce boulimique de l’image et fan absolu de musique, mitraille tout ce qui bouge sur une scène en pleine révolution. Ses photographies de Janis Joplin, des Stones, de Frank Zappa, des Who, de Jimi Hendrix, de Joan Baez, Iggy Pop, Pink Floyd, Bob Dylan, des Grateful Dead, de Jim Morrison et de tant d’autres deviennent les références graphiques de la mise en page du magazine. Mais peu à peu, l’approche ″sur le vif″ et quelque peu brute de décoffrage de l’artiste, doit laisser place à des faiseurs d’images plus stylisées – souvent réalisées en studio – publiées uniquement avec l’approbation des musiciens et de leur management. En 1970, après trois ans de collaboration, Baron Wolman quitte Rolling Stone pour fonder Rag, son propre magazine de mode et un peu plus tard il se lance dans la photo aérienne qu’il met en pratique à bord de son Cessna. À la fois spectateur et observateur, ce témoin de moments parmi les plus emblématiques de l’histoire du rock vient de ranger son matériel. Définitivement. Il est décédé le 2 novembre à l’âge de 83 ans. ″Les photos de Baron nous ont donné un aperçu rare, complet et précis de son époque, et son intelligence visuelle restera inégalée″ (Dianne Duenzl, photographe).

En plus d’une visite indispensable sur le site Baron Wolman Photography, des images d’hier pour des souvenirs de demain:  Every Picture Tells a Story. 176 pages de témoignages visuels datant des années Rolling Stone. Groupies and Other Electric Ladies: bel hommage aux groupies qui témoignent sur le monde du rock côté coulisses. Woodstock: Tout est dans le titre. Le festival dans toute sa démesure avec un reportage essentiellement axé sur l’ambiance et le public.

Patrick BETAILLE, novembre 2020

Bill Owens – Altamont 1969

Livre Altamont 1969, Bill OwensIl y a cinquante ans! Le 6 décembre 1969, les Rolling Stones montent sur scène pour clôturer le festival rock gratuit d’Altamont dans le nord de la Californie. Largement improvisé, le rassemblement qui devait être une réponse à Woodstock de la part de l’ouest des USA,  s’est révélé catastrophique du début à la fin car sous-dimensionné pour répondre à l’affluence des 300 000 spectateurs. Tout au long de la journée et pour de banales questions de logistique la tension monte, notamment à cause de la présence des Hell Angels chargés d’assurer la sécurité, mais aussi du fait de la consommation d’alcool et de drogues. Ce qui devait arriver arriva. Alors que les Stones jouent ″Under My Thumb″ un jeune tente de monter sur scène. Refoulé par le service d’ordre il refait une tentative, cette fois armé d’un pistolet. Le Hells Angel  Alan Passaro poignarde Meredtith Hunter sur lequel vont s’acharner plusieurs membres du gang. Avec la mort de ce noir de 18 ans l’incident marquera la fin d’une époque, celle du Peace & Love, et, cinquante après, reste gravé dans les mémoires comme l’événement le plus tragique de toute l’histoire du Rock. Hunter ne figure pas sur les photos de Bill Owens qui couvrait l’événement mais le photographe a pris de très nombreux clichés au cours du festival. Sur l’un d’eux un des Hells Angels s’en prend à un spectateur à grand coups de queue de billard durant la prestation de Jefferson Airplane. Ces témoignages fascinants sur la frénésie, le chaos, les tensions et la violence de cette journée noire sont regroupés dans un recueil d’une centaine de pages intitulé: Bill Owens: Altamont 1969. Un témoignage visuel fort qui trouve sa place aux côté de Altamont 69 – les Rolling Stones, les Hells Angels et la fin d’un rêve, le livre de  Joël Selvin.

Patrick BETAILLE, décembre 2019

Peter Corriston – Rolling Stones: Some Girls

Peter Corriston Some GirlsLors de sa parution en 1978 le Some Girls des Stones, premier album intégralement enregistré avec Ron Wood, connait quelques déconvenues. Le packaging de ce seizième opus studio pose problème. Conçue par Peter Corriston la jaquette se présente sous forme de Die Cut qui, comme le Physical Graffiti de Led Zeppelin, consiste en découpages laissant apparaître des images différentes en fonction de l’orientation des sous-pochettes sur lesquelles figurent notamment les Rolling Stones grimés en femmes et des publicités pour la lingerie de Valmor Products Co. Ainsi, au gré des jeux d’inserts, apparaissent les visages des membres du groupe au côté de ceux de célébrités parmi lesquelles Brigitte bardot, Claudia CardinaleFarrah Fawcett, Lucille Ball, Raquel Welch et Marilyn Monroe. Certaines, dont Liza Minnelli (au nom de sa mère Judy Garland), ne manquent pas d’intenter une action en justice pour utilisation de leur image sans autorisation et obtiennent gain de cause. Très vite l’album est réédité. Toutes les représentations féminines, plaignantes ou non, sont remplacées par des patchs colorés et sur les feuillets internes on peut lire: ″Pardon our appearance″ et ″Cover under re-construction (″Désolés pour notre look″ et ″Pochette en cours de refonte″). Quant à la publicité Valmor, elle est conservée moyennant compensation financière non négligeable attribuée par le tribunal.

Patrick BETAILLE, décembre 2018

La Censure du Cover Art en Livre: In Vinyle Veritas!

Keith Richards et Donald Trump – A couteau tiré!

Keith Richards joue du couteauLa BBC révèle que lors d’une récente interview, Keith Richards a fait part d’une anecdote à propos de l’actuel président des États-Unis. Les faits remontent à 1989. A l’époque, Donald Trump était impliqué dans l’organisation d’un concert des Rolling Stones à Atlantic City. Le guitariste révèle que, passablement énervé par les exigences financières de Trump, il a posé son schlass sur le bureau du promoteur: Mec, il va falloir que tu t’expliques avec ça! aurait il dit. S’appuyant sur ces faits, l’artiste a ensuite ironisé: Désormais, l’ Amérique doit se débarrasser de lui, en ajoutant: …et ne dites pas que je ne vous avais pas prévenus!..″. Faut pas faire chier Keith, surtout quand un président s’approprie sans autorisation You Can’t Always Get What You Want pour en faire un de ses hymnes de campagne. Let it bleed!

PB, mai 2018

 

Altamont 69 – les Rolling Stones, les Hells Angels et la fin d’un rêve.

Altamont 69 Rolling Stones & Hells AngelsLe 6 décembre 1969, un grand festival Rock a lieu sur le circuit automobile d’Altamont en Californie. Santana, Jefferson Airplane, Grateful Dead et les Rolling Stones sont à l’affiche. La soirée tourne au cauchemar quand des Hells Angels, bourrés, défoncés et brutaux, agressent plusieurs musiciens et commettent l’irréparable en poignardant à mort un spectateur. Tout ceci est depuis longtemps acté, notamment grâce au film Gimme Shelter. Ce que l’on connait moins par contre c’est l’histoire dans l’Histoire, souvent sordide, celle que nous raconte l’auteur, Joël SELVIN, en apportant un nouvel éclairage sur des faits  et des comportements on ne peut plus douteux. 300 pages magnifiquement résumées par Vincent Debacker qui conclut son analyse par ces mots: ″Même si les protagonistes du récit donnent parfois envie de gerber tellement leur soif de pouvoir, leur vanité et leur mépris transpirent de leurs petites personnes, ce livre se dévore d’une traite. Il est riche, bien documenté et sérieux. Un vrai bonheur pour qui aime le Rock et son histoire (glorieuse ou décadente)″. Lire l’article complet sur Veetess Speereet!

Patrick BETAILLE, août 2017

The Rolling Stones – Beggars Banquet

Rolling Stones Beggars Banquet censure

Londres 17 mars 1968. Les Rolling Stones entrent en studio pour enregistrer leur septième album. Si les précédentes tentatives contiennent de nombreuses reprises et pas mal d’ errances psychédéliques,  Beggars Banquet lui, marque un retour aux sources quant à l’inspiration musicale du groupe. Jamais le blues n’a été aussi présent sur cet opus qui reste aussi le dernier à bénéficier de la présence de Brian Jones parti peu de temps après valider son inscription au Club 27. La publication de l’album se voit retardée pour cause de désaccord relatif au packaging. En effet, les Stones entrent en conflit avec leur label Decca à cause de la photo qu’ils ont sélectionnée pour la pochette. Le cliché réalisé à Los Angeles représente des chiottes on ne peut plus crades, aussi crades que les murs du local couverts de graffitis. Malgré le forcing de Jagger & Richard, Decca résiste et finit par imposer sa volonté. La jaquette de Beggars Banquet prendra finalement l’aspect d’un banal carton d’invitation blanc avec la mention ″R.S.V.P.″ (″Réponse S’il Vous Plait″) en plus du nom du groupe et du titre de l’album. Qu’importe! Avec Let it Bleed, Sticky Fingers et Exile on main St, Beggars Banquet reste à jamais parmi les plus inspirés et les plus aboutis de la discographie des Pierres qui Roulent. Et de toutes façons, lors de la réédition du LP en CD, la photo des cagoinces refera son apparition.

Patrick BETAILLE, mars 2017

La Censure du Cover Art en Livre : In Vinyle Veritas!