Stevie Ray Vaughan – Texas Flood

Début des années 80. Pour mémoire, c’était alors l’époque de la pop synthétique, de la new-wave dépressive et du hard rock FM avec moumoutes peroxydées et futals moule-burnes en simili skaï. C’est alors – au moment où la musique en avait le plus besoin – qu’un jeune guitariste déboule du Texas pour recentrer le débat. ″La première fois que je l’ai entendu à la radio, je ne savais pas qui il était et je me suis dit: ce gars-là va faire trembler le monde″ (Eric Clapton). Musicien professionnel dès l’âge de 17 ans, très bon chanteur, Stevie Ray Vaughan déclenche en 1983 un véritable feu d’artifice d’envolées stratocastphériques qui met tout le monde d’accord. Avec Texas Flood, un premier album jamais surpassé, le guitariste alterne compositions remarquables et reprises définitives de ses maîtres Buddy Guy et Howlin’ Wolf. Accompagné sous le nom de  Double Trouble par le batteur Chris Layton et l’ancien bassiste de Johnny Winter, Tommy Shannon, Vaughan mise avant tout sur le feeling d’un jeu riche et élégant. Il excelle dans les rythmiques claquantes mais sait aussi faire parler la poudre avec des chorus ravageurs et des solos d’une rare clarté qu’il ponctue à l’occasion par les effets d’une pédale wah-wah maitrisée à merveille. Une tournée européenne confirme la valeur du trio et en 1984 le deuxième album Couldn’t Stand the Weather se vend à de plus d’un million d’exemplaires dès sa sortie. Revers de la médaille, l’état de Vaughan se dégrade à cause des quantités phénoménales de drogues qu’il consomme régulièrement. Après une cure de désintox,  le musicien revient clean en 89 avec In Step, son quatrième opus couronné par  le Grammy Award du meilleur enregistrement de blues contemporain. Début 90 il enregistre Family Style avec son frère Jimmie (Fabulous Thunderbirds) et part en tournée avec lui, Clapton, Buddy Guy et Robert Cray. Après un concert dans le Wisconsin, Stevie monte dans un hélicoptère qui s’écrase à quelques kilomètres plus loin. Il meurt sur le coup le 27 août 1990. ″Je ne pleure jamais. Mais quand j’ai appris la nouvelle hier, je me suis assis sur mon lit et j’ai pleuré comme un bébé″ (John Lee Hooker).

Écouter: Parmi les quatre albums studio publiés de son vivant. Texas Flood (1983), le premier album fondamental et jouissif. Couldn’t Stand the Weather (1984) et ses incroyables versions de Tin Pan Alley et de Voodoo Chile. In step (1989), le dernier témoignage inventif et varié d’un guitariste au sommet de son art.

Voir: Live at the El Mocambo (1991). Extraits de deux concerts à Toronto en 1983. Dans une ambiance intime et moite, le power trio des débuts délivre un blues rock d’une puissance brute rarement égalée avec, en point d’orgue, une version viscérale de Voodoo Chile ( Slight Return). Splendide!

Patrick BETAILLE, janvier 2020.

Joe Bonamassa – British Blues Explosion

CD1: Beck’s Bolero/Rice Pudding. Mainline Florida. Boogie With Stu. Let Me Love You Baby. Plynth (Water Down The Drain). Spanish Boots. Double Crossing Time. Motherless Children.
CD2: SWLABR. Tea For One/I Can’t Quit You Baby. Little Girl. Pretending. Black Winter/Django. How Many More Times.

Joe Bonamassa LiveNon! Il ne s’agit pas d’une compilation du meilleur de ce qu’a produit le Blues Boom des années 60-70. Ce concert au Old Royal Naval College de Greenwich a été enregistré en 2016 et consiste en un hommage aux maîtres de la dite période: Jeff Beck, Jimmy Page, Eric Clapton et John Mayall, et par conséquence Cream, Led Zeppelin et autres Bluesbreakers sont à l’honneur. Aux commandes le boulimique Joe Bonamassa, le king of the Blues Rock himself, champion du monde toutes catégories de la production d’enregistrements live et de contributions diverses et variées. Le résultat est incontestablement imparable, aussi bien au niveau du fond que de la forme. Le choix des titres est judicieux, la qualité artistique est là, l’exécution est millimétrée, le son excellent et la production au top. De quoi ravir les fans pour qui ce énième live sera incontournable, indispensable et plus, puisque affinité. Les autres trouveront là une belle opportunité de redécouvrir les versions originales d’une époque ô combien furieusement emblématique car globalement la prestation manque un tant soit peu d’âme et de spontanéité. L’ensemble est un peu trop propre, un peu trop formaté, un peu trop linéaire et au final on est quand même bien loin de la folie des premiers enregistrements publics du guitariste. Dommage, mais bon, faute de mieux on prend! Joe Bonamassa ne tente pas de réinventer le Blues Rock, il est le putain de Blues Rock. British Blues Explosion est disponible en double Cd, Dvd et BlueRay bonussés et triple Vinyl colorisé, comme la jaquette qui pique les yeux.

PB, juin 2018

David Gilmour – Live at Pompeii

Live at Pompeii 20167 juillet 2016 après JC! David Gilmour revient au pied du Vésuve, à l’endroit même où en 1971 le Floyd pas encore disloqué s’étaient mis en scène dans un rockumentaire ayant pour décor un amphithéâtre vide de tout spectateur. Autre temps, autres mœurs. Cette fois-ci le guitariste débarque flanqué d’un nouveau groupe, d’un light show conséquent, devant un public de 26 000 personnes acquis à sa cause et bien sûr avec un répertoire ciblant la promo du dernier album ″Rattle that Lock″. Le show reste néanmoins axé sur les incontournables pour lesquels les fans se sont déplacés et c’est tant mieux car, il faut l’avouer, à deux exceptions près les huit compos récentes infligent au show une légère baisse de rythme. Sur la set list figurent ainsi un ″Great Gig in the Sky″ remanié, d’excellentes interprétations de ″Money″ et ″Wish You Were Here″, 12 minutes enchantées de ″Shine on You Crazy Diamond″ et un magistral ″One of these days″. Les trois derniers morceaux sont tous des classiques du Floyd: ″Time″, ″Run Like Hell″ bourré d’effets pyrotechniques et bien sûr le majestueux ″Comfortably Numb″ qui vient clôturer le set. Les musiciens (Chuck Levell aux claviers) sont au top, heureux d’être là (ça se voit!)  et ils parviennent à faire oublier l’absence des membres fondateurs du groupe originel. Quant à Gilmour, même si parfois la voix a un peu de mal à assurer dans les aigus, son jeu de guitare a rarement été aussi pur et grandiose (le deuxième solo de ″Comfortably Numb″!!!).  Avec 21 titres et plus de 2h30 de scène, Live at Pompeii est indispensable à tout adepte du genre. D’autant plus indispensable qu’il bénéficie d’une édition Blu Ray boostée par une image et un son exceptionnels. Je me demande quand même comment, en ayant la chance de pouvoir assister à un tel événement, certains puissent apprécier le show en passant le plus clair de leur temps à brandir à bout de bras un putain de smartphone. Baltringues!

PB, octobre 2017

Aerosmith – Walk this way!

Aerosmith: Joe Perry et Steven TylerChaque jour quand je me regarde dans la glace, les rides sont de plus en plus marquées…″ (Dream On: extrait). A bientôt 70 balais, les piliers d’un des plus grands groupe de Hard Rock issus des 70’s, Steven Tyler et Joe Perry  lèvent le pied. Après presque 50 ans de bourlingue, les ″bad boys de Boston″ annoncent  faire leurs adieux à la scène. Une tournée baptisée ″Aero-Vederci Baby !″ débutera en mai 2016 à Tel Aviv pour se poursuivre en Europe avec une seule date en France où leur passage au Hellfest de Clisson le 17 juin, affiche déjà complet. Il n’est pas question pour l’instant d’un passage aux États Unis, sauf si comme le prétend avec humour le chanteur à grande bouche, ce  soi-disant ″Final Tour″ ne connaissait pas de fin. Par ici la sortie… ou,  Walk this way!

PB, novembre 2016

 

AC/DC – Cour-circuit!

ACDC Brian Johson et Angus Young

Le heavy rock australien est sous tension. Il y a peu, ACDC s’est vu contraint de se séparer de son batteur Phil Rudd judiciairement poursuivi pour détention de drogues et tentative de meurtre. Plus récemment encore, Malcolm Young, le guitariste rythmique atteint de démence sévère a été admis en établissement spécialisé. C’est donc avec un changement d’effectif que les rockeurs avaient débuté le 2 février une série de concerts à travers les Etats-Unis qui devait prendre fin le 4 avril au prestigieux Madison Square Garden de New York. Mais voilà que le chanteur Brian Johnson souffre de problèmes d’audition graves. Au point que les médecins lui ont recommandé d’arrêter immédiatement la scène sous peine de perdre définitivement l’ouïe. Diagnostic lourd de conséquences puisque  la tournée se voit interrompue. Il n’est pas clair à ce jour s’ils pourront, comme initialement prévu, traverser l’Atlantique pour poursuivre leur tournée ″Rock or Bust″ en Europe. Elle devait commencer le 7 mai par Lisbonne, au Portugal, passer par le Stade Vélodrome de Marseille le 13 mai  et s’achever le 12 juin au Danemark. Pourvu qu’Angus ne se coince pas les doigts dans la prise… High Voltage!

Patrick BETAILLE, mars 2016

ZZ Top – Double Down Live!

ZZ top Double Down LiveJe vous le concède sans détours, la jaquette de ce double Dvd incite plus au spasme vomitoire qu’à la contemplation béate et admirative. C’est à se demander à quoi carburent les concepteurs et autres illustrateurs qui osent commettre de telles horreurs. Ceci étant, il s’agit quand même de se préoccuper du contenu qui heureusement est d’un autre niveau et prouve si besoin en était que l’ habit ne fait pas le moine. Double Dvd donc, trois heures de concert qui regroupent les célébrissimes sessions du Rockpalast en 1980 et les prestations lors de la tournée européenne de 2008. Autant vous le dire tout de suite: me voilà réconcilié avec la prestation scénique des texans. En effet, en tant que fan de la première heure j’avais à une époque assisté aux concerts de Eliminator, puis de Afterburner. Dans les deux cas ce fut une déception tant les shows de l’un de mes groupes préférés étaient courts, impersonnels et aseptisés. Résultat, ma discographie ZiZi Topesque s’arrête à Eliminator avec une exception accordée  Rhythmeen en 1996. Réconcilié, disais je, car ici le trio est au mieux de sa forme et nous prouve qu’il est capable du meilleur, et ce même s’il n’y a pas grande place pour l’improvisation. Rien que pour la version de La Grange l’acquisition de l’objet est amortie. On y voit un Billy Gibbons survolté qui tire de sa Les Paul des chorus dignes d’un boogie Rock de haute voltige. Pour le reste, il suffit de jeter un coup d’œil aux titres répertoriés pour comprendre que pour moins de vingt euros l’ affaire est juteuse, d’autant plus que la qualité du son et de l’image sont au rendez vous.

Track Listing: Dvd 1 Definitely Then…: I Thank You • Waitin’ for the Bus • Jesus Just Left Chicago • Precious and Grace • I’m Bad, I’m Nationwide • Manic Mechanic • Lowdown in the Street • Heard It on the X • Fool for Your Stockings • Nasty Dogs & Funky Kings • El Diablo • Cheap Sunglasses  • Arrested for Driving While Blind • Beer Drinkers & Hell Raisers • La Grange • She Loves my Automobile • Hi Fi Mama • Dust My Broom •  Jailhouse Rock • Tush • Tube Snake Boogie • Just Got Paid.

Track Listing: Dvd 2 Almost Now…:  Got Me Under Pressure • Waitin’ for the Bus • Jesus Just Left Chicago • I’m Bad, I’m Nationwide • Blue Jean Blues • Heard It on the X • Just Got Paid • I Need You Tonight • La Grange • Hey Joe • Tush.  Somme toute un bon complément au Live in Texas paru récemment. À noter que les titres cette deuxième galette sont entrecoupés d’extraits d’une interview en franglais laborieux. Heureusement que les images d’archives relèvent le niveau.

Patrick BETAILLE, novembre 2009