Gary Glitter – Rock and Roll

 

Au début des années 60, Paul Gadd enregistre plusieurs titres sous le pseudonyme de Paul Raven. Sans aucun hit, lâché par plusieurs maisons de disques, le chanteur change de cap et se produit un temps en tant que chanteur dans l’orchestre d’un producteur, Mike Leander, avec lequel il se lie d’amitié. Après un séjour en Allemagne, Raven revient à Londres en 1968 pour retenter sa chance, en vain.
Il se retrouve à jouer le rôle de chauffeur de salle dans Ready Steady Go!, une émission télévisée anglaise consacrée à la pop et au rock. Dans l’intervalle, Leander devient un arrangeur à la notoriété grandissante et en 1970 il offre au chanteur l’occasion d’obtenir un petit rôle dans la comédie musicale Jesus Christ Superstar. C’est là que tout commence. Profitant d’une session studio vacante suite au désistement de David Essex, les deux compères travaillent ensemble sur un morceau basé sur un rythme hypnotique ponctué de claps de mains et de chœurs incantatoires scandant : ″ rock and roll ! ″ dans une première mouture et ″ hey ! ″ dans une deuxième. Il faut choisir.
Finalement le single Rock and Roll Pt. 1 & 2 sort en double face A en 1972, attribué en l’état à Gary Glitter. Brillant n’est-il pas ?! Aussi brillant que le glitter rock auquel il rend hommage à grand renfort de maquillages, de paillettes, de tenues extravagantes et de platform boots qui, lors des promos, illuminent des émissions telles que Top of the Pops. L’une des plus grandes attractions du moment devient dès lors la source d’un énorme succès auprès de la jeunesse.
Mais la mode s’essouffle. Glitter aussi. En 1975 il part à l’étranger. En deux ans il claque tout ce qu’il a gagné. Déclaré en faillite, il pète les plombs et se retrouve impliqué dans plusieurs histoires de mœurs. Il tente un retour dans les années 80 mais la justice commence sérieusement à s’intéresser à son cas.
Plusieurs enquêtes déboucheront en 1997 sur une condamnation à 4 mois de prison pour détention de données à caractère pédopornographiques. À sa libération, il part vivre Cambodge d’où il est expulsé en 2002 sur des accusations d’abus sexuels, puis au Vietnam où, en 2006, il est condamné à de la prison pour agressions sur mineurs. Libéré en 2008, il est renvoyé en Angleterre et inscrit au registre des délinquants sexuels. En 2012, alors que des scandales de pédophilie impliquant des vieilles gloires du show-biz secouent le Royaume-Uni, il est arrêté pour avoir sexuellement agressé  un certain nombre de jeunes filles au cours de années 70 et 80. Au bout du compte, le pervers est condamné à 16 ans de prison ferme en 2015. Pas très brillant tout ça, même quand on a vendu plus de 20 millions de disques au cours de sa carrière.

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Patrick BETAILLE, mai 2023

 

 

Donovan – Mellow Yellow

 

Dans une interview au New musical Express, ce chanteur écossais déclarait : ″ Être Mellow, c’est être cool, relax, décontracté, un peu comme lorsque l’on pratique la méditation ″. Compte tenu du contexte flower power, le jaune pâle dont il est question peut paraître crédible. D’autant plus crédible qu’en 1968 c’est lui, Donovan,  qui incite les Fab Four à aller voir chez chez le Maharashi Mahesh Yogi s’il fait beau.
Quand Mellow Yellow sort en Angleterre en février 1967 (octobre 1966 aux USA), Donovan Phillips Leitch a 20 ans, joue du folk acoustique, baigne dans le psychédélisme et fréquente John Lennon. Il n’est donc pas étonnant qu’à l’époque les paroles de ce single cool et groovy soient perçues comme ayant été écrites sous l’emprise de substances hallucinogènes et fassent l’objet d’interprétations plus ou moins fumeuses. C’est ainsi que la ″ eletrical banana ″ évoquée dans le texte devient pour certains une allusion à la pratique consistant à extraire les fibres de la peau de banane et à les fumer après séchage, histoire de pouvoir planer à 5000 mètres, moteur arrêté. ″ John et moi avions l’habitude de parcourir les tabloïds et de nous inspirer de certaines idées amusantes pour les mettre en chansons. Un jour je suis tombé sur une publicité pour des godemichés dont la forme et la couleur faisaient penser à des bananes. C’est aussi simple que ça ! ″. Autre sujet à controverses, notamment quand le troubadour Glaswégien chante : ″ I’m just mad about Saffron and she’s just mad about me ″ et ″ I’m just mad about Fourteen, Fourteen’s mad about me ″. Il n’en faut pas plus pour déduire que le musicien se défonce en fumant du safran et qu’il est obsédé par les adolescentes. À y regarder de plus près, Saffron et Fourteen sont en réalité des prénoms féminins ; rares certes, mais des prénoms quand même. Même perchées et sujettes à divagations, les paroles n’ont donc rien à voir avec des trips épicés et d’hypothétiques relations avec de jeunes filles prépubères.
Donovan bénéficiait déjà d’une grande popularité aux États-Unis grâce une autre de ses compostions (Sunshine Superman) mais c’est Mellow Yellow qui lui vaudra une reconnaissance internationale. Enregistrée avec des pointures de jazz, produite par Mickie Most (Animals, Herman’s Hermits, Jeff beck) et arrangée par le futur led Zep John Paul Jones, la chanson distille une instrumentation originale et raffinée qui met en valeur la voix et le jeu de guitare de l’artiste qui deviendra le porte-parole de toute une génération hippie, ″ Quite rightly ″ [NDLR à juste titre ].

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Patrick BETAILLE, mai 2023

 

 

Blondie – Heart of Glass

 

Quand ils se rencontrent en 1973, Deborah Harry et Chris Stein font partie d’un groupe new-yorkais, The Silettos. Il est guitariste, elle est chanteuse et, à la scène comme à la ville, ils sont en couple. En 1974, ils fondent un nouveau groupe qui doit son nom à la crinière peroxydée de Debbie : Blondie; surnom donné par les livreurs et taxi drivers qui lorsqu’ils croisent sa route l’interpellent : ″ Hey Blondie !
Avec un répertoire pop rock parfois teinté de ska ou de rhythm & blues et des interprétations simples, ironiques et agressives, le groupe parvient à trouver sa place sur la scène post punk alors en gestation. Après un premier album éponyme, Blondie fréquente assidûment le CBGB en compagnie de Television et des Ramones et se retrouve invité en première partie des concerts de Iggy Pop. En 1977 arrive Plastic Letters, le deuxième LP accompagné du single Denis qui atteint la seconde place des classements britanniques et assure au quintet une réputation internationale grandissante, confirmée l’année suivante par Parallel Lines. Ce troisième opus représente un virage significatif pour Chris Stein et Debbie Harry qui s’intéressent alors de plus en plus à la musique électronique et à l’Eurodisco naissant. Moins spontané et plus produit, l’album explore des horizons divers et commence à faire appel aux séquenceurs et aux boites à rythmes. C’est ainsi qu’avec les sonorités disco de Heart of Glass ils vont pourtant connaître la gloire.
Problème ! Les paroles sont à l’origine d’une polémique. Debbie souhaite se démarquer de ces chanteuses pop qui pleurnichent sur leur sort en évoquant déceptions amoureuses et autres niaiseries sentimentales. ″ Once I had a love and it was a gas. Soon turned out, it was a pain in the ass ″ [NDLR Une fois j’ai eu un coup de foudre. Ça a tourné court et ça m’a fait mal au cul] écrit-elle. Cul ! Le mot est lâché et certaines radios refusent de diffuser ce genre de vulgarité. Une autre version édulcoré est donc éditée à la va-vite : ″ Once I had a love and it was a gas. Soon turned out, I had a heart of glass ″ [NDLR Une fois j’ai eu un coup de foudre. Ça n’a pas duré, j’avais un cœur de verre].
Avec l’album Parallel Lines ou avec les autres singles (Picture This et Hanging on the Telephone) qui en sont extraits, Blondie marque une rupture définitive avec le public punk des débuts qui reproche au groupe d’avoir vendu son âme et qui gueule : ″ Disco Sucks ! ″ [NDLR Le Disco c’est Nul!]. Sorti en janvier 1979, le single Heart of Glass devient numéro un aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Australie et en Autriche. John Lennon aurait, paraît il, envoyé une carte postale de New York à Ringo Starr; il lui conseillait d’écrire plus de chansons comme Heart of Glass.

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Patrick BETAILLE, mai 2023

 

 

Mungo Jerry – In the Summertime

 

Coiffure afro, rouflaquettes impressionnantes, dents du bonheur, c’est le look Ray Dorset, chanteur et guitariste d’un groupe connu sous le nom de The Good Earth. En 1968, Ray se consacre à la musique en dilettante et travaille chez TIMEX à Londres où il vit. C’est probablement à cause de perspectives professionnelles peu réjouissantes et pour des raisons de morosité climatique qu’il se met à composer. L’un des ses amis, Barry Murray, alors producteur chez Pye Records, lui offre la possibilité de signer avec la maison de disques. La formation change de nom pour adopter celui de Mungo Jerry en référence à Mungojerrie, l’un des personnages du livre de TS Eliot: Old Possum’s Book of Practical Cats. Un premier single est enregistré. In the Summertime sort en mai 1970, juste après une apparition du groupe au Newcastle Hollywood Festival dans le Staffordshire, sur la même affiche (certes tout en bas) que Grateful Dead, Black Sabbath, Free et Traffic. Excusez du peu! Succès immédiat principalement dû au fait que la jeunesse reçoit les paroles en tant qu’hymne au soleil, à l’insouciance et à la liberté.
En été, tu peux t’étirer et toucher le ciel. Quand il fait beau tu penses aux filles. Boire un verre, se balader. Sors et pars à la rencontre. Si ton père est riche, invite la au restaurant. S’il n’a pas les moyens, improvise. Prends la route et file à 160 ou plus. Au coucher du soleil tu pourras prendre du bon temps sur une aire de repos. Viens avec nous. Nous ne sommes ni tristes, ni sales, ni méchants. Nous aimons tout le monde mais nous faisons ce qui nous plait. Quand il fait beau on part pêcher ou se baigner. Nous sommes toujours heureux, la vie est faite pour être vécue. Ouais, telle est notre philosophie, chante la avec nous! Quand vient l’hiver, il est temps de faire la fête. Amène une bouteille, invite tes amis, porte des vêtements clairs car l’été reviendra. Alors nous chanterons à nouveau, nous irons flâner, nous promener en ville et peut-être que nous y resterons ″.
Retentissement étonnant pour ce titre qui, de l’Afrique du Sud à la Suisse, figure immédiatement en première place de tous les hit parades et deviendra – avec 30 millions d’exemplaires écoulés – le troisième single le plus vendu au monde, derrière White Christmas de Bing Crosby et Candle in the Wind de Sir Elton John. In the Summertime est à mille lieues des standards musicaux du début des seventies. Le temps d’un été, Mungo Jerry parvient pourtant à remettre à la mode le skiffle avec banjo, washboard, jug et piano ragtime. D’autres réussites comme Baby Jump ou Lady Rose suivront, en Grande Bretagne notamment, mais jamais avec une telle ampleur. Le quatuor d’origine éclatera peu après la sortie du premier LP pour réapparaitre en 1973 avec un nouveau line up, toujours emmené par Ray Dorset qui se fendra d’un nouveau tube: Alright Alright Alright, une adaptation du Et moi, et moi, et moi de Jacques Dutronc. Une fois n’est pas coutume.

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Patrick BETAILLE, avril 2023

 

Manfred Mann – Ha! Ha! Said the Clown

 

Il ne s’agit pas de ÇA, le personnage maléfique de Stephen King, pas plus que de l’une des multiples représentations du Joker. Le clown en question est un comédien de stand up qui se produit dans un cabaret. C’est là que se rend le protagoniste de l’histoire; le moral à zéro, il veut se changer les idées et se payer du bon temps. Sur place, son attention est attirée par une jolie fille qu’il tente de draguer. Elle lui sourit. Il pense parvenir à ses fins, jusqu’au moment où la belle lui avoue qu’elle est mariée à l’humoriste des lieux qui s’empresse de se moquer de lui: ″ Ha Ha ″ dit le clown! ″
″ Les paroles sont venues de nulle part. Probablement la réminiscence d’un souvenir de jeunesse, une situation au cours de laquelle deux gars du collège se disputaient les faveurs d’une même fille. Je me suis pointé et je les ai grillé. Un genre de: rira bien qui rira le dernier en quelque sorte. Aucun lien direct bien sûr, mais ce sont des choses qui arrivent lorsqu’on écrit des chansons: la fantaisie plutôt que la réalité ″.
 C’est ce que déclare l’auteur/interprète anglais Tony Hazzard à propos de cette chanson qui a nécessité plusieurs semaines pour se concrétiser par une démo présentable. Au cours de sa tournée des popotes, Hazzard finit par entrer dans les bureaux de Gerry Bron – alors manager de Manfred Mann – qui, séduit, propose que le titre soit enregistré par son groupe. Très peu enthousiastes à l’égard d’une composition qu’ils trouvent inintéressante, les musiciens finissent par céder devant l’insistance de Lillian Bron, l’épouse du manager. Enregistré début février 1967 dans les studios londoniens de Philips, le single sort le 24 mars.

Rapidement Ha Ha said the Clown figure en bonne position dans les classements de la presse spécialisée: quatrième place dans le Melody Maker et le New Musical Express. Numéro 1 en Autriche, Belgique et Pays-Bas, numéro 3 en France où il sera repris par Frank Alamo (Ho! Ho! fait le Clown), le titre ne parvient pourtant pas à investir les charts américains. Il faudra attendre juillet pour que la 45ème place du Bilboard Hot 100 des USA soit atteinte avec une reprise de… The Yardbirds. Sans Jeff Beck et avec Jimmy Page en tant que seul guitariste, le groupe de rock anglais est en perte de vitesse. Le producteur Mickie Most veut tenter de redorer leur blason en leur faisant enregistrer le rire du clown. Refus du désormais quatuor. Qu’à cela ne tienne, Most profite du fait que les Yardbirds soient en tournée et fait appel à des musiciens de studio à New York pour enregistrer la chanson sur laquelle la voix de Keith Relf sera ajoutée en overdub, à Londres cette fois. Hé, hé!

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Patrick BETAILLE, mai 2023

 

 

The Equals – Baby Come Back

 

Formé en Angleterre en 1965, The Equals était un groupe de pop anglaise composé de cinq musiciens dont Eddie Grant, auteur, compositeur et guitariste. Pour la première fois au Royaume-Uni, la formation intègre en son sein des blancs et des noirs jamaïcains, les jumeaux Dervin et Lincoln Gordon respectivement chanteur et batteur. Logiquement à l’époque, le répertoire du quintet s’appuie sur du ska teinté de rhythm & blues américain mais c’est avec un titre pop rock que la carrière de The Equals prend un tournant significatif avec Baby Come Back, une supplique pour le retour de l’être aimé.  ″Passer mes nuits dehors, dépenser mon argent en ville, faire n’importe quoi juste pour t’oublier, mais au matin c’est le retour à la case départ. Essayer de te sortir de mes pensées n’est qu’une perte de temps. Chérie reviens! Tu peux tout me reprocher, j’avais tort, mais je ne peux vivre sans toi. Donne moi une autre chance, reviens ″.

Lors de sa première sortie en juin 1967, la chanson composée par Grant figure en face B de Hold Me Closer qui passe relativement inaperçu. Quelques mois plus tard, le label change de stratégie et réédite le 45 tours en mettant Baby Come Back en face A. Et ça fonctionne! En Allemagne tout d’abord, grâce à un disc jockey qui diffuse très largement ce qui deviendra un hit international, culminant en tête des ventes en Belgique puis au Royaume-Uni en juillet 1968. Mais les meilleures choses ont une fin. Après quelques autres tubes, dont deux au Top 10 britannique (Viva Bobby Joe et Black Skin Blue Eyed Boy), des problèmes juridiques avec la maison de disques mettront fin à la production discographique du groupe qu’ Eddie Grant abandonnera en 1971.

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Patrick BETAILLE, avril 2023

 

Eddie Cochran – Summertime Blues

De Skinny Jim à Pretty Girl, Edward Raymond Cochran n’obtient que d’obscurs succès, mis à part peut être lorsque, armé de sa guitare Gretsch rouge, il interprète Twenty Flight Rock dans le film The Girl Can’t help It (La Blonde et Moi). Tout change en 1958 avec un titre composé avec Jerry Capehart, auteur-compositeur et ami grâce à qui le chanteur obtient la possibilité d’enregistrer au Gold Star Recording Studios à Hollywood. Écrit en 45 minutes Summertime Blues est publié en single au mois de juin 1958. Plutôt que les joies et l’insouciance de l’été, la chanson évoque le mal être des adolescents face aux contraintes imposées par la société. ″Je vais parler d’un problème et pousser un coup de gueule. Travailler tout l’été juste pour gagner un malheureux dollar! Quand j’essaie d’avoir un rendez-vous avec ma chérie, mon boss me dit: hors de question fils, tu bosses ce soir! Je me demande ce que je vais devenir… En plus mes parents m’ont dit: fils, si tu veux utiliser la voiture pour aller rouler dimanche prochain, tu dois gagner ta croûte. Résultat, j’ai pas été bosser, j’ai dit à mon patron que j’étais malade. Je vais partir deux semaines, prendre des vacances et évoquer mon problème à l’ONU. J’en ai parlé à un membre du Congrès qui m’a dit: j’aimerais bien t’aider fils, mais tu es trop jeune pour voter. Je me demande ce que je vais devenir! Il n’existe aucun remède contre la déprime de l’été .
Le titre fait mouche auprès de la jeunesse qui se retrouve pleinement dans les paroles. Musicalement tout le classicisme du rock’n’roll accompagne le texte: riff simple et efficace, rythme syncopé, nervosité du chant, claps de mains, tout y est pour bâtir une image à partir de laquelle le mythe du rebelle ne cessera de croitre, atteignant son apothéose en 1960, après le décès d’Eddie Cochran dans un accident de voiture.
Summertime Blues est intronisé au Grammy Hall of Fame en 1999. Classé 73ème dans la liste des 500 plus grandes chansons de tous les temps du magazine Rolling Stone. De Ritchie Valens à Patti Smith en passant par Jimi Hendrix ou les Black Keys le titre sera très souvent repris et à toutes les sauces. Parmi les versions les plus éruptives il faut retenir celle de Blue Cheer sur l’album Vincebus Eruptum en 1968 et bien sûr celle jouée durant quasiment tous les concerts par les Who. Dany Logan sera le premier à adapter la chanson en français en 1963 sous le titre Le soleil de l’été. Pour Johnny ce sera en 1975 avec La Fille de l’été Dernier.

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Patrick BETAILLE, avril 2023

Billy Joe Royal – Hush

 

Hush est une chanson écrite par le musicien et compositeur Joe South pour Billy Joe Royal, un chanteur de country de Géorgie qui l’enregistre dans un studio de Nashville en juillet 1967. Le single parait en septembre aux Etats-Unis et n’obtient pas le succès escompté. Par contre, sur le continent européen, c’est carton plein avec à la clef une première place au Top 10 en Belgique. Pas mal pour une pop song qui raconte l’histoire d’un gars qui est prêt à tout laisser en plan dès qu’il croit entendre la fille dont il est raide dingue prononcer son nom. ″J’ai cette fille dans la tête. Elle est si jolie, c’est la plus belle. mais je me sens tellement mal parfois. Chut, chut, j’ai cru l’entendre m’appeler. Le seul contact de sa main m’a subjugué. Tôt le matin, tard dans la nuit, j’ai besoin d’elle mais son amour est comme du sable qui file entre les doigts. Croyez moi, je ne dors plus, je ne mange plus. Chut, chut, j’ai cru l’entendre m’appeler! Elle m’a brisé le cœur mais je l’aime toujours autant. Na-na-na-na, na-na-na, na-na-na!

Dès sa sortie, Hush a fait l’objet de nombreuses reprises. En France Johnny Halliday s’empresse de l’adapter en l’intitulant Mal. Il faudra attendre encore un peu pour que le morceau soit enfin reconnu outre-Atlantique. Alors qu’il séjourne à Hambourg, Ritchie Blackmore entend la version originale et l’idée d’en faire une reprise plus rock fait son chemin. Shades of Deep Purple – le premier album du Mark I de son groupe avec Rod Evans au chant – sort au mois de juillet 1968, accompagné du 45 tours qui enfin se classe au quatrième rang des ventes de singles aux Etats-Unis. Plus près de nous, Little Bob Story en fait une excellente interprétation en 1987 sur l’album Ringolevio. En 1988, pour son vingtième anniversaire, le Pourpre Profond remet le couvert avec une version studio chantée cette fois par Ian Gillian sur l’album Nobody’s Perfect. En 1997, c’est une transposition vitaminée du hit par le groupe britannique Kula Shaker qui culmine à la deuxième place des charts au Royaume-Uni. 

Après Hush, Billy Joe Royal connaîtra un long passage à vide entrecoupé de prestations alimentaires à Las Vegas. Dans les années 80 il reviendra à Nashville où il entamera une nouvelle carrière country pop avec à la clef plusieurs LP’s sur le label Atlantic. Mais Chut!

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Patrick BETAILLE, avril 2023

The Flower Pot Men – Let’s Go to San Francisco

À la fin des années soixante, la Californie devient l’épicentre de la révolution culturelle et musicale. Surfant cette vague, beaucoup d’artistes et de groupes en profitent pour déposer des offrandes dans le temple du Flower Power: San Francisco. Ambiance douce et lumineuse, harmonies vocales aériennes nappées de mellotron, ce  Let’s Go to San Francisco aurait pu être très facilement confondu avec une production des Beach Boys en mode Peace & Love. ″ Partons pour San Francisco. Là bas les fleurs poussent si bien. Le soleil élève ton âme vers le ciel. Beaucoup marchent main dans la main, ils ont trouvé leur place. Laisse le vent souffler dans tes cheveux, va à San Francisco; voir ces visages éclairés par l’amour… ″.

Composée et produite par John Carter et Ken Lewis, enregistrée avec des musiciens de session, la chanson occupe les faces A & B du 45 tours qui sort en août 1967 sur le label Deram, filiale de Decca. Carter et Lewis sont anglais; ce qui explique peut-être pourquoi Let’s Go to San Francisco (Parts 1 & 2) – bien qu’à priori très vendeur – fait un flop aux Etats-Unis. Par contre The Flower Pot Men [NDLR: Les Hommes Pot de Fleur, il fallait l’oser celle-ci!] trouvent un excellent terreau sur le vieux continent avec notamment une quatrième place des ventes au Royaume-Uni. La forte demande implique de nombreuses apparitions télévisuelles qui, malheureusement, sont effectuées exclusivement en playback. Comme carter et Lewis refusent de se produire en concert, la maison de disques décide de faire appel à un vrai groupe chargé de prendre la route et d’assurer la promotion sur scène. Durant sa très brève carrière, la formation ad hoc recevra entre autres dans ses rangs de futurs Deep Purple: John Lord aux claviers et Nick Simper à la basse.

Alors que l’été de l’amour touche à sa fin, quatre autres singles voient le jour. Aucun ne parvient à renouer avec la popularité du voyage chez le angelinos qui, en version française interprétée par Richard Antony, devient: Il faut Croire aux Étoiles. The Flower Pot Men sera dissout en 1970.

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Patrick BETAILLE, mars 2023

Jean-Claude Delmas – Chirac dans le Métro

© Photo Jean-Claude Delmas/AFP

La scène se déroule le 5 décembre 1980 à la station Auber du métro parisien. Le chef de file de la droite française a 48 ans, il est en route pour inaugurer une exposition de peinture. Jean-Claude Delmas, photographe pour l’AFP, est présent. C’est lui qui immortalise Jacques Chirac en train de passer par-dessus le portillon filtrant. Transgression? Provocation? Que nenni!
Vous imaginez le Grand Jacques en train de faire la queue pour acheter un billet? Moi non plus! C’est donc le directeur de la RATP qui glisse le sésame dans le système de contrôle. Le maire de Paris ne prend jamais le métro. Il ne sait même pas comment ça fonctionne. Pour sortir il oublie de reprendre le ticket et se retrouve bêtement bloqué. Pensant que le portique était en panne, spontanément il décide de sauter par-dessus le tourniquet. Clic, clac!
Dès sa publication dans la presse le lendemain, la photo devient culte. À 5 mois de l’élection présidentielle, ce moment estampillé symbole du non-conformisme à la française, montre que le maire de Paris et futur candidat à la plus haute fonction ne recule devant rien et est prêt à tout pour franchir les obstacles. Mais au premier tour Black Jack est distancé par Valy. La suite on la connaît; une vague rose installera Kermitterand à la tête de le république française. Sauter n’est pas gagner!

Patrick BETAILLE, avril 2023