John Fogerty – Legacy

 

Après plusieurs décennies de batailles juridiques avec Fantasy Records, John Fogerty a finalement obtenu les droits d’édition de son catalogue. Mais il a aussi réalisé que jamais il ne possèderait les enregistrement originaux de Creedence Clearwater Revival. Qu’à cela ne tienne! Même si à 80 ans le chanteur-guitariste-compositeur n’a plus rien à prouver, il a fait le choix de relever le défi: réenregistrer une bonne partie des marqueurs de la musique américaine. Legacy, le bien nommé Creedence Clearwater Revival Years, regroupe 20 classiques du groupe revisités en famille. Une bonne parie de la tribu Fogerty s’est retrouvée en studio pour finaliser le projet pour le moins exigeant. Shane est à la guitare et à la basse, Tyler à la guitare, à la basse et aux claviers et Kelsy à la batterie. Malgré les ans, la voix de John n’a rien perdu et les gosses assurent à merveille pour honorer leur héritage avec une précision métronomique. Au point qu’à quelques détails minimes près l’on croirait entendre Up Around the Bend, Proud Mary, Travelin’ Band, Bad Moon Rising, Born on the Bayou, Fortunate Son et tous les autres interprétés à la grande époque par Doug Clifford, Stu Cook et Tom Fogerty qui aujourd’hui déclare:  » Soit on est complètement différent, soit on fait de son mieux pour sonner exactement pareil. C’était un challenge passionnant, dit-il en ajoutant:  ″ Pendant la majeure partie de ma vie, je n’ai pas été propriétaire des chansons que j’avais écrites. Les récupérer change tout « .

Aussi bons soient-ils, ces nouveaux enregistrements sont-ils meilleurs que ceux de feu Creedence Clearwater Revival ? Franchement non mais on s’en fout. Avec ces John’s Versions, Legacy permet de renouer avec les titres de l’un des plus remarquables groupes de l’histoire du rock et ses cinq albums classés dans le Top Ten entre 1968 et 1970.

Patrick BETAILLE, août 2025

 

Creedence Clearwater Revival – Proud Mary

 

[Extrait]: Ce quatuor a probablement été durant les années 60 et au-delà, le groupe de rock le plus intéressant de l’histoire du rock. Originaires de Californie, John et Tom Fogerty, Doug Clifford et Stu Cook ont élaboré avec un mélange de blues, de country et de soul, un style musical très en marge du psychédélisme ambiant et des poètes introspectifs.
Pendant 8 années, sous les noms de Blue Velvets, puis des Golliwogs, les musiciens vont acquérir expérience et savoir-faire qui vont peaufiner un swamp rock [ou bayou rock – NDLR] énergique immédiatement reconnaissable grâce à la voix rocailleuse de John et aux trémolos de la guitare de son frère Tom. À partir de 1964, The Golliwogs enchaînent les singles sans succès et pour ne rien arranger John Fogerty et Doug Clifford sont appelés sous les drapeaux en 1966. Une fois dégagé de ses obligations militaires, John relance la formation sous le nom de Creedence Clearwater Revival. ″ Creedence ″ en hommage à un ami, ″ Clearwater ″ en référence à une marque de bière et ″ Revival ″ pour signifier un nouveau départ. CCR entre alors en studio pour enregistrer son premier LP éponyme duquel sont extraits trois simples : I Put a Spell on You de Screamin’ Jay Hawkins, Porterville (une compostion originale) et une version fleuve de Susie Q de Dale Hawkins qui sera le premier tube du groupe. L’année suivante, en janvier 69, sort le deuxième opus, Bayou Country, qui à part une reprise de Good Golly Miss Molly dekivousavé contient des compositions éblouissantes dont Born on the Bayou et surtout Proud Mary. Les deux titres sortent sur un seul single en même temps que l’album. Composée le jour où John Fogerty a obtenu ses papiers de démobilisation de l’armée américaine, la chanson était censée raconter l’histoire d’une femme qui travaille comme bonne chez des gens riches. C’est Stu Cook qui a suggéré l’idée d’évoquer un steamboat qui navigue sur le Mississippi. Séduit par le concept, John a modifié le texte qu’il avait en tête et a fait en sorte que les premiers accords évoquent les roues à aubes du bateau…
… Bod Dylan déclare que c’est sa chanson préféré de l’année et le public ne s’y trompe pas. Proud Mary devient un énorme tube des deux côtés de l’Atlantique. Peu après, Bad Moon Rising et Lodi connaîtront le même sort, mettant CCR sur les rails d’une postérité phénoménale. Reprise avec bonheur en 1971 par Ike et Tina Turner, Proud Mary deviendra hélas risible avec la version française de Claude François qui lui préfère le train: ″ … et je roule, roule, vers mon arc-en-ciel. Roule, roule, pour m’éloigner d’elle…


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:
👉  IN VINYLE VERITAS – REMEMBER THE SIXTIES  👈

 

Patrick BETAILLE, octobre 2023