Le lundi c’est permis – Roots

© Robert Crumb – Harmonica Blues
 

{Salif Keita. ]: La musique est un arbre. Les racines sont la musique africaine traditionnelle, le blues. Le jazz c’est le tronc et les branches. Le rock, la soul, le reggae, le funk et toutes les autres musiques ce sont les fruits ″.


Patrick BETAILLE, novembre 2021

Vinyls – Ça fait rêver!

© Robert Crumb

 


Les manuscrits de la mer morte du collectionneur de disques. Après des mois de négociations fastidieuses, il vient d’arriver ″. Au bout de 40 ans, il est enfin à moi! Bel exemplaire en plus… regardez l’état de ces sillons! ″  (Illustration Robert Crumb).


Patrick BETAILLE, octobre 2021

Janis Joplin – Cheap Thrills

 

[Extrait]: En août 1968, arrive dans les bacs l’un des disques les plus emblématiques de l’histoire du Rock : Cheap Thrills de Big Brother and the Holding Company avec, depuis juin 1966, Janis Joplin au chant. Le triomphe est aussi inattendu que total. Personne ne sait alors ce qui se cache derrière cette œuvre magistrale. À sa sortie, le disque est annoncé comme étant le premier de la formation. Dans les faits, un précédent opus a déjà été produit sur un petit label local mais son succès n’est pas allé au delà de la baie de San Francisco. Fans des comics underground, Janis et son groupe décident de faire appel à Robert Crumb pour le cover art. Le dessinateur se met au travail et finalise un projet jugé trop classique par la maison de disques. En pleine période Flower Power, Columbia souhaite plutôt une photo du groupe dans le plus pur style hippie californien du moment…

Durant la séance photos, Pearl et les musiciens picolent énormément, consomment diverses drogues, font la fête et l’ambiance kitsch du studio dégénère rapidement en un bordel sans nom où tout ce beau monde délire dans le plus simple appareil. Il fallait s’y attendre, aucune photo n’est vraiment exploitable. Le temps presse. Au final, Janis parvient à imposer le dessin de Robert Crumb, prévu au départ pour le verso, en tant que recto de l’album. Il s’agit d’une bande dessinée criarde composée d’un patchwork de visuels annonçant titres et crédits sous forme de bulles. Sur la jaquette, un fac-similé de sticker mentionne en blanc sur fond noir un  » Approved by Hell’s Angels Frisco « . Ennemis jurés, Hell’s Angels et Hippies ne s’apprécient guère. Ils se rejoignent néanmoins autour des mêmes valeurs que sont la marginalité, la route, le sexe et le LSD… Pour son travail, Robert Crumb a touché quelques 600 dollars. Il se raconte toutefois que, pour tout dédommagement, l’artiste n’eut que le droit de toucher les seins de Janis. L’album, qui à l’origine devait s’intituler Dope, Sex and Cheap Thrills (Drogues, Sexe et frissons bon marché), se retrouve classé en tête du Billboard pendant huit semaines et y restera presque deux ans. Aujourd’hui encore, Cheap Thrills reste l’un des témoignages les plus fulgurants du blues psychédélique californien, notamment grâce à une interprétation viscérale et inoubliable du titre composé en son temps par George Gershwin pour l’opéra Porgy and Bess : Summertime !

Patrick BETAILLE, mars 2019


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:

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Robert Crumb – Chimpin’ the Blues!

Robert Crumb & Jerry Zolten: Chimpin' the Blues

Né à Philadelphie en 1943 Robert Crumb est dans les années  soixante l’une des figures de proue du Comix Underground. A cette époque il acquiert une renommée confortable en publiant les aventures d’un chat paillard et obsédé, Fritz The Cat et celles d’un gourou cynique, Mr Natural. Ces aventures feront d’ailleurs l’objet de publications en France dans Actuel, l’ Echo des Savanes et Fluide Glacial. Dans ces magazines il est également question de témoignages humoristiques et déjantés sur le psychédélisme, les drogues (il connaît bien le sujet…), la libération sexuelle et les femmes. Les Femmes! Il les aime et les dépeint résolument avec des formes généreuses, maternelles et dotées d’ un caractère bien trempé. Crumb, qui  se décrit lui même comme ″un obsédé pervers et névrosé″, met en scène la gent féminine sur fond de relation ambivalente tantôt animée par la haine et la crainte, tantôt empreinte de fascination et de fantasmes sexuels. Le dessinateur a une autre passion: La musique. Même si a une époque il refuse de travailler pour les Rolling Stones (il n’aime pas leur musique!) il commet quelques pochettes de disques dont la plus célèbre reste incontestablement celle de Cheap Thrills pour le Big Brother and the Holding Company de Janis Joplin. Malgré tout et musicalement, c’est en tant que collectionneur de disques 78 tours que Robert Crumb se distingue. Il se passionne particulièrement pour la Country Music, le Jazz et le Blues Vintage, sachant que tout ce qui est postérieur à 1935 ne représente pour lui que très peu d’intérêt. Sorti fin 2013, Chimpin’ the Blues est le fruit d’une collaboration avec un ami, lui aussi collectionneur, Jerry Zolten. Ce dernier, historien en musique et professeur d’université invite Crumb en 2003 dans son émission de radio au cours de laquelle tous deux passent en revue quelques uns de leurs favoris parmi les 78 tours des années 20 & 30. Sur les 21 titres de ce disque 10 sont la transcription de commentaires éclairés de la part des deux spécialistes mais c’est la musique qui reste à l’honneur avec 11 titres rares qui à eux seul représentent un véritable trésor. Les amateurs de Blues Old Style et les fans de Crumb devraient être séduits par le contenu et le contenant de Chimpin’ the Blues.

Patrick BETAILLE, octobre 2014 


d’autres anecdotes à retrouver dans le livre:

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