Xavier Marabout – Tintin au pays d’Edward Hopper

© Xavier Marabout

 

Né en 1967, Xavier Marabout dévoile très tôt il un vrai talent pour le dessin et la peinture. Il réalise sa première exposition d’aquarelles en 1984. Pourtant en 1990, après des études scientifiques, il devient ingénieur commercial pour un laboratoire médical, sans pour autant cesser de peindre et d’organiser des expositions privées. En 2006, changement de cap. Il s’inscrit à la Maison des Artistes. À partir de ce jour, il ne fera plus que peindre. Son travail consiste à dépouiller des univers artistiques éloignés pour les fusionner. Ainsi, en empruntant à la bande dessinée de son enfance et à la peinture des grands maîtres qui le fascinent, cet artiste breton a développé un style où le trait et la parodie sont omniprésents. Dans sa série Tex Avery – Picasso, il organise ainsi la rencontre du célèbre loup libidineux avec des femmes peintes par l’artiste espagnol.  Dans une autre parodie de 25 tableaux, Xavier Marabout utilise le regard voyeuriste et attentiste du peintre américain Edward Hopper pour imaginer une vie sentimentale et tumultueuse à un Tintin en compagnie de pin-up. C’est, inattendu, facétieux et très maitrisé. Un régal, malheureusement pas pour tout le monde. Moulinsart, la société qui gère les droits d’Hergé ne goûte guère les œuvres de Xavier Marabout et porte plainte pour contrefaçon et atteinte au droit moral. Jugement le 10 mai prochain.

En première instance, la chambre civile du tribunal judiciaire avait ainsi reconnu à l’artiste breton l’exception de parodie et l’intention humoristique. En appel en juin 2024, Xavier a été condamné pour contrefaçon par la cour de Rennes. Il lui est désormais interdit d’exploiter les personnages des aventures de Tintin et il doit verser une provision de 15.000 euros pour préjudice.

Shirley – Un voyage dans la peinture d’ Edward Hopper

© Edward Hopper

 

Le réalisateur Gustav Deutsch donne vie à 13 toiles d’Edward Hopper dans un film qui raconte les errances d’une femme, Shirley, dont les pensées et les émotions nous amènent au cœur de l’histoire américaine.  Chaque tableau correspond à une date précise calée sur l’année de création par Edward Hopper. Gustav Deutsch a respecté cet ordre chronologique et en a fait de courts chapitres de six ou sept minutes, donnant à voir ce qui se passe avant et après l’instant figé par l’œuvre initiale. Au final, 34 ans de vie ont été peints puis portés à l’écran. Techniquement, le passage de l’univers en 2D des toiles à l’animation 3D des plateaux n’a pas été une mince affaire. Pour résoudre les problèmes liés à la perspective ou à la profondeur il a fallu construire des décors en grandeur nature. Quant aux lumières, il fallait décider de la manière dont on pouvait les placer et les gérer sans qu’elles ne compromettent l’aspect pictural original. A la fois impressionnante reconstitution historique et mariage de raison entre Cinéma et Peinture, Shirley, Visions of Reality est une œuvre originale, novatrice et unique sur laquelle il ne faut absolument pas faire l’impasse.

Patrick BETAILLE, septembre 2014