Fidèle à la tradition, le douzième album studio de Danko Jones propose un heavy rock sec, carré et percutant. Leo Rising ne fera pas certainement basculer la carrière du groupe canadien mais il confirme une sincérité qui n’est pas étrangère au fait que l’on apprécie ce power trio depuis plus de 20 ans. Certes, pas de quoi faire oublier la frénésie de We sweet Blood paru en 2003 mais les onze titres du nouvel opus prouvent que, sans chichis, sans esbrouffe et loin des tendances, le rock n’est pas encore mort dans l’Ontario. Pour preuve, Diamond in the Rough et son clip en hommage à Kiss s’impose avec un solo incandescent de Marty Friedman (Megadeth) qui transforme le morceau en explosion de virtuosité et de flamboyance. ✪✪✪✪✪
Pour Anesthetic, son premier album solo paru en 2019, Mark Morton – connu pour mitrailler les riffs comme un GI sous amphètes – s’était livré à une approche plus conventionnelle du hard rock en se démarquant du heavy/trash metal de Lamb of God. Avec le récent Without the Pain, le guitariste américain confirme le virage au frein à main et dévoile une autre facette de ses talents. Sur le beau cover art de ce deuxième opus on le voit de profil et on imagine son regard posé sur l’horizon de ces influences country rock et blues rock. Pour la circonstance Morton a fait appel à quelques potes triés sur le volet. Au fil des dix titres l’on découvre de fait les participations de membres de Clutch, Blacktop Mojo, Blackberry Smoke ou Tyler Bryant & The Shakedown. Entre autres. Musicalement l’ensemble tient la route et s’avère très efficace grâce à un cruise control qui permet de rouler en toute décontraction entre rock marécageux (without The Pain), shuffle (Hell & Back), blues rock torride (Forever In The Light), ballade mélancolique (Come December), doom tonitruant (Noctural Sun) et americana (Kite String). Dernière station avant l’autoroute; faire le plein; direction le Sud, la Virginie. Dust, rageur et percutant, Brother à la fois classique et magistral et The Needle & The Spoon une réinterprétation sincère du classique de Lynyrd Skynyrd. L’album s’achève sur le rire d’un enfant avec Home, un titre au lyrisme mélancolique qui baigne dans une ambiance musicale envoutante. Avec une tracklist haut de gamme Without the Pain est un album convaincant qui trouvera très facilement sa place aux côtés du Whomp Whack Thunder de Whiskey Myers. ✪✪✪✪✪
Le bassiste-chanteur accompli surnommé ″ The Voice of Rock ″ n’avait rien produit depuis Resonate paru en 2016. Neuf ans que nous n’avions pas entendu de nouvel album solo de la part de Glenn Hughes. Impossible de lui en vouloir. Il avait un mot d’excuse justifiant d’une étroite et prenante collaboration avec Black Country Communion et The Dead Daisies. Chosen arrive donc à point nommé pour remettre les pendules à l’heure. L’ex-Deep Purple nous gratifie de dix titres vintage à souhait, dans la plus pure tradition d’un heavy rock porté par une voix toujours aussi impeccable et un jeu de basse souverain. Très classique dans sa conception mais hélas sans réelle surprise ou originalité, cette nouvelle production offre néanmoins une redoutable efficacité. On ne la fait pas à un briscard de 74 balais. Glenn Hughes le prouve en s’adjugeant la présence de pointures, celle notamment de Soren Andersen, le guitariste virtuose qui enchaine phrasés et riffs de haut niveau. Malheureusement, impossible d’échapper à Come and Go, la ballade ampoulée mélodramatique à souhait. Dommage!
Dommage aussi que pas un seul titre – à part peut-être en cherchant bien et après plusieurs écoutes – Voice in My Head ou Black Cat Moan – ne se détache vraiment d’un album somme toute bien léché, homogène et agréable à écouter. ✪✪✪✪✪
Tronche de killer hurlant, Ginson Flying V fumante pointée vers le ciel, d’emblée le message est clair: le mec il n’est pas là pour enfiler des perles. Ce guitariste canadien est pour moi une découverte prescrite par un mien expert en trucs qui hérissent les poils de la guitare. Anthony Gomes s’y connait en 6 cordes et c’est toute son énergie qu’il déverse aux pieds du blues rock, du hard rock et du metal. Question voix le gars ne fait pas dans la dentelle non plus avec un clonage des cordes vocales de Rod Stewart (Love Song Gone Wrong) et celles de Billy Gibbons (Praise the Loud), le tout dégrossi à la râpe à bois puis mixé au pili-pili. Le vaste répertoire vociférant de Gomes rend parfois aussi hommage à ses pairs tels que Free (Inside Out) ou AC/DC (Electric Blues Crusade). Who cares! En 12 titres Praise the Loud est véritablement une expérience électrisante, délivrée avec virtuosité, décontraction et un savoir faire redoutable de la part de ce power trio.
D’entrée, le titre éponyme frappe très fort en juxtaposant riffs puissants et solo explosif à la wah-wah. Pour la suite, la même recette est appliquée, y compris sur des morceaux mid tempo comme Netflix and Chill. En juxtaposant guitares massives, chant puissant et rhythmique impeccable de la part de ses deux acolytes (le bassiste Jacob Mreen et le batteur Chris Whited), Anthony Gomes parvient à ouvrir la frontière entre le blues et le rock en saupoudrant largement les genres d’incandescence. En ce sens, In the Name of the Blues et son jeu de guitare exceptionnel est probablement le plus représentatif de ce processus. Même tarif, même punition pour Electric Blues Crusade au solo de guitare jouissif et exceptionnel d’audace. L’album s’achève comme il a commencé sur Blame on Rock and Roll, un hard rock plombé de chœurs entêtants.
Praise the Loud est convaincant. Le genre est assuré de prospérer tant que des artistes comme Anthony Gomes seront là pour entretenir la flamme!
En ce printemps 2025, L.A. Guns, les vétérans du sleaze rock californien nous gratifient de leur quinzième album studio. Leopard Skin témoigne de pas loin de 40 années de bons et loyaux services au cours desquelles le groupe a toujours fait preuve d’une énergie sans faille pour entretenir la flamme d’un heavy rock simple et efficace. Les dix titres de ce nouvel album – le quatrième depuis le retour aux affaires des membres fondateurs Phil Lewis (chant) et Tracii Guns (Guitare) – offrent une ambiance baignée à la fois de nostalgie et d’inventivité. Dès le premier morceau, Taste It, on retrouve avec plaisir la signature sonore qui a fait la renommée du quintet de Los Angeles: des riffs tranchants, une rythmique entraînante et la voix puissante de Phil Lewis. Lucky Motherfucker vient confirmer la tendance en y ajoutant à mi-course une touche funky et un break étonnant d’originalité. Pas de baisse de régime avec The Grinder, Intense et crasseux avec ses solos de slide. Hit And Run est un mid tempo moins bourrin mais irrésistible. Rien à voir toutefois avec le déjanté Don’t Gimme Away. Lui aussi en mode mid tempo, I’m your Candy Man précède l’étonnant Runaway Train [Rien à voir avec le titre de Soul Asylum – NDLR], une incursion country and western acoustique. Follow The Money s’inscrit dans la lignée des classiques du hard rock avec guitares en veux-tu en voilà et déclamations voraces. Dans la série » on sait faire aussi des ballades » c’est le moment de The Masquerade. Intro acoustique, profusion de cordes avant que ne débraque la fée électricité et ses lignes mélodiques dans la plus pure tradition power ballad des eighties. Avec If You Wanna, l’album s’achève comme il a commencé; avec le même punch.
Même s’il ne bouscule pas les codes, Leopard Skin est l’occasion d’apprécier l’honnêteté et l’efficacité de ces Guns encore et toujours prêts à défourailler pour entretenir leur légende, y compris en faisant appel à l’artiste peintre Kahla Lewis pour un cover art des plus attractifs.
Trois après Eyes of Oblivion qui mettait fin à une pause amorcée en 2008, les métalleux suédois reviennent avec un nouvel album studio: Overdriver. L’occasion rêvée pour The Hellacopters de célébrer dignement 30 ans de bons et loyaux services rendus au rock énergique sous influence seventies. Sans pour autant laisser de côté un genre grâce auquel il a pu acquérir les faveurs du public, le gang nordique semble cette fois s’orienter vers quelque chose d’un peu plus classique certes, mais imprégné de sophistication et d’efficacité. Token Apologies et son intro tonitruante semble tout à fait adapté à une ouverture de concert. I Don’t Wanna Be Just A Memory est clairement influencé par une power pop à la fois énergique et classieuse grâce à laquelle le quintet parvient à maitriser sa fougue de la plus belle des manières. Soldier On, un beau mid tempo ponctué par des parties piano qui collent à merveille à l’ensemble. Retour aux sources avec Wrong Face On, Doomsday Daydreams et Faraway Looks, archétypes d’un classic rock vitaminé dans lequel Nicke Andersson et sa bande excellent.
Au premier abord, Overdriver et ses 11 titres est peut-être moins facile à aborder que son prédécesseur mais ça n’est qu’une apparence derrière laquelle il faut savourer une belle constance, du talent et un soupçon d’originalité, même si…
À condition d’y prêter une oreille attentive on se laisse vite emporter par un ensemble harmonieux, des refrains convaincants et des guitares explosives. Pour ceux chez qui le doute subsisterait encore je conseille Leave A Mark qui clôture le débat en remettant l’église au milieu du village.
Après avoir tenu le micro au sein du groupe australien de 2015 à fin 2018, John Corabi revient en tant que frontman remplacer au chant Glen Hughes parti batifoler chez Black Country Communion. Le septième album studio des Dead Daisies marque donc une nouvelle étape dans la carrière de ce supergroupe qui, au fil des années, a connu bon nombre de changements de line-up. Aujourd’hui c’est un quintet affuté qui vient promouvoir un heavy rock haut de gamme. Doug Aldrich anciennement guitariste de Whitesnake, David Lowy le guitare rythmique membre fondateur du groupe, Michael Devin – lui aussi un ex-Whitesnake – à la basse et Tommy Clufetos, un des anciens batteur de Black Sabbath, accompagnent le retour de l’ex-chanteur de Mötley Crüe. La voix puissante de Corabi colle efficacement à un registre somme toute assez classique mais bougrement efficace puisque soutenu par la virtuosité de Aldrich, la maîtrise de Lowy et une rhythmique solide. C’est exactement ce que l’on ressent à l’écoute du premier skud, celui qui offre son titre à l’album: Light ‘Em Up [allumez-les ! – NDLR]. Il en va de même pour les morceaux suivants avec une mention particulière pour I Wanna be your Bitch ou I’m Gonna Ride qui semblent tout droit sortis du répertoire AC/DC et un Take a Long Line basique mais terriblement badass. En neuvième position un dispensable Love That’ll Never Be, une ballade aux sonorités très eighties bienvenue pour le repos des cages à miel après un décrassage zélé. Take my Soul parachève l’ensemble avec un mid tempo atmosphérique qui connait une accélération au cours de la quelle Doug Alrich renoue avec son passé Whitesnake. Mission accomplie pour les Dead Daisies. Light ‘Em Up est puissant sans être outrancier, traditionnel sans être rétro, mature, sans concession, tout simplement simple et réjouissant.
Beaucoup en 2010 – et j’en faisais partie – ne donnaient pas cher de cette réunion au sommet, et ce, malgré le plaisir indéniable suscité par un premier album éponyme: Black Country Communion. D’autres productions plus qu’honorables ont suivi: Black Country Communion 2 l’année suivante et Afterglow en 2012. Cinq ans de silence. Il y avait matière à penser – et je le pensais – que c’en était fini de cette association haut de gamme et qu’il était temps d’aller voir ailleurs si le classic rock était toujours d’actualité. Arrive pourtant une quatrième invitation intitulée BCCIV et bourrée d’alchimie palpable entre des joueurs aguerris et talentueux.
Du coup, sept ans plus tard, la curiosité – et curieux je suis – était de mise vis à vis de V le cinquième opus du super groupe. La formation allait-elle confirmer la réussite du précédent ou se satisfaire d’un heavy rock alimentaire? Franchement, ça valait le coup d’attendre. En 10 titres, Glenn Hughes (bass & vocals), Derek Sherinian (keyboards), Jason Bonham (drums) et Joe Bonamassa (guitars) nous offrent ce qui se fait de mieux dans le genre. Les compositions sont accrocheuses, soignées et n’ont aucun mal à se démarquer des platitudes habituelles. Au chant, Glen Hughes brille par sa puissance et son feeling. Les guitares rhythmiques et solos de Joe Bonamassa sont incandescentes. Bohnam la joue simple et efficace et les nappages aériens des claviers de Sherinian assurent à merveille la cohésion de l’ensemble. Le quatuor est au mieux de sa forme et assurément V peut être considéré comme une démonstration classieuse et recommandable nous invitant à rêver que l’aventure puisse continuer.
The Dead Daisies est un groupe de hard rock qui envoie du bois coupé en Australie. C’était du moins le cas quand en 2012 Jon Stevens et David Lowy, respectivement chanteur et guitariste originaires de Sidney décident de se lancer dans l’aventure. De nombreux changement de line-up, ont vu passer Marco Mendoza (Whitesnake / Thin Lizzy), Dizzy Reed (Guns N’ Roses), Darryl Jones (Rolling Stones), John Tempesta (The Cult), Doug Aldrich (Whitesnake), John Corabi (Mötley Crüe), Glenn Hughes (Black Country Communion et Deep Purple) et Tommy Clufetos (Rob Zombie & Black Sabbath). Aujourd’hui le combo est essentiellement composé de musiciens américains et n’a plus grand chose à voir avec ses origines. Le seul membre australien restant étant le fondateur et guitariste David Lowy, désormais accompagné de Brian Tichy (drums), John Corabi (vocals), Doug Aldrich (guitar) et Michael Devin (bass). Après 7 albums et 10 ans après la sortie du premier, le quintet débarque avec un nouveau disque. Appelons un chat un chat, surtout quand c’est marqué sur l’étiquette. Un Best Of! Vous savez ce truc de fainéants à but lucratif. Sauf que là non! 18 morceaux qui passent en revue l’intégralité d’albums excellents dans lesquels il n’y a rien à jeter surtout s’agissant des deux derniers, Holy Ground (2021) et Radiance (2022). En prime et en plus, deux inédits, juste pour prouver que les gars en ont encore sous le pied: The Healer et Let It Set You Free. Voilà, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Moi c’est fait!
Les australiens sont de retour! Non, pas eux, les zôtres: The Casanovas. En 2007 et après deux albums, le guitariste-chanteur Tommy Boyce avait imposé un break à son groupe afin qu’il puisse mener à bien ses études en architecture et obtenir son diplôme. Comme quoi!
Après deux autres LP’s – Terra Casanova et Reptilian Overlord parus respectivement en 2015 et 2020, voici donc Backseat Rhythms qui vient confirmer l’excellente réputation dont bénéficie le power trio qui de près ou de loin, mais surtout sur scène, peut se vanter de pouvoir rivaliser avec Airbourne, The Darkness ou The Black Crowes. À part l’arrivée d’un nouveau batteur en la personne de Brett ″ Wolfie ″ Wolfenden pas grand changement sous les cieux de la lointaine Aussie. Serait-ce un clin d’œil? La pochette ressemble étrangement à celle qui, en 1989, illustrait le Sonic Temple de The Cult. Avec dix titres 100% rock les séducteurs restent fidèles à un hard rock très seventies qui ne manquera pas de rassurer les fans et de séduire les adeptes d’une high energy aux petits oignons produite par celui qui, en son temps, a fait ses preuves avec les Who, Thin Lizzy, Bad Company, UFO, Kiss et led Zeppelin (Physical Graffiti): Ron Nevison.
Dixit le New Musical Express à propos de The Casanovas: ″ c’est comme Jet [autre groupe australien qui casse la baraque – NDLR] sous Viagra mais en mieux! ″. Quant à ceux qui oseraient prétendre que l’on a affaire à du sous AC/DC, ils seront démembrés à l’aide d’un coupe-ongles. Pas vrai Jojo?!