[Extrait]: 1956. Annie Mae Bulloock est fan du groupe Kings of Rhythm au sein duquel Ike Turner assure le lead, joue de la guitare et chante. À la faveur d’un concert, celle qui veut se faire un nom sur scène, fait le forcing pour être engagée dans la formation et obtient gain de cause. Ike la prend comme chanteuse, la rebaptise Tina et l’épouse en 1958…
Tina est impressionnante, c’est une bête de scène. Sa voix est un lance-flammes et elle assure le show de façon suggestive. Ses tenues couvrent à peine ses fesses et dans ses mains, sans la moindre ambiguïté, le micro devient un symbole phallique qui en affole plus d’un. Les tournées s’enchaînent et, comme par magie, les portes des studios s’ouvrent… Ike & Tina Turner parviennent à sortir une bonne trentaine de singles et plusieurs LP’s. Cette année là en novembre, lors d’un show télévisé ils font la rencontre du directeur des programmes. Phil Spector – c’est lui – est un fervent admirateur de Tina et rêve de lui faire interpréter une de ses compositions co-écrite avec Ellie Greenwich et Jeff Barry : River Deep, Mountain High. Spector veut mettre toutes les chances de son côté et pour ce, il fait appel à quelques requins de session affûtés… Après deux journées de calage de la bande son avec les musiciens, Spector fait entrer Tina en studio le 7 mars et la fait travailler encore et encore jusqu’à obtenir la perfection qu’il attend d’elle. Les paroles évoquent un amour inconditionnel, plus profond que n’importe quel fleuve et plus grand que n’importe quelle montagne…
En tout point magnifique, le single sort en mai 1966. Au final, l’enregistrement revient à 22 000$, à l’époque un prix incroyable pour un single. En dépit de l’excellent accueil qui lui est réservé en Europe (N°1 en Espagne, N°3 au Royaume-Uni), aux États-Unis c’est un flop…
L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:
IN VINYLE VERITAS – REMEMBER THE SIXTIES 
Patrick BETAILLE, juillet 2023
