Rory Gallagher (1948-1995) est né à Ballyshannon, Co. Donegal le 2 mars 1948, et sa famille a déménagé à Cork au début des années 50. Il apprend sur sa première guitare à l’âge de 9 ans. Il joue avec son premier groupe (The Impact) alors qu’il n’a que 13 ans, forme Taste en 1965 et se produit en solo à partir de 1970. En 1972 il est élu Musicien de l’Année par le Melody Maker. Tournées incessantes, 30 millions d’albums vendus, Rory décède à Londres le 14 juin 1995 à l’âge de 47 ans des suites d’un cancer du foie. Il est enterré au cimetière St Oliver à Carrigrohane, dans le comté de Cork.
À Cork même, une place porte déjà le nom du guitariste irlandais et une sculpture en bronze lui rend hommage. L’œuvre de l’artiste locale et amie de Rory – Geraldine Creedon – représente, d’un côté une guitare, de l’autre, les paroles entrelacées de Jinxed (album Jinx sorti en 1982). En octobre, Shane O’Callaghan, conseiller municipal des lieux, a proposé l’idée d’un Rory Gallagher Music Festival annuel. Un peu à l’instar du Rory Gallagher International Tribute Festival de Ballyshannon qui se déroule tous les ans depuis 2002, la manifestation de Cork aura pour thème principal la célébration sous diverses formes de l’énorme contribution de Rory Gallagher à la musique, mais aussi la promotion de nouveaux talents de la scène locale. Le projet a été approuvé à l’unanimité. Dates et modalités restent à définir pour pouvoir envisager un Irish Tour digne de ce nom!
Ghost Blues! Un très beau moment que ce double Dvd consacré à un des – n’ayons pas peur des mots – plus grands guitaristes de tous les temps et incontestablement – ne nous dispensons pas d’être partial – le plus grand musicien tout droit issu de la tourbeuse Erin: Rory Gallagher. Et Hop !
La première galette The Story of Rory Gallagher raconte évidemment l’histoire de Rory. Original? Non, élémentaire ! De sa naissance à Ballyshannon jusqu’à sa mort à Londres en 1995 à l’âge de 47 ans. Pour faire court on y découvre pendant quasiment 1h30 sa jeunesse à Cork et plus particulièrement ses débuts musicaux laborieux dans un groupe de balloche, ses premières productions discographiques avec Taste et bien sûr le gros morceau, sa carrière solo, y compris l’épisode Rolling Stones. Tout simplement passionnant ! La réalisation de cette biographie s’appuie, un peu à la manière des Classic Albums, sur les témoignages de figures qui ont de près ou de loin côtoyé ou accompagné l’Irlandais. Son frère (et manager), The Edge, Bob Geldof, Slash et d’autres ; ou encore Gerry Mac Avoy et Ted McKenna, respectivement bassiste et batteur de la formation. Tous nous livrent de riches anecdotes indispensables à la compréhension de la démarche musicale du personnage. Certaines révélations étonnent : Son frère qui a envie de lui casser la tête en constatant qu’à la veille d’une promo Rory a détruit l’enregistrement de son album ; le saviez vous ? il jouait aussi du saxo ! D’autres font rire : Ce fan qui pendant un cours de menuiserie essaie de brûler sa gratte au chalumeau pour qu’elle ressemble à la Strat de son guitariste préféré. Celle enfin qui révèle avec beaucoup d’émotion qu’au sortir d’un concert Monsieur Gallagher traverse la rue pour aller filer quelques biftons à un musicien ambulant. Et quoi d’autre? Vous le saurez en faisant l’acquisition de ce petit bijou que tout Gallagherophile qui se respecte se doit de posséder, ne serait ce que pour apprendre que … Non rien ! Enfin si ! rapport à la première place dans un sondage sur les guitaristes de l’époque ; devant Clapton, Page et Hendrix siouplait. Tant pis c’est dit !
Le second Dvd Beat Club Sessions regroupe quant à lui les extraits d’émissions de télévision allemande de 1971 et 1972. 16 titres, que je sache jusqu’à présent jamais diffusés, dont les classieux ″Laundromat″ et ″Messin with the Kid″ dont l’interprétation inspirée vous fait vite oublier le montage kitscho-psychélique très tendance à l’époque.
Avec ces deux skuds pas un seul instant on ne s’ennuie, c’est évident, mais surtout on découvre un artiste extrêmement doué, passionné, sensible, intègre et profondément humain.
Zoom!Parce que c’est vous (et puis je suis chez moi ici non ?) je vais partager une anecdote malheureuse concernant ma rencontre avec Rory. C’était en 1985, en Août je crois. Concert aux arènes de Mont de Marsan (40). Le Rock festival de Mont-de-Marsan qu’ils appelaient çà. A l’époque j’avais ma propre émission dans une radio locale. Tapage nocturne consistait en deux heures hebdomadaires bien évidemment consacrées au Rock dans tous ses états. Me voilà donc parti dans les Landes avec pass, casse croûte, canettes et magnéto pour couvrir l’événement. Mont de Marsan donc. Ca démarre mal, Rory est en retard, plus d’une heure, et il se murmure même que sa prestation est annulée. J’en discute d’ailleurs au hasard d’une rencontre avec un mec Sympa, Jean Pierre Sabouret, journaliste dans un mensuel Rock. Soudain une clameur monte et Rory déboule sur scène. Tout le monde se branche et à l’arrache démarre un show qui dure deux heures trente. De la folie furieuse, un set fabuleux au cours duquel ont été joués pas mal de titres de Calling Card et Top Priority mes albums studio préférés je l’avoue. Rappel, rappel, fin du concert et course vers l’interview. Rory me reçoit avec une franche poignée de main, de celles que normalement l’on réserve aux bons potes et me tend une canette. Il est lessivé, en nage, et visiblement heureux. « It was really fantastic ! » dis je en attaquant ma canette, par le goulot comme il se doit ; lui en est déjà à la troisième. S’en suivent une vingtaine de minutes de conversation plutôt que d’interview formelle. Je lui demande des nouvelles de la Tatoo’d Lady, il s’excuse du retard, je lui parle de son harmoniciste (Je sais pas encore que c’est celui de Nine Below Zero) et de sa prestation fabuleuse, il me demande si je veux une autre bière. Je lui confirme que j’adore Shadow Play, il me remercie. Je suis aux anges, le temps qui m’est imparti est consommé, enregistreur sur Stop, il sourit, me raccompagne avec une main sur l’épaule, à MOI ! Je quitte les lieux, exit les arènes alors qu’Eric Burdon a commencé son set mais je m’en tape et visiblement je ne suis pas le seul. Je ne pige pas ce qui m’arrive et je suis déjà en train de gamberger sur la super émission que je vais monter pour la semaine d’après. C’est là que ça se complique. Retour à Pau, passage au local pour restituer le matériel. Je dépose le bobineau sur un coin de console. Erreur ! Le lendemain je repasse au studio pour faire le montage en cabine. Plus de bobineau. Panique. Ouf ! je le retrouve, pas là où je l’ai laissé mais je le retrouve. Play !…catastrophe ! en lieu et place de mon reportage je tombe sur les commentaires d’un consanguin notoire et local sur le déroulement de je ne sais plus quelle manifestation agricole de la plus haute importance. Je trouve le coupable qui à ma gueule et à mes yeux injectés de sang comprend qu’il vaut mieux qu’il s’écrase.
Extrait : T’as bien vu qu’il y avait marqué ″Rory Mont de Marsan″ sur la bobine non ? – Ouais ! c’était quoi ? – Laisse tomber et vas te perdre crétin !
Tout ça pour dire qu’une fois l’incident digéré, ce que j’ai gardé de cette rencontre je l’ai retrouvé dans cette biographie. A tel point qu’à la fin de Ghost Blues la gentillesse, la simplicité et la disponibilité de cet immense artiste m’ont foutu un peu d’eau au bord des yeux.