Link Wray – Rumble

 

[Extrait]: Lors d’un concert en Virginie, Link Wray et son groupe The Ray Men ont créé un instrumental qu’ils ont appelé Oddball. Succès instantané auprès du public qui, ce soir-là, le réclame en rappel à quatre reprises. Milt Grant, un animateur de radio présent sur les lieux, propose de financer une session en studio. En contrepartie, Grant obtiendra les droits sur l’écriture. Sollicité, Archie Bleyer, le producteur de Cadence Records, déteste ce qu’il entend et refuse d’enregistrer le titre. Cédant aux insistances de sa belle fille qui adore le morceau, Bleyer accepte à contrecœur de publier cette histoire sans paroles qui prit le nom de Rumble. Dès sa sortie, au prétexte que le morceau incite la jeunesse à la violence, plusieurs radios américaines en interdisent la diffusion. Une première pour un morceau totalement instrumental !..

Rythme tribal, ambiance menaçante et son crasseux, celui d’un cran d’arrêt tranchant le cœur de la pop tiédasse. Partout, dans les garages, les sous-sols et les chambres à coucher, des musiciens en herbe comme Jimmy Page, Pete Townsend et des milliers d’autres ont reproduit cette puissance distordue. Jouer Rumble était un rite de passage obligé pour tout guitariste qui voulait exploiter le dynamisme mystérieux de cette nouvelle musique. Sans Link Wray, le Rock tel que nous le connaissons n’existerait pas.


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:
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Patrick BETAILLE, décembre 2024

Rumble – The Indians Who Rocked the World

Catherine Bainbridge Rumble

En 1958 lors d’un concert un des micros se retrouve plaqué contre l’amplificateur du guitariste. S’en suit un son extrêmement saturé qui donne naissance à Rumbleun instrumental sur trois accords avec lequel l’amérindien Link Wray  posera l’une des pierres fondatrices du Rock. Se remémorant ce frissonnant classique, Martin Scorsese jubile : ″le son de la guitare… cette agressivité… C’était le premier morceau à utiliser la distorsion et le feed-back. Rumble marque l’arrivée de l’accord de puissance dans le rock – et c’est également l’un des rares morceaux instrumentaux à avoir été interdits à la radio, tant on craignait qu’il n’incite à la violence…″. Réalisé par Catherine Bainbridge ce documentaire exceptionnel retrace l’histoire de ces indiens natifs d’Amérique qui ont donné ses lettres de noblesse à la musique populaire, Rock et Blues en tête. Via des extraits de concerts, des images d’archives et des interviews, les portraits de ces icônes autochtones nous sont contés par quelques unes des plus grandes légendes américaines de la musique qui les ont côtoyées, qui ont joué avec elles ou qui s’en sont inspiré. De Buddy Guy et Quincy Jones à Iggy Pop, en passant par Steven Tyler et Stevie Van Zandt et bien d’autres, tous reconnaissent cet héritage. Rumble, le film, montre à quel point les influences autochtones représentent un pan important de l’histoire de la musique et ce malgré les nombreux efforts déployés pour interdire, censurer et éradiquer les cultures autochtones aux États-Unis. Sorti aux Usa en octobre 2017 et disponible en Dvd, le documentaire sera projetée dans certaines salles françaises à partir du 7 novembre 2018. Toutes les infos: Rumble, the Movie.

Patrick BETAILLE, octobre 2018