Parental Advisory ″Explicit Lyrics″, ou encore ″Explicit Content″. Le sceau de l’infamie appliquée aux artistes qui dérangent par le contenu de leurs skuds. La faute à Prince! Son sixième album, Purple Rain, sort en 1984 avec le succès que l’on connait. Parmi les 9 titres figure Darling Nikki qui comporte les paroles suivantes : ″I knew a girl named Nikki / I guess you could say she was a sex friend / I met her in a hotel lobby / Masturbating with a magazine″. Lorsque Tipper Gore, la femme du vice président des USA, entend le morceau en provenance de la chambre de sa fille de 11 ans, elle entre dans une colère mémorable, ameute ses copines du monde politicien et décide de fonder le PMRC (Parents Music Ressource Center). En utilisant le réseau de leurs époux, ces femmes exercent une pression sur les labels, les diffuseurs et établissent la liste des 15 Filthy Fifteen (traduire par 15 saletés) sur laquelle figurent entre autres des titres de Prince, Judas Priest, ACDC, Black Sabbath et même Madona ou Cindy Lauper. Désormais tout ce qui parle de sexe, de drogue, d’alcool et de violence s’attire les foudres du pudibonde organisme qui réussit à obtenir des Majors que soit apposé le fameux Parental Advisory/Explicit Lyrics sur chacun des albums identifiés comme nuisibles à la morale. Certains distributeurs vont même jusqu’à refuser de mettre en rayon les disques estampillés Explicit Content. Sale temps pour le Rock en général et le Metal ou le RAP en particulier! Certains groupes se manifestent, Rage Against the Machine par exemple. Excédés, les membres posent nus avec le logo PMRC peint sur le torse, et ce, sous un déluge de Larsen et de sons distordus. C’était en 1993 au festival de Lollapalooza. Avant, en 1991, Guns N’ Roses apposent sur Use Your Illusions I & II la mention suivante: ″This album contains language which some listeners may find objectionnable. They can F*** OFF and buy something from the New Age section″ (Cet album contient des propos qui pourraient heurter la sensibilité de certains auditeurs. Ils peuvent aller se faire foutre et acheter autre chose au rayon New Age). C’est peut être finalement de la rue que vient la réaction la plus préjudiciable au puritanisme ambiant. Petit à petit en effet, indiquer clairement un contenu choquant est devenu en quelque sorte un gage de qualité et un certificat d’ authenticité subversive. Et toc!
Patrick BETAILLE, juillet 2015