Physiquement ravagé par des excès divers et variés, le guitariste des Stones n’a même pas eu besoin de passer par la cage maquillage pour tenir le rôle de Teague Sparrow, le père du Pirate des Caraïbes. Tellement marqué par les saccages du temps, le créateur de ″Satisfaction″ est désormais incapable de prendre un solo. Keith Richards est atteint d’une telle arthrose des doigts qu’il passe la plupart de ses concerts à prendre les vieilles poses de flibustier psychopathe en triturant le moins possible ses guitares. ″Keef Riff″ laisse le boulot à Ron Wood, pièce rapportée depuis 1976 et qui ressemble désormais à un pivert empaillé fignolé à la chevrotine. La légende, elle, reste inaltérable et pour l’heure la notoriété de la star la plus élégamment délabrée du rock’n’roll est intacte. Comme par miracle il devient impossible d’oublier que de ces doigts aujourd’hui difformes sont nés un nombre inépuisable de riffs monstres : ″Jumpin’ Jack Flash″, ″Honky Tonk Women″, ″Gimme Shelter″, ″Bitch″ ou ″Brown Sugar″.
Patrick BETAILLE, septembre 2017