
Un jour, quelqu’un vient solliciter Socrate à propos d’une rumeur concernant son ami Diogène. Avant d’aller plus loin, le philosophe propose à son interlocuteur de le soumettre au test des trois passoires afin de déterminer si son information mérite d’être développée.
- Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?
- Un instant! dit Socrate. Avant que tu ne m’en dises plus, j’aimerais te faire passer le test des trois passoires.
- Les trois passoires ?!
- Oui, reprit Socrate. C’est ma façon de déterminer si ton histoire mérite d’être entendue. Tu vas comprendre… La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me rapporter à propos de Diogène est vrai ?
- Non. J’en ai simplement entendu parler!
- Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité?!
- Euh…
- Passons à la deuxième passoire. Ce que tu souhaites me révéler à propos de mon ami, est-ce quelque chose de bienveillant ?
- Ah non ! Bien au contraire!
- Donc, tu veux me raconter des choses déplaisantes sans être certain qu’elles soient vraies?!
- Euh…
- Pour terminer, et c’est ma troisième passoire, est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait soit disant fait ou dit ?
- Utile, non, pas vraiment!
- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni convenable, ni utile, à quoi bon m’en parler ?
Honteux, l’homme resta sans voix devant cette démonstration pleine de sagesse, toute à l’honneur du grand philosophe qu’était Socrate. Malheureusement cela illustre aussi le fait qu’il y a environ 2300 ans, Socrate ne sut jamais que Diogène se tapait sa femme!
Plus près de nous et concernant la COVID-19. Alors que les médias et les réseaux sociaux se répandent en infos contradictoires sur la vaccination, débats stériles sur le port du masque, rumeurs invérifiables quant à l’origine du virus et avis d’individus à qui on ne demande rien, cette méthode vieille de deux millénaires peut nous aider à déterminer si une information mérite d’être entendue, assimilée et surtout partagée sans passer par les filtres socratiques.
Patrick BETAILLE, janvier 2021