De Skinny Jim à Pretty Girl, Edward Raymond Cochran n’obtient que d’obscurs succès, mis à part peut être lorsque, armé de sa guitare Gretsch rouge, il interprète Twenty Flight Rock dans le film The Girl Can’t help It (La Blonde et Moi). Tout change en 1958 avec un titre composé avec Jerry Capehart, auteur-compositeur et ami grâce à qui le chanteur obtient la possibilité d’enregistrer au Gold Star Recording Studios à Hollywood. Écrit en 45 minutes Summertime Blues est publié en single au mois de juin 1958. Plutôt que les joies et l’insouciance de l’été, la chanson évoque le mal être des adolescents face aux contraintes imposées par la société. ″Je vais parler d’un problème et pousser un coup de gueule. Travailler tout l’été juste pour gagner un malheureux dollar! Quand j’essaie d’avoir un rendez-vous avec ma chérie, mon boss me dit: hors de question fils, tu bosses ce soir! Je me demande ce que je vais devenir… En plus mes parents m’ont dit: fils, si tu veux utiliser la voiture pour aller rouler dimanche prochain, tu dois gagner ta croûte. Résultat, j’ai pas été bosser, j’ai dit à mon patron que j’étais malade. Je vais partir deux semaines, prendre des vacances et évoquer mon problème à l’ONU. J’en ai parlé à un membre du Congrès qui m’a dit: j’aimerais bien t’aider fils, mais tu es trop jeune pour voter. Je me demande ce que je vais devenir! Il n’existe aucun remède contre la déprime de l’été ″.
Le titre fait mouche auprès de la jeunesse qui se retrouve pleinement dans les paroles. Musicalement tout le classicisme du rock’n’roll accompagne le texte: riff simple et efficace, rythme syncopé, nervosité du chant, claps de mains, tout y est pour bâtir une image à partir de laquelle le mythe du rebelle ne cessera de croitre, atteignant son apothéose en 1960, après le décès d’Eddie Cochran dans un accident de voiture.
Summertime Blues est intronisé au Grammy Hall of Fame en 1999. Classé 73ème dans la liste des 500 plus grandes chansons de tous les temps du magazine Rolling Stone. De Ritchie Valens à Patti Smith en passant par Jimi Hendrix ou les Black Keys le titre sera très souvent repris et à toutes les sauces. Parmi les versions les plus éruptives il faut retenir celle de Blue Cheer sur l’album Vincebus Eruptum en 1968 et bien sûr celle jouée durant quasiment tous les concerts par les Who. Dany Logan sera le premier à adapter la chanson en français en 1963 sous le titre Le soleil de l’été. Pour Johnny ce sera en 1975 avec La Fille de l’été Dernier.
Remets une pièce dans le Juke Box! 
Patrick BETAILLE, avril 2023