Slash – Live at the S.E.R.P.E.N.T

 

C’est en 2024, durant les sessions de Orgy of the Damed, que Slash met en place le concept S.E.R.P.E.N.T (Solidarity-Engagement-Restore-Peace-Equality-N-Tolerance). Le but? Via une série de concerts organisés aux États-Unis, célébrer et promouvoir le blues en se produisant avec d’autres artistes pour collecter des fonds destinés à plusieurs associations caritatives.
Dans ce contexte l’album Live at the SERPENT Festival a été enregistré et filmé LE 17 juillet 2024, lors du concert au Mission Ballroom à Denver Colorado. Slash et sa bande s’attaquent à un mélange de standards ayant inspiré toute une génération de musiciens. Les 14 titres reprennent quasiment tous les morceaux de Orgy of the Damned, à l’exception de Hoochie Coochie Man, Awful Dream et Living for the City. La setlist passe ainsi de Parchman Farm Blues de Bukka White et Killing Floor de Howlin’ Wolf à Oh Well de Fleetwood Mac, Born Under A Bad Sign de Booker T. & the MG’s et Shake Your Money Maker d’Elmore James. La version de Papa Was A Rolling Stone des Temptations repose sur un groove envoûtant, tandis que Stormy Monday ralentit le rythme jusqu’à une intensité croissante avant d’exploser en une catharsis soul. Le guitariste dévoile également une nouvelle composition originale, Metal Chestnut, un morceau puissant, arrogant et en parfaite harmonie avec tout le reste.
Sous le nom de Slash’s Blues Ball, l’ex pistolero des Guns’N’Roses est accompagné de Teddy Andreadis (claviers, harmonica et chant), Tash Neal (guitare rythmique et chant), Johnny Griparic (basse et chœurs) et Michael Jerome (batterie). Ensemble ils nous offrent un concert brut de fonderie en rendant un hommage puissant aux légendes qui ont façonné le rock et le blues.
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Walter Trout – Sign Of The Times

 

Cinq décennies que ce guitariste, compositeur, chanteur et harmoniciste originaire du New Jersey prêche la bonne parole du blues incandescent. Cet ancien de Canned Heat et des Bluebreakers de John Mayall n’a visiblement pas l’intention de se reposer sur ses lauriers. À 74 ans, Walter Trout est plus motivé que jamais et il nous offre une restitution brute et sans concession de ce blues rock qui lui colle à la peau. Plus rock que blues et sans pour autant céder à la nostalgie, les dix titres du nouvel album cohabitent entre fureur et volupté. D’emblée Artificial déboule avec un tempo lourd et un riff monstrueux qui mènent tout droit à la langueur bluesy de Blues on My Pilow. Brutal, lancinant et éruptif, Sign of the Times et son orgie sonore exploite une ambiance des plus sombres. Autres temps, autres mœurs. Place à l’ode à l’amour qu’est Mona Lisa Smile, une superbe ballade acoustique. Plus classiques au sens noble du terme, Hightech Woman, I Remember et Hurt no More. Autour d’envolées évoquant l’univers tourmenté de Jimi Hendrix, No strings attached mijote avec une classe éblouissante. Contraste de son et de style, clin d’œil à Sonny Terry et Brownie McGhee avec Too Bad, un blues acoustique intime qui fait la part belle à l’harmonica. L’album s’achève en beauté sur ce Struggle to Believe tout en puissance qui montre pourquoi Walter Trout fait partie des grands du blues rock.
Sign of the Times est une déclaration qui va bien au-delà d’une expression musicale basique. Captivant dès la première écoute, il perpétue l’histoire et le style d’un vétéran du blues qui, avec plus de 40 albums à son actif, est reconnu pour ses performances électrisantes et ses compositions émouvantes.
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Patrick BETAILLE, novembre 2025

Christone Ingram – Hard Road

 

C’est incontestable, Christone ″ Kingfish ″ Ingram est l’un des guitaristes les plus doués de sa génération. Adoubé par Keb’ Mo et Buddy Guy il est l’avenir d’un blues moderne solidement ancré dans le delta du Mississippi et jusqu’alors brillamment promu par Alligator Records. Kingfish a néanmoins décidé d’aller de l’avant en s’émancipant de la tutelle de la prestigieuse maison de disques et fonder son propre label: Red Zero Records. Changement de cap donc, avec à la clef un tournant significatif témoignant de l’étendue de la vision et du talent du jeune prodige de 26 ans. Hard Road, son nouvel album, est un pari; celui d’établir un pont entre tradition et modernité. Du blues classique (Memphis) au blues rock puissant (Cosses, S.S.S.) en passant par  l’audace du funk (Truth et Bad Like Me) et la magie de la soul (Nothin’ But Your Love, Standing on Business et Clearly), le natif de Clarksdale poursuit une croisade consistant à perpétuer l’esprit du blues dans une nouvelle dimension. Quel que soit le genre, sa guitare s’épanche avec la voracité d’un alligator irascible. La fureur syncopée de Back To L.A donnerait à n’importe quel guitariste l’envie de réduire son instrument à l’état de petit bois. Plus flamboyant encore, le renversant Voodoo Charm achèvera de séduire les nostalgiques du gaucher de Seattle. 

Avec Hard Road, Christone Ingram apporte avec panache et brio une preuve supplémentaire qu’il détient la force indispensable pour porter le flambeau du blues.

Patrick BETAILLE, Octobre 2025

Derek Trucks – Mad Dogs & Englismen

 

Flash-back: le 12 mars 1970 Joe Cocker apprend de son management qu’une tournée aux USA est programmée à partir du 20 mars. Dans l’urgence et avec l’aide de Leon Russel il recrute au pied levé des musiciens de Delaney & Bonnie (dont Rita Coolidge) et du Grease Band (dont Chris Stainton). L’événement a fait l’objet d’un enregistrement historique au Fillmore East les 27 et 28 mars publié au mois d’août.
En 2015, le Tedeschi Trucks Band rendait hommage à ce légendaire Mad Dogs & Englishmen de l’ex plombier de  Sheffield au cours d’un concert enregistré au Lockn’ Festival en Virginie.
Aujourd’hui, dix ans après cette prestation et 45 ans après l’édition originale, parait enfin ce témoignage hors du commun. on le sait, à eux seuls Susan Tedechi et son guitariste de mari Derek Trucks sont capables d’enflammer n’importe quelle scène. Avec les intervenants de la première heure Leon Russell et Rita Coolidge, imaginez un peu les frissons supplémentaires. Et si de surcroît Doyle Bramhall II, Chris Robinson des Black Crowes et Warren Haynes sont invités, la fête atteint son paroxysme.
Plus qu’un sommet musical de 70 minutes, Mad Dogs & Englishmen Revisited – Live At Lockn’ est une vibrante célébration du blues, de la soul et du rock, avec des titres cultes comme The Letter, Delta Lady, Feelin’ Alright, The Weight et bien sûr… With a Little Help from my Friends!

Patrick BETAILLE, septembre 2025

The Dead Daisies – Lookin’ For Trouble

 

The Dead Daisies sortent de leur zone de confort au sein de laquelle ils pratiquent un rock énergique qui leur réussit plutôt bien. Même pas peur! Avec Lookin’ for Trouble, les australo-américains se jettent à corps perdu dans un genre sur lequel beaucoup avant eux se sont cassés les chicots: le blues high octane! Histoire de remettre l’église au cœur du village, ce nouvel album a été enregistré dans les studios Fame de Muscle Shoals en Alabama. C’est depuis ce lieu mythique que le quintet rend un hommage appuyé à des compositeurs ou interprètes qui ont définitivement marqué l’histoire de la musique populaire grâce à des classiques intemporels. Jugez plutôt: I’m Ready (Muddy Waters) – Going Down (Freddy King) – Boom Boom (John Lee Hooker) – Black Betty (Lead Belly) – The Thrill Is Gone (B.B. King) – Born Under A Bad Sign (Albert King) – Crossroads (Robert Johnson) – Sweet Home Chicago (Robert Johnson) – Walking The Dog (Rufus Thomas) et Little Red Rooster (Howlin’ Wolf).

Le groupe ne se contente pourtant pas de resucées honnêtes de standards vénérés. Ils prennent parfois aussi le risque de mettre à mal les préceptes du blues en trois accords sur douze mesures. Le chant puissant de John Corabi et les interventions virtuoses du guitariste Doug Aldrich à la slide offrent à l’ensemble une dimension particulière à la musique du diable. Aucune faute de goût non plus de la part de David Lowy (guitar), Michael Devin (bass) et la nouvelle recrue Sarah Tomek (drums) qui viennent prouver avec efficacité qu’eux aussi sont là pour péter la gueule aux fantômes et faire se lever de sa chaise n’importe quel cul de jatte.

En dix titres électrifiés par la puissance et l’assurance sur lesquelles ils ont bâti leur réputation, The Dead Daisies font de chaque morceau un amalgame de feeling, d’audace et de férocité en offrant à Lookin’ For Trouble un blanc-seing pour laisser le blues venir percuter le heavy rock de plein fouet. Juste histoire de chercher des ennuis en tentant de mettre fin à la querelle des anciens et des modernes.

Patrick BETAILLE, juin 2025

Anthny Gomes – Praise the Loud

 

Tronche de killer hurlant, Ginson Flying V fumante pointée vers le ciel, d’emblée le message est clair: le mec il n’est pas là pour enfiler des perles. Ce guitariste canadien est pour moi une découverte prescrite par un mien expert en trucs qui hérissent les poils de la guitare. Anthony Gomes s’y connait en 6 cordes et c’est toute son énergie qu’il déverse aux pieds du blues rock, du hard rock et du metal. Question voix le gars ne fait pas dans la dentelle non plus avec un clonage des cordes vocales de Rod Stewart (Love Song Gone Wrong) et celles de Billy Gibbons (Praise the Loud), le tout dégrossi à la râpe à bois puis mixé au pili-pili. Le vaste répertoire vociférant de Gomes rend parfois aussi hommage à ses pairs tels que Free (Inside Out) ou AC/DC (Electric Blues Crusade). Who cares! En 12 titres Praise the Loud est véritablement une expérience électrisante, délivrée avec virtuosité, décontraction et un savoir faire redoutable de la part de ce power trio.

D’entrée, le titre éponyme frappe très fort en juxtaposant riffs puissants et solo explosif à la wah-wah. Pour la suite, la même recette est appliquée, y compris sur des morceaux mid tempo comme Netflix and Chill. En juxtaposant guitares massives, chant puissant et rhythmique impeccable de la part de ses deux acolytes (le bassiste Jacob Mreen et le batteur Chris Whited), Anthony Gomes parvient à ouvrir la frontière entre le blues et le rock en saupoudrant largement les genres d’incandescence. En ce sens, In the Name of the Blues et son jeu de guitare exceptionnel est probablement le plus représentatif de ce processus. Même tarif, même punition pour Electric Blues Crusade au solo de guitare jouissif et exceptionnel d’audace. L’album s’achève comme il a commencé sur Blame on Rock and Roll, un hard rock plombé de chœurs entêtants.

Praise the Loud est convaincant. Le genre est assuré de prospérer tant que des artistes comme Anthony Gomes seront là pour entretenir la flamme!

Patrick BETAILLE, mai 2025

Ally Venable – Money & Power

 

Ally Venable a pratiqué le chant dès son plus jeune âge, découvert la guitare à 12 ans et n’en avait que 14 lors de la sortie de Wise Man, son premier EP de 7 titres. De cordes en micros la texane a passé la dernière décennie à se faire une place dans un monde musicalement dominé par les hommes. Très influencée par Stevie Ray Vaughan et Samantha Fish, la guitariste et chanteuse a été nominée en 2018 pour le prix du meilleur nouvel artiste aux Blues Awards. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle fasse partie en 2019 de la Blues Caravan de Ruf Records (sa maison de disques) et que Kenny Wayne Shepard l’embarque en première partie de sa tournée de 2021. L’ascension de Venable a donc été fulgurante. Après le succès de Real Gone, N°1 du Billboard blues en 2023, et la reconnaissance par le magazine Total Guitar comme l’une des 100 meilleures guitaristes de blues, l’artiste revient avec un sixième album dans lequel elle confirme vouloir repousser les limites de son art.

Sans être forcément révolutionnaire, Money & Power est un album de blues rock audacieux et agressif qui réveille et satisfait les attentes. Brown Liquor ouvre les hostilités en compagnie de  Christone ″ Kingfish ″ Ingram venu livrer un furieux solo. Changement d’ambiance avec Maybe Someday et son ambiance soul portée par la voix et les cuivres. L’album explose avec le titre éponyme, précis, direct et cinglant porté par un solo à la wah wah de haute volée. Suit Do you cry, un slow blues viscéral au cours duquel la puissance de la voix et un solo d’anthologie vous font sortir les roustons par les oreilles. Même recette mais accélération du tempo sur un Heal Me qui précède Stopper Back Papa qui vient prouver les talents de la dame dans un style plus funky.  Legends, Keep In Mind, Unbreakable irréprochables eux aussi. Stepping Stone et Feel That Thing, puissants et énergiques mais aux ambiances plus atmosphériques et envoutantes. C’est sur Black Cat, un titre fringant emprunté à Janet Jackson, que s’achève Money & Power avec lequel Ally Venable affiche son ambition de vouloir s’imposer à l’avant-garde d’un blues rock puissant et équilibré.

Patrick BETAILLE, mai 2025

Steve Hill – Hanging on a String

Steve Hill a passé des décennies à définir ce que signifie d’être un groupe de blues rock à lui tout seul. Hanging On A String est probablement un aboutissement. Faute de mieux, le canadien est considéré comme l’un des guitaristes les plus prolifiques au pays de Couillu le Caribou. Également chanteur, auteur, compositeur et homme orchestre, celui qui a commencé à jouer dans les bars à 16 ans et qui est devenu pro à 18 ans, est aujourd’hui une force musicale à ne surtout pas sous-estimer. Enregistré au Studio 606 de Dave Grohl et produit par Darrell Thorp (Foo Fighters, Radiohead), ce treizième album est aussi raffiné que brut. Il est de ce bois dont on fait les cabanes qui doivent résister aux assauts du temps. 8 rondins impeccables, bruts, taillés à la hache par le bucheron de service qui joue de tous les instruments. Du titre éponyme à la reprise du When the Music is Over des Doors, ce disque est un véritable assaut musical. Amateurs de sirop d’érable passez votre chemin. 

Patrick BETAILLE, novembre 2024

Slash – Orgy of the Damned

 

Saul Hudson est un excellent guitariste. Saul Hudson n’a plus rien à prouver. Saul Hudson peut tout jouer. Ceci admis, certains s’étonneront pourtant de constater que la dernière production studio de l’homme au gibus soit entièrement consacrée au blues. Et pourtant. Déjà en 1996, en rupture de Guns’ N’ Roses et avant les aventures Slash’s Snakepit et Velvet Revolver, Slash avait monté l’éphémère Blues Ball, un groupe de reprises de titres de rock, de rhythm & blues et de… blues. Déjà. Orgy on the Damned n’est donc pas fondamentalement une énorme surprise. Par contre, question setlist, les grands du blues sont à l’honneur: Robert Johnson (Crossroad Blues), Willie Dixon (Hoochie Coochie Man), Lightnin’ Hopkins (Awful Dream), Albert King (Born Under a Bad Sign), Howlin’ Wolf (Killing Floor), T-Bone Walker (Stormy Monday). Key to the Highway (Stevie Wonder), Papa Was a Rollin’ Stone (The Temptations ), Oh Well (Fleetwood Mac) et The Pusher (Steppenwolf) animent également cette fête à laquelle participe quelques pointures du gotta de la scène blues rock.

Chris Robinson, Gary Clark Jr, Billy Gibbons, Chris Stapleton, Dorothy, Iggy Pop, Paul Rodgers, Demi Lovato, Brian Johnson et Steven Tyler. Ce dernier – en soutien à un Brian Johnson plus qu’honnête au chant – se fend d’un beau petit solo d’harmonica sur killing Floor. Bien sûr, certains titres et interprètes émergent du lot. C’est le cas de Billy Gibbons sur un Hoochie Coochie Man gras à souhait et de Demi Lovato qui offre un version mémorable de Papa Was A Rolling Stone.  À retenir surtout cette version torride de Stormy Monday chantée par une Beth Hart impériale et habitée. ″ Tout le monde aime jouer avec Beth parce qu’elle est cette nana férocement émotive qui donne tout lorsqu’elle chante ″, c’est Slash himself qui le dit. ″ Bordel de merde, c’était mortel! C’est Beth qui le dit à la fin du morceau.

Ce sixième opus du guitariste hors Guns N’ Roses ce distingue haut la main des albums de reprises habituels gravés au cours de réunions pince-fesses sans âme et purement alimentaires. On retrouve évidemment la maestria du guitariste dans des solos inspirés, parfaitement dosés et passionnément exécutés. En aucun cas les autres musiciens ne sont écrasés et l’ont constate que les vocalistes sont à l’honneur grâce à une production aux petits oignons, parfaite et sur mesure pour ce genre d’album. Pendant plus d’une heure, l’écoute de cette Orgie des Damnés est plus que plaisante. Jusqu’au dernier morceau, Metal Chestnut, une composition instrumentale sympathique et subtile par et à l’image du maître de cérémonie en quelque sorte.

Patrick BETAILLE, mai 2024

 

Ana Popovic – Power

 

On ne présente plus Ana Popovic, musicienne qui compose, chante et fait parler la poudre avec sa stratocaster qu’elle manie avec maestria. La plus américaine des serbes, absente des studios depuis 2018 et considérée comme l’un des génies du blues conjugué au féminin, vient de sortir un treizième album. Power est une renaissance pour celle qui, à 47 ans, vient de vaincre un cancer et n’a envie que d’une chose: jouer, encore et encore. Le changement est néanmoins palpable y compris au niveau de la pochette du disque. Finis les visuels qui mettent en valeur la plastique de la guitariste. En lieu et place, deux mains entrelacées, comme un symbole d’union et d’amitié, probablement celle qu’elle entretient avec son bassiste, collaborateur et ami Burthel Burns. Le répertoire en configuration big band est sobre, varié et bien que toujours présent en terme de feeling, le blues rock pur et dur laisse la place à des explorations enchanteresses dans le domaine du rock ( Flicker ‘N Flame, Strong Taste), du funk (Doin’ This, Queen Of The pack, Deep Down, Turn My Luck), de la soul ( Power over Me, Luv In Touch), y compris des ambiances jazzy avec Recipe Is Romance. Une variété de styles qu’Ana parvient à amalgamer avec brio, faisant des 11 titres de Power un témoignage de détermination et de virtuosité, peut être l’un de ses meilleurs albums. Immanquable !

Patrick BETAILLE, juin 2023