Gérard Rancinan – Le Radeau des Illusions


Gérard Rancinan commence sa carrière de photographe en 1969 au journal Sud Ouest à Bordeaux. À dix-huit ans il devient le plus jeune photojournaliste de France, couvrant l’actualité locale. À vingt-et-un ans il est muté à l’agence du journal de Pau. Sollicité par la toute nouvelle agence de Presse Sygma, il rejoint l’équipe des photographes à Paris et il couvre l’actualité du monde entier. Il réalise aussi des portraits des stars de la mode, de la musique [NDLR – ses photos ont illustré des albums de Daniel Balavoine, Jacques Higelin, Charlélie Couture, Pascal Obispo] du cinéma, du sport, de personnalités diverses et d’artistes d’art contemporain de renommés mondiale. Il quittera Sygma en 1986 pour créer sa propre agence de presse, puis redevient indépendant en 1989 (source Wikipedia).

Photographe engagé mondialement connu pour ses fresques dépeignant les vérités cachées et sordides de ce monde, il met en œuvre des compositions inspirées des grands maitres classiques tels que Géricault ou Velasquez. Ses paraboles photographiques plutôt décalées, véritables métaphores de l’Humanité, théâtralisent à outrance la réalité du monde contemporain et relatent les métamorphoses du siècle en cours, un monde schizophrène, ambigu et contradictoire en proie au chaos et à la décadence. Ses fresques photographiques sont des grosses productions. Chaque image est l’objet de plusieurs mois de travail avec des équipes de stylistes, de maquilleurs, de techniciens, de figurants et de décorateurs. En 2008, s’inspirant du Radeau de la Méduse, l’artiste a mis en scène le rêve impossible des millions de migrants et de réfugiés contemporains à la poursuite des mirages de l’Occident. Ainsi, son Radeau des Illusions nous plongeait déjà dans le drame et la souffrance de ces déracinés partis à la poursuite des mirages de l’Occident symbolisés ici par Hollywood et la Tour Eiffel. Les récents drames des réfugiés fuyant la misère et la guerre rendent le message de Gérard Rancinan ô combien actuel, et sa puissance artistique encore plus poignante.

Patrick BETAILLE, juin 2022