Robert Finley – Sharecropper’s Son

 

Robert Finley a commencé à pratiquer la guitare avec un instrument acheté d’occasion dans une friperie. Il avait 11 ans et c’est donc très tôt qu’il a commencé à grenouiller dans le milieu du Gospel en se produisant en amateur avec différentes formations, très souvent des quatuors. En 1970, il a rejoint l’armée en tant que technicien sur hélicoptères en Allemagne. Très vite il intègre l’orchestre de son régiment avec lequel il aura l’occasion de se produire à travers toute l’Europe. Après son retour en Louisiane il vivote de petits boulots et se produit essentiellement en tant que musicien de rue. C’est en 2015 que Music Maker Relief Foundation – une organisation à but non lucratif qui soutient les musiciens de blues vieillissants – découvre le talentueux musicien et lui offre la possibilité de se produire dans des tournées organisées avec des artistes tels que Robert Lee Coleman et Alabama Slim. En 2016, Finley sort Age Don’t Mean a Thing son premier album studio et, l’année suivante, c’est au tour de Goin’ Platinum! de venir confirmer que comme les grands bluesmen du sud, Robert Finley a cette capacité de toucher un public sensible aux voix profondes et bouleversantes. En 2021, ce magicien de la soul a 67 ans et il revient pour enfoncer le clou avec un troisième opus intitulé Sharecopper’s Son (NDLR: Le Fils du Métayer) et produit par Dan Auerbach des Black Keys. Très autobiographiques les 10 titres évoquent avec justesse et sensibilité la jeunesse et les errances du guitariste au cœur sa Louisiane natale. Du blues avec Country Child et Sharecropper’s Son,  de la soul présente dans Souled Out On You, Make Me Feel Alright, My Soul et Starting To See et des joyaux gospel que sont I Can Feel Your Pain et Better Than I Treat Myself. Un subtil mélange mais surtout un équilibre étonnant qui fait de ce disque un témoignage à l’honnêteté émotionnelle sans nulle autre pareille. ″Je veux que les gens comprennent qu’on ne peut pas m’enfermer dans une boîte. J’aime jouer toutes sortes de musiques : tout ce qui a du sens à mes yeux, du gospel au blues, en passant par la soul et le rock’n’ roll. Et j’aime faire une musique qui puisse toucher les jeunes comme les plus vieux. Le message que je souhaite faire passer, selon ma propre expérience, est qu’on n’est jamais trop jeune pour avoir des rêves, et qu’on n’est jamais trop vieux pour que ces rêves se réalisent″. C’est ce que déclarait Robert Finley dans une interview. L’objectif est atteint de la plus belle des manières.

Patrick BETAILLE, janvier 2023