Épilogue Lynyrd Skynyrd – Décès de Gary Rossington

 

Dans les années 60, ce pt’it gars de Floride rêve de devenir une rock star. Lui et son ami d’enfance, Bob Burns, partagent la même passion mais monter un groupe pose problème: tous deux jouent de la batterie. Gary Rossington décide alors de se tourner vers la guitare. Il lui faut bosser dur pour se payer l’instrument de ses rêves et plus dur encore pour apprendre à le maitriser. Par chance, sa sœur Carol fréquente Lloyd Phillips, lead guitariste d’un groupe de Jacksonville, qui lui apprend à maîtriser les bases de la 6 cordes. En 1965, Rossington et Burns rencontrent Allen Collins et Ronnie VanZant; ensemble ils posent les bases de ce qui un peu plus tard deviendra Lynyrd Skynyrd. De nombreuses prestations dans des bars, des clubs et lors de fêtes diverses deviennent le quotidien de ce combo qui, au seuil des seventies, parvient à devenir aussi populaire que les Allman Brothers. Les gars sont évidemment moins bons techniciens que leurs concurrents de Macon en Georgie, mais leur musique est plus roots, plus énergique et moins intellectuelle. C’est ce qui plait au public et qui fait que peu à peu  le combo deviendra la porte drapeau du southern rock grâce à deux albums ( Pronounced ‘lĕh-‘nérd ‘skin-‘nérd en 1973 et Second Helping en 1974) et d’innombrables tournées. En 1977 au cours de l’un d’elles, l’avion transportant les membres du groupe à destination de Bâton Rouge s’écrase dans les marais du Mississippi. Ronnie VanZant chanteur, Steve Gaines, guitariste et sa sœur Cassie, choriste, perdent la vie. Les autres membres du groupe s’en sortent miraculeusement mais sérieusement blessés. Gary  Rossington est littéralement broyé. Il a le bassin, les côtes, les deux bras, les poignets, les pieds et les deux jambes fracturés. C’est la mort annoncée de cette ″ Guitar Army ″ alors en pleine gloire. Après des années de soins, le guitariste se joint à Allen Collins, Billy Powell et Leon Wilkeson, tous rescapés du crash aérien. Le Rossington Colins Band enregistre deux disques honnêtes avant de se séparer. Après une autre tentative plus FM et moins fructueuse avec la chanteuse Dale Krantz (Rossington Band), le guitariste prend les rênes de la reformation de Lynyrd Skynyrd en 1987. Nous sommes toujours debout, on continue à faire de la musique. Nous voulons rendre hommage à ceux qui ne sont plus avec nous et entretenir la légende du nom ″ disait-il. Gary Rossington, dernier membre fondateur de Lynyrd Skynyrd – qui devait entamer une tournée en juillet – est mort dimanche 5 mars à l’âge de 71 ans. Que reste t-il? Des titres mythiques d’abord. Gimme Three Steps, Simple man, Gimme Back my Bullets et bien sûr Sweet Home Alabama ou Free Bird et son furieux solo (Allen Collins) de cinq minutes. Quelques groupes aussi. Blackberry Smoke, Drive-by Truckers ou Derek Trucks Band qui à leur manière et sans forcément le revendiquer entretiennent le terreau du rock sudiste. Et enfin, pour les passionnés: ROCK SUDISTE, When The South Rose Again. Un excellent bouquin (ed. Le Mot et le Reste) dans lequel Arnaud Choutet offre une énorme somme d’informations sur le contexte dans lequel est né ce courant du rock des 70’s.

Patrick BETAILLE, mars 2023

 

The Georgia Thunderbolts – Can we Get a Witness

À l’été 2020, les Georgia Thunderbolts avaient marqué les esprits avec un premier EP éponyme tellement réussi qu’il leur avait ouvert de nombreuses portes. Originaire de Rome, au pied des Appalaches en Georgie, le quintet vient de commettre un Long Play qui, tout en intégrant l’intégralité du précédent opus, valide et confirme son positionnement au cœur d’un Southern Rock marqué au fer rouge par l’intemporalité des géants tels que Lynyrd Skynyrd et The Allman Brothers Band. Contrairement à la plupart des formations du genre (Molly Hatchet, Outlaws, etc.) The Georgia Thunderbolts ne joue pas la carte de la guitar army avec trois guitaristes. Pour se distinguer, ils ont fait le choix d’intégrer claviers, piano et même harmonica, tout en adhérant à un revival déjà brillamment soutenu par Blackberry Smoke, Drive by Truckers ou même les métalleux de Black Stone Cherry. Alors bien évidemment Can We Get A Witness est très ancré dans ses racines mais il fait surtout preuve d’une modernité prometteuse sublimée par la voix (qui parfois n’est pas sans rappeler celle de Ronnie Van Zant) remarquable de TJ Lyle dont le registre bluesy – entre soul et heavy rock old-school – fait des merveilles.  Même en mode mid tempo, les treize titres sont rythmiquement très bien soutenus, bourrés de riffs hypnotiques, et flirtent parfois avec un hard rock crasseux. Quant aux guitares de Riley Couzzourt et Logan Tolbert, à condition d’y prêter une oreille attentive, n’ayons pas peur des mots: elles sont exactement ce qu’elles devraient être et font partie de ce qui se fait de mieux dans le genre. Il faut se rendre à l’évidence, Can We Get A Witness est vraiment un bon album et Les Georgia Thunderbolts un excellent groupe de rock, sudiste ou pas. 

Patrick BETAILLE, janvier 2022