Status Quo – Décès d’ Alan Lancaster

Sans Alan Lancaster, Status Quo ne serait jamais sorti de cette pop bubblegum, barroque et un tantinet psychédélique (Pictures of Matchstickmen, Ice in the Sun) et aurait probablement loupé le train de l’avènement du heavy rock. Très rock et très enraciné dans le blues, ce bassiste à l’origine de la formation du groupe avec son pote Francis Rossi, a su insuffler une énergie nouvelle au quatuor qui pendant cinq années va enfin rencontrer son public et obtenir les faveurs de la critique  jusqu’alors plutôt méprisante à son égard. Finies les poses figées, les chemises à jabots, les coiffures sages et les vestes chamarrées. Place à la sueur, aux jeans usés et aux cheveux longs dans les yeux  qui désormais définissent le style d’un boogie endiablé aux accents de jigues écossaises – chères à Rossi – qui culmine sur les albums Hello en 73, Quo en 74, On the Level  en 75 et Blue for You en 76. Malheureusement, à partir de là et jusqu’en 1982 les albums du Quo vont prendre une direction de plus en plus pop, parfois sirupeuse, source de désaccords profonds qui inciteront le batteur John Coghlan à quitter la formation. Encore quelques tubes (Whatever you Want, In the Army Now…), une prestation devant le Prince Charles en 83 et une participation au Live Aid en 85 et c’est au tour du bassiste de déclarer forfait. Status Quo ne renouera jamais avec la période féconde qui s’est achevée en 1977 avec Quo Live sur lequel le jeu puissant et volumineux d’Alan lamine littéralement une prestation scénique de haute volée. Atteint de sclérose en plaques, Alan Lancaster vient de décéder à Sidney à l’âge de 72 ans. End of the road!

Patrick BETAILLE, septembre 2021

Le Boogie Rock en deuil – Rick Parfitt n’est plus!

Rick Parfitt 1948-201629 janvier. J’y étais. Un peu par hasard mais j’y étais. Port du Havre, il pleut, il fait froid et le grand hall de la gare maritime résonne du bruit d’un foule dont la densité me laisse muet et m’empêche d’entendre mon pote qui jubile tout en me trainant vers le premier rang. Les lumières s’éteignent, la clameur explose en même temps que mon ventre qui tente de résister  à la pression des barrières métalliques. ″Junior’s Wailing″ ouvre à cent à l’heure. Les filles sont aussi de la partie; ″Big fat Mama″ est venue avec la ″Little lady″ et sa copine ″Caroline″. Avec une frénésie hors du commun le show de deux heures s’achève sur un ″Bye bye Johnny″ apocalyptique. Dehors la pluie a cessé et le froid ne fait qu’accentuer les acouphènes nés de ″Don’t Waste My Time″, ″Roll Over Lay Down″, ″Roadhouse Blues″ et ″Is there a better way″. Nous sommes en 1977 et je venais de m’enrôler dans l’armée du ″Number one Rock’n’Roll band in the world″: Status Quo! Aujourd’hui c’est ce moment qui refait surface et je revois encore une fois Rick Parfitt qui assure la rythmique avec une constance métronomique. C‘en est fini des duels de guitares à faire fumer les amplis Marshall. Richard John Parfitt vient de raccrocher sa Telecaster. Suite à une blessure à l’épaule il avait été admis dans un hôpital de Marbella en Espagne. Il y est mort d’une infection le 24 décembre. Wo-oh-oh-oh-ooooh!

Patrick BETAILLE, décembre 2016

Francis Rossi & Richard Parfitt – Forty-Five Hundred Times

Franci Rossi et Richard Parfitt Status Quo LiveSur la scène Rock, la fantasia électrique ne relève pas forcément d’un exercice individuel qui propulse celui qui le pratique au rang de Guitar Hero. Pour un bon nombre de groupes les chorus font l’objet d’échanges entre partenaires avisés; ce sont alors deux, et parfois trois guitaristes, qui s’ expriment dans d’excitants duels qui deviennent la marque de fabrique des Guitar Band auxquels ils appartiennent. Souvent aussi l’on a affaire à des associations d’instrumentistes qui relèvent d’une osmose parfaite entre rythmique et soli. Depuis 1962 qu’ils frappent le Boogie et enfourchent le Rock’ n’ Roll, Francis Rossi & Richard Parfitt , tous deux adeptes de l’acidité de la Fender Telecaster, peuvent revendiquer le titre de doyens des duos guitaristiques. Ces deux techniciens inépuisables perpétuent la tradition des joutes à la 6 cordes et des duels harmoniques au sein d’un combo trop souvent mésestimé, Status Quo! Malgré une certaine naïveté des phrasés, Richard y assure le rythme avec une constance métronomique pendant que Francis se livre en solo à des exercices inspirés tout en finesse et précision. C’est sur scène que l’union énergique de ce tandem prend toute sa dimension tant  le plaisir de jouer ensemble est communicatif. Avec son Boogie Rock honnête et sans prétention, Status Quo a au moins le mérite de faire secouer les têtes et taper du pied des générations en quête de divertissement.

Ecouter: De ″Dog of two Heads″ à ″Live!″ toute la discographie des années 70. Après ça se gâte un peu malgré un sursaut intéressant avec ″Heavy Traffic″ en 2002 et ″In the search of the Fourth Chord″ en 2007.  S’il n’en faut qu’un: ″Live!sorti en 1977 . Indispensable car bourré de hits et révélateur d’une énergie bienfaisante. Pour s’en convaincre il suffit d’écouter les 17 minutes de 45 hundred times dans lequel à la fin Rossi s’approprie le riff de ″Race with the Devil″ (The Gun).

PB, décembre 2014