En 1971, paraît le troisième et double double album des Aphrodite’s Child. ″666″ est en fait une relecture de l’Apocalypse selon St Jean dans laquelle Vangelis Papathanassiou exprime sa vision dantesque d’un monde secoué par la guerre, la misère, les révoltes étudiantes et les catastrophes naturelles. Déjà. Sur des textes de Costa Ferris le groupe livre là un disque barré et disparate où se côtoient mysticisme, psychédélisme, rock, musique traditionnelle et même Jazz. Bien que peu présent pour cause de dissensions naissantes au sein du groupe, Demis Roussos chante à merveille, notamment sur ″The Four Horsemen″ au cours duquel Silver Koulouris s’abandonne à de magnifiques parties guitare. ″666″ est un disque difficile à comprendre, original, ambitieux, étonnant, inventif et courageux. Trop! De plus il n’est pas le bienvenu dans certains pays. Non seulement à cause des références au satanisme mais aussi parce qu’il intègre en son sein des épisodes identifiés comme choquants. Tout d’abord La mention ″This work was recorded under the influence of Sahlep″, faisant référence à une boisson inoffensive à base de racines et de cannelle, est mal interprétée, à tort. Ensuite les premiers mots de l’album consistent en un slogan révolutionnaire sans ambiguïté: ″We got the system to fuck the System″. Enfin et surtout c’est la prestation d’Irène Papas qui vient titiller les consciences bien pensantes. En effet, sur ″Infinity″, l’actrice simule un orgasme hystérique de cinq minutes en modulant un ″I am, I was, I am to come I was″ sur fond de percussions syncopées. Il n’en faut pas plus! L’ enfant d’Aphrodite explose en 1972 laissant à Demis Roussos et Vangelis Papathanassiou l’opportunité d’entamer les carrières solos que l’on sait en abandonnant derrière eux une oeuvre qui, aimée ou détestée, reste majeure dans l’histoire du Rock Progressif.
Patrick BETAILLE, mars 2015
La Censure du Cover Art en Livre : In Vinyle Veritas!