Culture et Mémoire – La Musique sur Écoute

Réedition disques, Hadopi, culture et Business

Depuis longtemps les Majors ont fermé leurs portes à la spontanéité et à l’imagination. Leur credo est devenu la Création sous contrôle, formatée, prédigérée. Au lieu de parler de Musique ils invoquent le Support. Ils préfèrent penser Produit plutôt que de révéler le Talent. Priorité au profit, pas à l’oreille. Les Directeurs Artistiques sont des comptables, les Artistes des enseignes et le public un consommateur à gruger. La musique n’est plus un vecteur culturel ni le témoignage d’un phénomène social. Elle est devenue une denrée de supermarché, en promotion, indispensable, incontournable et déjà dans les bacs, pas loin des marronniers que sont les compils et autres Best Of . Les Médias sont au garde à vous et l’audimat bande pour la calculette. Devant l’effondrement de l’industrie discographique les décideurs suceurs de sons prennent le risque de changer de stratégie. La belle affaire! Après nous avoir convaincus que le Cd était fantasbuleux ils veulent nous persuader que le Vinyle est fabulistique. Vrai ou faux, peu importe! Le but non avoué consiste entre autres en rééditions de fonds de tiroirs déjà exploités jusqu’à la corde à grands coups de bonus, de remasters, de livrets, et de produits dérivés. C’est bon pour la relance à court terme et le maintien des marges immédiates qui financent la promotion médiatique des stars jetables. Tellement plus facile que d’admettre que le disque est trop cher à la vente… Et les artistes dans tout ça? Les quoi? Ah oui… Le téléchargement étant déjà sous contrôle des Labels, il sera toujours temps de brandir à nouveau le spectre du téléchargement illégal pour expliquer que si les compositeurs et interprètes sont malmenés c’est à cause de ceux qui font un beau doigt d’honneur à la stérilité dispendieuse de Madame Hadopi. Tremblez amoureux de la créativité! Surtout si vous prétendez échapper  à la soupe indigeste qui inonde les ondes, vos jours sont comptés. D’ici là, et tant que c’est encore possible, ne vous privez pas de faire des découvertes, de profiter de témoignages musicaux, de réveiller votre curiosité, d’élargir la palette de vos envies et de partager vos plaisirs. En dernier lieu et à l’occasion il ne faudra surtout pas oublier de remercier l’ Auteur. Le meilleur moyen de le faire réside dans l’achat de son disque et ça c’est… Rock’n’ Roll bordel!

Patrick BETAILLE, mars 2015