Andy Warhol – Sérigraphies

Andy Warhol

 

En 1967, Andy Warhol se fait remarquer en apposant son nom sur la pochette de The velvet Underground & Nico illustré par la désormais célébrissime Banane. Deux ans plus tard, nouveau coup d’éclat:  l’artiste est à l’origine du concept illustrant la pochette du Sticky Fingers des Rolling Stones. L’inoubliable fermeture éclair.

Figure de proue du mouvement Pop Art, c’est à partir de cette époque que Warhol atteint l’apogée de sa notoriété. Ses œuvres explorent la relation entre l’expression artistique et le culte de la célébrité. Il est désormais associé à un style immédiatement reconnaissable, dérivé de ses portraits sur lesquels il applique une technique qu’il utilisera pour ses œuvres les plus célèbres. Les artistes sont photographiés de près et en noir et blanc. Warhol redessine ou repeint sur des aplats en couleur certaines de leurs caractéristiques physiques et leurs traits sont réduits à l’essentiel. Le transfert sérigraphié sur toile met en valeur les yeux, les cheveux ou la bouche. Il suffit de s’arrêter un instant sur les pochettes des albums Love You Live des Stones (1977), Silk Electric de Diana Ross (1982), Aretha d’Aretha Franklin (1986) ou Menlove Ave de John Lennon (1986), pour comprendre le procédé qui consiste à offrir aux stars le statut d’icones. 

Patrick BETAILLE, novembre 2024

Andy Warhol – The Velvet Underground & Nico

 

[Extrait]: Voilà un album qui a la banane ! À la fin des sixties, le Velvet Underground joue souvent au sein de la Factory d’Andy Warhol. L’artiste, subjugué par les prestations du groupe, décide de produire le premier album de Lou Reed et John Cale, accompagnés au chant par une actrice mannequin allemande : Christa Päffgen, dite Nico. The Velvet Underground & Nico est commercialisé le 12 mars 1967 et c’est bien le nom du peintre et non celui du groupe qui est mis en avant. À l’époque Warhol ne se contente pas que de la production ; c’est aussi lui qui s’occupe de l’élaboration de la pochette. Pour ce, il fait appel au designer Craig Braun afin de développer les moyens techniques nécessaires à la mise en œuvre du concept dit de La Banane. L’idée consiste à coller un sticker qui, une fois ôté, laisse apparaître une banane rose à connotation phallique. ″Peel slowly and see″ (épluche lentement et mate). La rumeur prétend même qu’ il y aurait du LSD dans la colle du sticker. La distribution de l’album illustré par cette allégorie se prolonge jusqu’en 1971. Par la suite, c’est une simple impression du motif qui, de fait, entraîne la disparition de l’autocollant et donc, du fruit rose. Au dos de la pochette, un cliché du danseur Eric Emerson, une autre figure de la Factory. L’image, exploitée sans autorisation, déclenche une action en justice de la part de l’intéressé. Verve Records doit retirer le disque de la vente pour le ressortir en juin sous une autre forme. La photographie incriminée est alors masquée par un encart : ″ The Velvet Underground and Nico produced by Andy Warhol ″.

Patrick BETAILLE, mai 2022


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:

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Andy Warhol – Shot Sage Blue Marilyn

© Andy Warhol

 

Exécuté en 1964 par le ″ Pope of the Pop ″ – deux ans après la disparition de l’icône glamour Norma Jeane Baker – le tableau intitulé Shot Sage Blue Marilyn a été mis en vente hier chez Christie’s, au cœur de Manhattan. Il n’aura fallu que quatre minutes pour que les enchères atteignent des sommets avec une adjudication à hauteur de 195 millions de dollars. La toile de Warhol qui aurait été acquise par le marchand d’art américain Larry Gagosian devient ainsi l’œuvre d’art du XXe siècle la plus chère jamais vendue lors d’enchères publiques. Christie’s, la société propriété de François Pinault, n’a pas souhaité faire de commentaire. Pooh pooh bee doo!

Patrick BETAILLE, mai 2022

Prince – Lynn Goldsmith vs Andy Warhol Foundation

 

En décembre 1981 et à la demande de Newsweek, la photographe Lynn Goldsmith immortalisait Prince sur un cliché qui finalement ne sera jamais publié. Trois ans plus tard, c’est Vanity Fair qui achète la licence de l’image et demande à Andy Warhol d’en faire une illustration pour un article consacré au Kid de Minneapolis. Dans un style reconnaissable entre tous, Warhol réalise alors une série de seize portraits colorés en violet et en rouge. Goldsmith n’a pris connaissance de ces détournements qu’en 2016, après que Vanity Fair les ait republiés après la mort de Prince, et ce sans faire mention de quelque crédit que ce soit. La photographe intente alors une action en justice face à la fondation Andy Warhol et perd son procès. ″Chaque œuvre de Prince Series est immédiatement reconnaissable comme un Warhol plutôt que comme une photo de Prince. De la même façon que les célèbres représentations de Marilyn Monroe et Mao sont reconnaissables comme des Warhol et pas comme des photos réalistes de ces personnes″ précisent les juges. Après des années de bataille juridique, Lynn Goldsmith a finalement obtenu gain de cause en appel. Dans un jugement rendu en mars dernier, la cour d’appel newyorkaise affirme que le peintre a effectivement violé le droit d’auteur d’un photographe en utilisant le cliché de prince sans autorisation et sans crédit. Satisfaite du jugement, Lynn Goldsmith a déclaré: ″Je n’en fais pas une question d’argent! Je me suis battue pour protéger non seulement mes propres droits, mais aussi les droits de tous les photographes et artistes visuels de gagner leur vie en octroyant une licence sur l’utilisation de leur travail créatif″. Reste que la Andy Warhol Foundation a déjà annoncé vouloir faire appel.  C’est reparti pour un tour!

Patrick BETAILLE, avril 2021

Andy Warhol & Alan Aldridge – Chelsea Girls

 

Quand lui vient l’idée de ce film, Andy Warhol pense d’abord le tourner dans l’arrière-salle du Max’s Kansas City, sa boîte de nuit préférée. Chemin faisant, le concept évolue et finalement, à l’automne 1966 la décision est prise. C’est le Chelsea Hotel qui servira de décor. C’est là en effet que logent à l’année de nombreux artistes de la pouponnière d’artistes de la Factory. Sur un peu plus de trois heures et en mode Split-Screen, Andy Warhol et Paul Morrissey suivent la vie de certains des occupants des chambres de l’hôtel newyorkais. Entre expérimentation et contre-culture si chères à l’artiste, chaque scène comporte sa propre bande son et joue avec des alternances d’images photographiques noir et blanc et couleur. En cette période de libération de mœurs, la connotation avant-gardiste et érotique de Chelsea Girls fait sensation mais pas toujours de façon positive.  Roger Ebert, critique cinéma du Chicago Sun, décrit le documentaire comme ayant ″ peu de valeur intrinsèque ″. Le magazine Variety parle de ″ trois heures et demie inutiles et terriblement ennuyeuses ″.  Le public, lui, est au rendez-vous et offre à Warhol son premier grand succès commercial sur lequel vient se greffer un engouement inouï pour l’affiche du film.

C’est Alan Aldridge, un graphiste designer et illustrateur anglais, qui est à l’origine de l’illustration à propos de laquelle un Warhol dithyrambique dira: ″ j’espère que le film soit aussi bon que son affiche ″. L’image en question parvient à capter et traduire de façon mémorable l’essence même de Chelsea Girls: psychédélisme et érotisme à la frontière de la pornographie.  Pour atteindre son but, l’artiste joue avec plusieurs élément suggestifs et torrides. Des personnages dans des situations sans équivoque s’affichent aux fenêtres. En toile de fond, Clare Shenstone – une artiste en herbe alors âgée de 16 ans – pose nue et son entrejambes, comme une invite, héberge la porte d’entée de l’hôtel. Tout un programme et surtout un tour de force de la part du designer qui la même année se fait remarquer avec la pochette de A Quick One des Who, plus tard avec des illustrations de livres consacrés aux Beatles, et en 1975 avec celle de Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy de Sir Elton John. C’est également Alan Aldridge qui est à l’origine du logo du Hard Rock Cafe.

Patrick BETAILLE, février 2021

The Rolling Stones – Sticky Fingers

Rolling Stones, censure de Sticky Fingers

[Extrait]: Publié en avril 1971, Sticky Fingers marque l’entrée des Rolling Stones dans les seventies. C’est avec cet album que le groupe lance son propre label, Rolling Stones Records, mettant ainsi fin à sa collaboration avec Decca Records pour le Royaume-Uni, et London Records aux USA. Pour la première fois Mick Taylor est présent sur les 10 titres du disque et Mick Jagger est crédité sur certaines parties guitares. Première apparition également du désormais incontournable logo ″ Tongue and Lip ″. Chef-d’œuvre rock, triple platine et considéré comme le meilleur album de la longue carrière des Stones, Sticky Fingers se fait aussi remarquer par sa jaquette pour le moins originale. L’idée est d’Andy Warhol qui, pour la photo, fait appel à Billy Name. C’est Craig Braun qui est en charge de la partie technique du concept de la fermeture éclair. Mick Jagger insiste sur le fait que le zip doit être opérationnel et, qu’une fois actionné, il doit révéler ce à quoi l’on s’attend. Beaucoup de fans pensent que c’est à Mick Jagger qu’appartient la proéminence sous la braguette des jeans.
En fait non. Plusieurs figurants étaient présents lors des séances photos et c’est Joe Dallesandro, un acteur ami et probablement amant de Warhol, qui revendique le fait d’ avoir été sélectionné. Pour une fois, malgré le côté suggestif du visuel, la jaquette ne sera pas désavouée aux États-Unis, pas plus qu’en Grande-Bretagne. En 2003, la chaîne américaine Network VH1 attribue même à l’objet le titre de  » plus belle pochette de disque de tous les temps « . Seuls quelques distributeurs déplorent le fait que la fermeture éclair endommage les vinyles lors du stockage et de la manipulation. En Espagne par contre, la censure est appliquée et le jean zippé est remplacé par une boite de mélasse d’où émergent des doigts, évidemment gluants. Par la même occasion, Sister Morphine est banni de cette version hispanique. Pour cause d’incitation aux drogues, le titre est remplacé par une version live de Let it Rock, une composition de Chuck Berry. Olé !

Patrick BETAILLE, juillet 2015


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:

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