À l’origine, One Scotch, One Bourbon, One Beer est un blues écrit par Rudy Toombs et enregistré par Amos Milburn en 1953. L’histoire se passe dans un bar à l’heure de la fermeture. Un gus est cloué au comptoir à picoler pour oublier qu’il vient de se faire larguer par sa copine. Il harcèle un barman sur les rotules qui ne rêve que d’une chose: fermer et rentrer chez lui. En 1966, John Lee Hooker reprend la chanson à sa sauce en changeant l’ordre du titre. En 1977, c’est au tour George Thorogood de s’approprier l’ode à la boisson sur son premier album. Sa version s’appuie sur House Rent Boogie, un autre morceau de John Lee Hooker, qui pour l’occasion bénéficie d’un tempo accéléré. Le texte prend une autre tournure et désormais il n’est plus question de noyer un chagrin d’amour. Cette fois c’est de galère financière dont il s’agit. Le gars a perdu son job, il ne peut plus payer son loyer, sa logeuse refuse de lui faire crédit et pour tout arranger son pote refuse de l’héberger. Il revient à son appart, récupère quelques affaires, file à l’anglaise, erre dans les rues, s’arrête dans un bar, enlève sa veste, s’accoude au comptoir et appelle le barman. ″Ouais?! Qu’est ce que ce sera? Un bourbon, un scotch, une bière!″.
Patrick BETAILLE, janvier 2021