Sebastian Krüger – Face 2 Face

© Sebastian Krüger – The Rolling Stones – 2006

 

Sebastian Krüger est né en Allemagne en 1963. Il a étudié la peinture et les arts graphiques à l’Université des Beaux-Arts de Brunswick dans les années 1980 et a gagné sa vie très tôt en dessinant des pochettes d’album. Il s’est rapidement lancé dans une carrière d’illustrateur pour des magazines comme Stern, Spiegel, Rolling Stone ou Playboy et s’est fait un nom dans le monde de l’art. Depuis 2023 il se consacre exclusivement à la peinture, abandonnant son travail commercial pour ses désormais légendaires portraits de personnalités ou d’icônes du show-business d’hier à aujourd’hui. Ses œuvres vont des croquis au crayon aux peintures presque abstraites, en passant par des rendus proches du photoréalisme, et il maîtrise chaque variante avec une habileté extraordinaire. Parmi les collectionneurs d’œuvres de Krüger figurent les Rolling Stones, avec qui il est ami depuis des années. Keith Richards figure d’ailleurs parmi ses sujets préférés. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir cette galerie: San Francisco Art Exchange.

Patrick BETAILLE, février 2025

 

Rolling Sones – Hackney Diamonds

 

Ni bon, ni mauvais le nouvel album des Stones mais il soulève beaucoup (trop?) de questions . Que fait Lady Gaga dans cette galette? Aurait-elle la prétention de concurrencer Merry Clayton ou Lisa Fischer? Loupé! Stevie Wonder, Elton John, Paul MaCartney, fallait-il les inviter? Pour les noms? Ils sont si discrets! Jagger en fait-il trop? Oui, mais ça on a l’habitude. Que ne ferait-on pas pour prouver qu’à 80 balais on est toujours rock? Quitte à user et abuser de l’autotune! 

Ni surprenant, ni enthousiasmant, Hackney Diamonds est-il un diamant? Non, juste un zircon qui malgré quelques éclats (merci qui? Merci Keith!) finira dans les bacs à soldes des supermarchés. Mais bon, que l’on se rassure, en 60 ans de carrière les Pierres qui Roulent ont commis pire, bien pire! Cet opus sera-t-il le prétexte à remplir les stades du monde entier avant que cette machine de guerre ne se produise que sous forme d’hologrammes? Probablement. En tout cas le FC Barcelone arbore déjà le ″ Tongue-and-Lip ″ sur ses maillots. Toujours ça de pris?

Mes esgourdes en mode veille depuis et à cause de Black and Blue (1976, une paille!) se sont rouvertes à l’écoute du dernier des 12 titres: Rolling Stone Blues. D’accord, il s’agit d’une reprise de Rollin’ Stone de Muddy Waters, le morceau à partir duquel Brian Jones a décidé du nom à adopter pour le groupe. Un hommage bienvenu qui prouve – au même titre que le précédent Blue & Lonesome paru en 2016 – que les ″ Glimmer Twins ″ n’ont jamais été aussi bons que quand ils retournent aux sources. De là à poser Hackney Diamonds sur l’étagère? Non! J’ai plus de place. Ou alors il faudrait que je vire Beggars Banquet ou Sticky Fingers ou Exile. Hors de question! Surtout pour avoir à supporter cette horreur de cover art!

Patrick BETAILLE, octobre 2023

Rolling Stones – (I Can’t Get No) Satisfaction

 

[Extrait]: Glen Snoddy était loin de se douter que sans lui la face du rock aurait été changée. En 1961, lors d’un enregistrement à Nashville, cet ingénieur du son est à la manœuvre pour peaufiner les réglages de sa console. Soudain, accidentellement, il constate qu’une défaillance technique génère un son saturé en provenance de la guitare électrique d’un musicien du studio.
Intrigué et séduit, le technicien décide de créer un circuit électronique destiné à reproduire cette anomalie sonore. L’effet Fuzz vient d’être inventé ! Snoddy se rend alors chez Gibson qui, sans grande conviction, lance en 1962 la pédale d’effet Maestro FZ1 Fuzztone, également appelée Fuzzbox. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Non !
En 1965, les Rolling Stones sont en tournée aux Etats-Unis et le 12 mai et entrent dans les studios RCA à Hollywood. Ils arrivent de Chicago où – en tant qu’inconditionnels de blues – ils ont enregistré quelques titres, dont une composition de Keith Richards : (I Can’t Get No) Satisfaction. L’endroit où est né le riff a fait l’objet de nombreuses supputations mais l’histoire raconte que Keith en a eu l’idée durant son sommeil.

Chez RCA les Stones se remettent au boulot et travaillent sur une nouvelle mouture de Satisfaction. Le tempo est accéléré et surtout ″ Keef ″ accepte d’utiliser la Maestro FZ-1 Fuzz Tone de Gibson. Les paroles de Mick Jagger évoquent les travers de l’Amérique illustrés par la démarche d’un homme en quête d’authenticité mais incapable de l’atteindre à cause de la société de consommation…
Malgré les réticences de Richards, le single sort le 6 juin 1965 aux USA où il atteint la première place en Juillet, et le 26 août au Royaume-Uni. Grâce à ces cinq notes qui ont secoué le monde, le titre a été classé deuxième plus grande chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone, derrière… Like a Rolling Stone de Bob Dylan. Du coup, Les Pierres Qui Roulent remettront le couvert dans ce studio pour Paint It Black, Get Off My Cloud, Let’s Spend The Night Together et 19th Nervous breakdown. Quant à Gibson, le succès de sa Fuzzbox est désormais établi. Beaucoup de d’artistes vont désormais utiliser l’effet magique ; que ce soit dans le rock classique, le blues, le garage rock ou le rock psychédélique. Rien Qu’un Seul Mot ! C’est avec cette adaptation qu’en 1965 ″ Schmoll ″ n’a pas obtenu… Satisfaction !


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:
👉  IN VINYLE VERITAS – REMEMBER THE SIXTIES  👈

 

Patrick BETAILLE, juillet 2023

Forbes – Le Rock à l’heure des Comptes

 

Selon le classement annuel publié par le magazine américain Forbes, 1,3 milliard de dollars c’est la somme générée l’an dernier par les 10 créateurs et musiciens les mieux rémunérés en 2022, . Un top 10 dans lequel se côtoient groupes de rock, acteurs, réalisateurs ou scénaristes et dont la première place revient à Peter Jackson, réalisateur du Seigneur des Anneaux et de Get Back, le documentaire consacré au Beatles.

Honneur cette année aux musiciens et notamment à quelques légendes du rock, puisque le podium accueille sur ses deux premières marches Genesis et Sting. Les Rolling Stones, quant à eux, ont atteint la septième place.

Genesis: 230 M$. Le groupe de Phil Collins a bouclé l’an dernier sa tournée d’adieu, The Last Domino Tour, riche d’une cinquantaine de dates en Amérique du Nord et en Europe. Mais la fortune amassée en 2022 est principalement liée à la vente, en septembre dernier, de son catalogue pour la somme de 300 millions de dollars.

Sting: 210 M$. Même tabac pour l’ex policeman qui poursuit sa tournée mondiale Sting My Song Tour. Il également récolté 300 millions de dollars pour la vente de son catalogue à Universal Music.

The Rolling Stones: 98 M$. Septième et honorable place de ce classement pour les increvables Stones. Sans avoir fourgué leur répertoire ils peuvent s’enorgueillir d’avoir engranger près de 100 millions de dollars l’an dernier, à l’ancienne. La  tournée Sixty Tour marquant les 60 ans du groupe, a rapporté en moyenne 8,5 millions de dollars par concert.

Money! You get a good job with more pay and you’re okay. Du fric ! Tu as un bon boulot avec un salaire énorme et tout va bien″ [Roger Waters – Money: extrait]

Patrick BETAILLE, février 2023

John Pasche – Hot Lips

© John Pasche

 

En 1970 les Rolling Stones sollicitent John Pasche pour la création de leur logo. Le britannique était alors âgé de 25 ans, venait d’obtenir sa maîtrise en design au Royal College of Art et quelques mois auparavant il avait déjà bossé pour les Stones en réalisant l’affiche de la tournée européenne du groupe. Mick Jagger confie à l’artiste une image de la déesse hindoue Kali tirant la langue et lui demande de s’en inspirer. ″ Je me suis focalisé sur cette langue et j’ai pensé que ce serait une image intéressante et représentative de ces individus anticonformistes qui passaient leur temps à défier les autorités ″ raconte l’artiste. Une façon de mettre fin à toute allusion consistant à affirmer que l’œuvre faisait référence à la bouche lippue du chanteur. À l’époque le designer a été payé 50 livres pour ce logo qui, en 1975, sera retravaillé par Craig Braun* pour devenir la version finale encore et toujours d’actualité. Considérée comme l’une des images les plus emblématiques de la musique, le Tongue and Lips (ou Hot Lips) est désormais sur toutes les lèvres, sauf sur celle de son concepteur. Aujourd’hui, John Pasche doit se dire qu’il aurait mieux fait de se mordre la langue le jour où il a décidé de vendre ses droits d’auteur 28 000 dollars pour financer l’acquisition d’un appartement à Londres. Maigre consolation, en 2008 le London’s Victoria and Albert Museum a acheté le logo original à son concepteur pour 92 500$.

*Craig Braun est également à l’origine du concept dit ″de la banane″ pour l’album The velvet Underground & Nico en 1967 et de la mise en œuvre technique du zip de Sticky Fingers des Rolling Stones  en 1971. Le tout sous la houlette d’Andy Warhol.

Patrick BETAILLE, août 2022


Retrouvez Craig Braun et les Stones dans le livre: In Vinyle Veritas

 

 

Alain Gouvrion – Rolling Stones

 

Pas le genre d’ouvrage qui une fois lu se retrouvera relégué au rang de calage d’armoire normande bancale ou d’arme pouvant représenter une dangerosité pour la sécurité publique. Ce livre, une fois ouvert, l’on sait que l’on y reviendra. Plusieurs fois. Pour la richesse du contenu, celle du plaisir de l’œil et celle de l’approche historique. L’auteur? Alain Gouvrion, éminent journaliste et critique musical. Personnellement j’ai pu apprécier la plume de ce grand témoin du rock’n’roll circus dans les pages de Rolling Stone magazine puis, dans la lecture assidue de son ouvrage consacré à Eric Clapton: Clapton Cover. Au point d’oser affirmer tout de go que si à 50 ans t’as pas lu Gouvrion, t’as raté ta vie! Bref. Avec Rolling Stones, l’auteur et son éditeur mettent les petits plats dans les grands. Actualité oblige, tout commence et tout s’achève par un hommage émouvant – et pour une fois original – au regretté Charlie Watts: ″Ce modeste ouvrage est dédié à la mémoire de l’immense Charlie Watts, le plus jazz des batteurs de rock et réciproquement″. Les 285 pages qui affichent plus de 2 kg sur la balance font bien sûr la part belle aux pochettes des albums du bien nommé plus grand groupe de rock’n’roll du monde puisque c’est autour de ces cover art que gravite une biographie à nulle autre pareille. Outre les images, toutes les références indispensables (label, année de parution, titres, lieu d’enregistrement, production, musiciens additionnels, etc) figurent en bonne place. Y compris pour ce qui concerne la discographie solo des membres du groupe. Mais le plus intéressant, ce qui rend la lecture de ce pavé au format 33 tours jouissive, reste bien sûr l’histoire elle même. La grande, brillamment soulignée par de nombreuses anecdotes replacées dans leur contexte, et, la petite, très souvent étayée d’extraits d’interviews aux à-propos pertinents. Nous voici donc à mille lieues de la bio hyper pointue destinée aux fans ultimes ou du catalogue d’images séduisant mais sans grand intérêt. Rolling Stones est plus qu’intéressant. Il est accessible, riche, passionnant et donc essentiel. Joli coup de maitre de la part d’une maison d’édition qui outre cette nouveauté propose, entre autres publications, des ouvrages consacrés aux Beatles, à Higelin, Pink Flyod, Springsteen, Led Zeppelin ou encore Deep Purple : Éditions du Layeur!

Patrick BETAILLE, novembre 2021

Peter Corriston – Rolling Stones: Some Girls

Peter Corriston Some Girls

[Extrait]: Lors de sa parution en 1978 le Some Girls des Stones, premier album intégralement enregistré avec Ron Wood, connait quelques déconvenues. Le packaging de ce seizième opus studio pose problème. Conçue par Peter Corriston la jaquette se présente sous forme de Die Cut qui, comme le Physical Graffiti de Led Zeppelin, consiste en découpages laissant apparaître des images différentes en fonction de l’orientation des sous-pochettes sur lesquelles figurent notamment les Rolling Stones grimés en femmes et des publicités pour la lingerie de Valmor Products Co. Ainsi, au gré des jeux d’inserts, apparaissent les visages des membres du groupe au côté de ceux de célébrités parmi lesquelles Brigitte bardot, Claudia CardinaleFarrah Fawcett, Lucille Ball, Raquel Welch et Marilyn Monroe. Certaines, dont Liza Minnelli (au nom de sa mère Judy Garland), ne manquent pas d’intenter une action en justice pour utilisation de leur image sans autorisation et obtiennent gain de cause. Très vite l’album est réédité. Toutes les représentations féminines, plaignantes ou non, sont remplacées par des patchs colorés et sur les feuillets internes on peut lire: ″Pardon our appearance″ et ″Cover under re-construction (″Désolés pour notre look″ et ″Pochette en cours de refonte″). Quant à la publicité Valmor, elle est conservée moyennant compensation financière non négligeable attribuée par le tribunal.

Patrick BETAILLE, décembre 2018


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:

👉  In Vinyle Veritas – Éloquence et Désaveu du Cover Art  👈


Joel Selvin – Altamont 69

Altamont 69 Rolling Stones & Hells Angels

Le 6 décembre 1969, un grand festival Rock a lieu sur le circuit automobile d’Altamont en Californie. Santana, Jefferson Airplane, Grateful Dead et les Rolling Stones sont à l’affiche. La soirée tourne au cauchemar quand des Hells Angels, bourrés, défoncés et brutaux, agressent plusieurs musiciens et commettent l’irréparable en poignardant à mort un spectateur. Tout ceci est depuis longtemps acté, notamment grâce au film Gimme Shelter. Ce que l’on connait moins par contre c’est l’histoire dans l’Histoire, souvent sordide, celle que nous raconte l’auteur, Joël SELVIN, en apportant un nouvel éclairage sur des faits et des comportements on ne peut plus douteux.  Même si les protagonistes du récit donnent parfois envie de gerber tellement leur soif de pouvoir, leur vanité et leur mépris transpirent de leurs petites personnes, les 300 pages de ce livre riche, bien documenté et sérieux se dévorent d’une traite. Un vrai bonheur pour qui aime le Rock et son histoire, qu’elle soit glorieuse ou décadente.

Patrick BETAILLE, août 2017

The Rolling Stones – Beggars Banquet

Rolling Stones Beggars Banquet censure

[Extrait]: Londres 17 mars 1968. Les Rolling Stones entrent en studio pour enregistrer leur septième album. Si les précédentes tentatives contiennent de nombreuses reprises et pas mal d’ errances psychédéliques,  Beggars Banquet lui, marque un retour aux sources quant à l’inspiration musicale du groupe. Jamais le blues n’a été aussi présent sur cet opus qui reste aussi le dernier à bénéficier de la présence de Brian Jones parti peu de temps après valider son inscription au Club 27… La publication de l’album se voit retardée pour cause de désaccord relatif au packaging. En effet, les Stones entrent en conflit avec leur label Decca à cause de la photo qu’ils ont sélectionnée pour la pochette. Le cliché réalisé à Los Angeles représente des chiottes on ne peut plus crades, aussi crades que les murs du local couverts de graffitis. Malgré le forcing de Jagger & Richard, Decca résiste et finit par imposer sa volonté. La jaquette de Beggars Banquet prendra finalement l’aspect d’un banal carton d’invitation blanc avec la mention ″ R.S.V.P. ″ (″ Réponse S’il Vous Plait ″) en plus du nom du groupe et du titre de l’album… Qu’importe! Avec Let it Bleed, Sticky Fingers et Exile on main St, Beggars Banquet reste à jamais parmi les plus inspirés et les plus aboutis de la discographie des Pierres qui Roulent. Et de toutes façons, lors de la réédition du LP en CD, la photo des cagoinces refera son apparition.

Patrick BETAILLE, mars 2017


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:

👉  In Vinyle Veritas – Éloquence et Désaveu du Cover Art  👈


 

Rolling Stones – Blue & Lonesome

Rolling Stones Blue & Lonesome

 

Flashback: Il y a plus de 50 ans Jagger et Richard, tous deux copains d’école passionnés de Blues, se croisent par hasard sur un quai de gare. Ils ont sous le bras quelques enregistrements dont un disque de Robert Johnson qu’ils écoutent ensemble un peu plus tard. Keith: ″ Qui c’est le second guitariste? ″ – Mick: ″ Ben il est tout seul! ″.  Retour au présent, avec en toile de fond cette époque au cours de laquelle Jagger, Richards et Charlie Watts étaient juste un groupe de reprises de blues. Pas de compositions originales parmi les douze titres qui composent Blue & Lonesome, vingt-troisième  album studio des pierres qui roulent. Juste des reprises de Little Walter, Howlin Wolf, Magic Sam, Eddie Taylor, Otis Rush et Willie Dixon. L’ensemble est cohérent,  joué juste, bien produit et l’on sent que les septuagénaires sont à l’aise dans cette ambiance du Chicago Blues des années 50 et 60. Back to the roots donc, et, pour lever le doute il suffit de réaliser que l’harmonica est présent sur la quasi totalité du disque. Jagger excelle dans ce domaine et dixit Keith ″ Il n’est jamais aussi sincère que  quand il souffle dans cet instrument ″. Même quand ils invitent Eric Clapton sur deux titres les musiciens jouent ensemble, comme un groupe qui a remisé ses égos pour privilégier instinct et sincérité. Et ça fonctionne! Même Mick n’en fait pas trop au chant pour une fois. Blue & Lonesome ne révolutionnera pas la Musique et ne changera pas le cours de l’histoire des Rolling Stones, mais il nous offre un joli coup de blues et ce serait dommage de ne pas en profiter. Seul bémol, le packaging lippu d’un bleu canard WC absolument hideux!  Ecouter  Everybody knows about my good thing.

Patrick BETAILLE, décembre 2016