Pierre Bachelet – Emmanuelle

 

[Extrait]: 1960-1970. Émancipation des mœurs et liberté sexuelle. Le film érotique cherche sa place entre une production de plus en plus hard et un cinéma de séduction. Réalisé par Just Jaekin, sur un scénario de Jean-Louis Richard et d’après un roman d’Emmanuelle Arsan, le long métrage Emmanuelle est à l’affiche en France le 26 Juin 1974. Scandale ! Le film, en conjuguant érotisme chic et décors exotiques, met en scène Sylvia Kristel dans un scénario qui explore plusieurs aspects d’une sexualité découverte ou fantasmée. La musique du film composée par Pierre Bachelet est éditée la même année chez Barclay. Il s’avère que l’une des plages contrefait le Larks’ Tongues in Aspic de King Crimson paru le 23 mars 1973. L’année suivante, Robert Fripp, compositeur du morceau, poursuit les producteurs du film en justice et obtient gain de cause. Sur la jaquette de la bande originale, Sylvia Krystel pose a demi nue dans le désormais célèbre Fauteuil. L’image sera censurée dans certains pays. Portugal et Espagne devront ainsi se contenter d’une photo de l’actrice, plus classique et surtout, plus habillée. 


L’intégralité de la chronique est à retrouver dans le livre:

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Patrick BETAILLE, août 2025

Le Chat – Simetierre

© Photo: Kerry Hayes/Paramount Pictures

Le chat Church (diminutif de Winston Churchill), est campé par deux félins abandonnés, Tonic et Leo. Tous deux font partie de la distribution du dispensable remake de Simetierre, le film tiré du roman d’épouvante de Stephen King. Ces deux Maine Coon n’étaient pas des professionnels mais ils étaient toutefois capables de feuler à la demande, de regarder fixement et d’attendre. À l’instar de leurs partenaires humains, les félins devaient également passer par la case maquillage afin de donner l’illusion qu’ils revenaient d’entre les morts. Il a fallu deux mois pour les habituer à ce processus. L’actrice Amy Seimetz a dû prendre des antiallergiques durant le tournage en raison de son allergie aux chats, qu’elle décrit comme ″ de vrais enfoirés, qu’ils reviennent d’entre les morts ou pas ″ !  Le film d’horreur de Kevin Kölsch est sorti le 10 avril 2019. Leo – aka Church – est décédé 2 mois après.

Patrick BETAILLE, janvier 2025

Becoming Led Zeppelin – Le Film, Enfin!

 

Le sujet avait été évoqué ici même en août 2021. Déjà à l’époque, le premier documentaire officiellement autorisé sur Led Zeppelin affichait un retard de deux ans. Ce coup-ci, les choses ont l’air d’avancer. La sortie de Becoming Led Zeppelin est planifiée pour le 7 février et la bande annonce est d’ores et déjà disponible. On y voit Robert Plant, Jimmy Page et John Paul Jones évoquant la formation du groupe sur fond de Whole Lotta Love. Le trailer s’achève sur un extrait d’interview du batteur John Bonham: ″ La première fois que nous avons joué ensemble, c’était stupéfiant ″ dit-il. ″ C’était comme un cadeau du ciel. Pas vrai?! ″. 

Patrick BETAILLE, décembre 2024

Syd Barret – Have You Got It Yet?

 

Le film documentaire sur l’histoire de Syd Barrett réalisé par Storm Thorgerson (Hipgnosis) et le réalisateur Roddy Bogawa est sorti! Deux heures d’archives, de témoignages, d’interviews d’amis, famille et, bien sûr, de Roger Waters, David Gilmour et Nick Mason. De nombreuses années de recherches de documents ont été nécessaires pour retracer les errances d’un artiste excentrique à l’origine de la formation de Pink Floyd. Le film fait donc également l’objet d’un focus sur ce groupe de potes, de leurs ambitions, de leurs espoirs et de leurs doutes pendant l’émergence d’un raz-de-marée culturel extraordinaire: le psychédélisme du milieu des années soixante. Mi mai, le film a été présenté en avant première au Royaume-Uni et sera montré à partir de juillet aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. À part le Danemark – en juillet également – aucune diffusion en salle n’est pour l’instant prévue en Europe. Alors la France, n’y pensez même pas! Il faudra donc se contenter de fonder quelque espoir quant à une hypothétique sortie en Dvd. Vous avez compris cette fois? Plus d’infos:  Have You Got It Yet?

Patrick BETAILLE, juin 2023

La Crise – Je m’en fous!

 

Tes problèmes de boulot, tes problèmes avec ta femme, tes problèmes de fric, tes problèmes en général et en particulier, moi ta mère, je m’en fous comme de l’an quarante, tu m’entends ? Je m’en fous, mais alors je m’en fous, je peux pas te dire à quel point je m’en fous. Je n’en ai vraiment rien, rien, rien à foutre… Pendant trente ans je vous ai torchés, nourris, couchés, levés, consolés, tous les trois. J’ai repassé vos chemises, lavé vos slips, surveillé vos études. Je me suis fait des monceaux de bile, je n’ai vécu que pour vous, qu’à travers vous. J’ai écouté toutes vos histoires, vos problèmes et vos chagrins, sans jamais vous emmerder avec les miens. Alors maintenant, je prends ma retraite. Toi, il te reste une longue vie devant toi pour résoudre ta crise ; moi il me reste très peu de temps pour résoudre la mienne. Alors tu permettras que pour une fois je m’occupe de mes affaires avant les tiennes ″. Maria Pacôme dans le film La Crise (Colline Serreau 1992): L’extrait!

Patrick BETAILLE, mai 2022

Ondi Timoner – DIG!

 

Les Brian Jonestown Massacre de San Francisco et les Dandy Warhols de Portland sont deux groupes emblématiques de la scène rock indépendante américaine. Créatives et révoltées les deux formations sont intellectuellement proches dans leur approche du refus de se plier aux exigences de la sphère musicale mais Anton Newcombe et Courtney Taylor – les leaders respectifs – sont aussi rivaux quant à la façon de gérer leur soif de notoriété. Réalisé par Ondi Timoner, ce magistral documentaire qui a obtenu le Premier Prix du Grand Jury du Sundance Film Festival de 2004 est un indispensable témoignage sur le rock indépendant et les dessous d’un monde dans lequel tous les coups sont permis. Bien plus destroy que les rivalités Beatles-Stones ou que celles des poseurs de Blur et Oasis, DIG vient bousculer les mythes du rock’n’roll circus et la perversité de l’industrie musicale. Pour en savoir plus, beaucoup plus, c’est par ici: Ondi Timoner Creuse son Sillon!

Patrick BETAILLE, février 2022

Bernard MacMahon – Becoming Led Zeppelin

© Photo: Dick Barnatt

 

Becoming Led Zeppelin sera le tout premier documentaire officiel sur le groupe. Il avait été annoncé en 2019, et devait faire l’objet d’une présentation à Cannes pour commémorer les 50 ans de la formation britannique. Son réalisateur, Bernard MacMahon, a déclaré dans un communiqué : ″ Becoming Led Zeppelin est un film que personne ne pensait réalisable. À travers d’intenses recherches à travers le monde et des années de restauration d’archives visuelles et sonores, l’ascension vertigineuse du groupe peut enfin être racontée ″. Les choses avancent car c’est désormais officiel: la première aura lieu lors du Festival international du film de Venise qui se déroulera du 1er au 11 septembre 2021. Le film raconte les débuts individuels de Page, Plant, Jones et Bonham qui, dans les années 1960, jouaient chacun de leur côté dans de petites salles au Royaume-Uni, puis leur rencontre au cours l’été 1968, leur conquête des Etats-Unis dans les années 1970 et la séparation après le décès de Bonzo. Des séquences inédites bien sûr, avec notamment des interviews – qu’elles soient réalisées spécialement pour le documentaire, ou qu’elles proviennent d’archives – au cours desquelles les musiciens, pour la première fois, apportent un témoignage personnel sur leur propre histoire. ″ Quand j’ai vu le travail ambitieux et magnifique de Bernard MacMahon sur American Epic, j’ai su qu’il serait à la hauteur pour raconter notre histoire ″. Des propos prometteurs de la part de Jimmy Page, 45 ans après le nanar inégalé qu’est The Song Remains The Same

Patrick BETAILLE, août 2021

Pedro Almodóvar – Madres Paralelas

 

Tourné en grande partie à Madrid entre février et juin 2021, Madres Paralelas met en scène deux femmes ayant accouché le même jour et dont les vies prennent des trajectoires différentes. ″Avec ce film, je reviens à l’universel féminin, à la maternité, à la famille. Je parle de l’importance des ancêtres et des descendants, de la présence inévitable de la mémoire. Les femmes qui forment une partie de cette histoire sont très différentes. En tant que conteur, ce sont les mères imparfaites qui m’inspirent le plus en ce moment″ déclarait le réalisateur Pedro Almodovar. Porté par Penélope Cruz et Milena Smit, le film sera présenté le 1er septembre à la Mostra de Venise et devrait arriver en salle en fin d’année ou début 2022. Pas encore sorti donc, mais déjà sujet à polémique. L’affiche du film partagée sur Instagram par Javier Jaén, son concepteur, a été censurée sous prétexte que l’image – représentant une goutte de lait suintant d’un téton en forme d’œil – enfreignait les règles concernant la nudité! À la suite de plaintes sur les réseaux sociaux et d’accusations de censure à l’encontre d’Instagram,  Facebook, a présenté ses excuses à Almodóvar et à Jaén en précisant faire une exception à la règle pour autoriser la nudité dans certaines circonstances, notamment lorsqu’il y a un contexte artistique clair. Instagram a ensuite rétabli les posts sur lesquels figuraient l’affiche à propos de laquelle Jaén a déclaré: ″C’est probablement la première image que j’ai vue quand je suis né. Instagram me dit que mon travail est dangereux, que c’est de la pornographie. Allez comprendre! Ils disent que leur technologie ne leur permet pas de prendre en compte le contexte. Je m’en fiche, qu’ils en change!″

Patrick BETAILLE, août 2021

Stephen Fears – High Fidelity

 

Dans un quartier pauvre de Chicago, Rob Gordon tient une boutique de disques fréquentée par des amateurs de vinyles rares des 60’s & 70’s. L’essentiel de son existence tourne autour de la musique pop dans laquelle il puise l’énergie nécessaire à la gestion d’un quotidien pour le moins erratique. Interprété par John Cusack, Rob est plutôt du genre ado attardé, perturbé et instable. Il a abandonné ses études et gère tant bien que mal son antre fréquentée par des collectionneurs compulsifs en quête de galettes ésotériques. Pour l’aider, Dick et Barry (Jack Black), deux vendeurs quelque peu débiles mais incollables en musique. Vient le temps de la rupture. Laura (Iben Hjejle) annonce à Rob qu’elle le quitte. Abasourdi et désormais seul, il décide de retrouver ses ex – dont une certaine Charlie jouée par Catherine Zeta-Jones – pour comprendre les raisons de ces échecs amoureux à répétition. S’en suit une comédie (romantique?) tonique, sympathique et sans prétention sur les aléas des peines de cœur. Stephen Frears, comme comme à son habitude, peint des marginaux avec cruauté et affection. Ils sont drôles, inquiétants, survoltés, angoissés, hors normes et leurs tribulations sont accompagnées d’une bande son jouissive (Dylan, Stevie Wonder, Velvet Underground, Love, 13th Elevator, Stereolab, Kinks, Elvis Costello, etc. Tiré du roman de Nick Hornby et sorti en 2000, High Fidelity n’a que la prétention de faire passer un bon moment, il y parvient et c’est déjà pas si mal. À ranger pas trop loin de Good Morning England, The Commitments et The Blues Brothers.

Patrick BETAILLE, juin 2021

Andy Warhol & Alan Aldridge – Chelsea Girls

 

Quand lui vient l’idée de ce film, Andy Warhol pense d’abord le tourner dans l’arrière-salle du Max’s Kansas City, sa boîte de nuit préférée. Chemin faisant, le concept évolue et finalement, à l’automne 1966 la décision est prise. C’est le Chelsea Hotel qui servira de décor. C’est là en effet que logent à l’année de nombreux artistes de la pouponnière d’artistes de la Factory. Sur un peu plus de trois heures et en mode Split-Screen, Andy Warhol et Paul Morrissey suivent la vie de certains des occupants des chambres de l’hôtel newyorkais. Entre expérimentation et contre-culture si chères à l’artiste, chaque scène comporte sa propre bande son et joue avec des alternances d’images photographiques noir et blanc et couleur. En cette période de libération de mœurs, la connotation avant-gardiste et érotique de Chelsea Girls fait sensation mais pas toujours de façon positive.  Roger Ebert, critique cinéma du Chicago Sun, décrit le documentaire comme ayant ″ peu de valeur intrinsèque ″. Le magazine Variety parle de ″ trois heures et demie inutiles et terriblement ennuyeuses ″.  Le public, lui, est au rendez-vous et offre à Warhol son premier grand succès commercial sur lequel vient se greffer un engouement inouï pour l’affiche du film.

C’est Alan Aldridge, un graphiste designer et illustrateur anglais, qui est à l’origine de l’illustration à propos de laquelle un Warhol dithyrambique dira: ″ j’espère que le film soit aussi bon que son affiche ″. L’image en question parvient à capter et traduire de façon mémorable l’essence même de Chelsea Girls: psychédélisme et érotisme à la frontière de la pornographie.  Pour atteindre son but, l’artiste joue avec plusieurs élément suggestifs et torrides. Des personnages dans des situations sans équivoque s’affichent aux fenêtres. En toile de fond, Clare Shenstone – une artiste en herbe alors âgée de 16 ans – pose nue et son entrejambes, comme une invite, héberge la porte d’entée de l’hôtel. Tout un programme et surtout un tour de force de la part du designer qui la même année se fait remarquer avec la pochette de A Quick One des Who, plus tard avec des illustrations de livres consacrés aux Beatles, et en 1975 avec celle de Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy de Sir Elton John. C’est également Alan Aldridge qui est à l’origine du logo du Hard Rock Cafe.

Patrick BETAILLE, février 2021