John Doe – Crossroads, la Route du Blues

Crossroads, film John Doe sur Robert Johnson

 

Pour peu que l’on s’intéresse au Blues, vient toujours un moment où se manifeste l’envie d’en savoir plus sur l’une de ses plus belles des légendes. Avec seulement 29 titres enregistrés Robert Johnson est devenu un mythe, la référence suprême, le gardien du panthéon de la musique, celui qui a fait naître chez Jimmy Hendrix, Eric Clapton, Keith Richard, Led Zeppelin et tant d’autres, la passion viscérale pour le Delta Blues qui allait de près ou de loin les influencer musicalement. En 1986, à partir d’un scenario de John Fusco, le réalisateur Walter Hill traite le sujet sous forme de fiction musicale gentillette qui se termine par un duel guitaristique éblouissant entre Ralph Macchio et Steve Vai dans le rôle du serviteur du diable. Il est donc question de ce fameux pacte avec le Malin. Pacte au cours duquel Robert Johnson aurait vendu son âme en échange d’un immense talent.  Avec Crossroads, la route du Blues, John Doe élève le débat au rang d’un subtil mariage des genres qui oscille entre fiction, documentaire et road-movie.
Fan de Blues, je rêvais depuis mon adolescence de faire la Route 61. Il m’aura fallu 30 ans pour y parvenir avec quelques dollars, un bon copain et une idée : conter les légendes de Robert Johnson. J’ai écrit et vécu cette aventure passionnément. Une année de préparation, 1 mois de tournage, 6 mois de montage et 8 ans de galères pour faire connaitre ce film. Aucun producteur, pas de distribution, pas d’aide financière, juste un entêtement maladif: y croire ″.
Le résultat est bluffant. La démarche est sincère, les protagonistes étonnants, le ton lugubre et l’ambiance générale très roots. Au final on y croit, on s’y croit! Au point d’avoir envie de participer, en compagnie de Calvin Russel, à la quête du 30ème morceau, celui  qui délivrera Robert Johnson de sa malédiction. Monsieur John Doe*, qui que vous soyez, merci pour cette belle initiative, pour ce moment intense et pour la mise en images de cette passion dévorante. Enfin et surtout, merci pour le partage sans contrepartie avec la mise à disposition d’infos remarquables et de l’intégralité de l’œuvre au format Dvd ou Divx en Vost.  C’est ici: La Route du Blues .

* Dans les années 50, John Doe est le pseudonyme utilisé par les réalisateurs américains  qui ne souhaitaient pas ″signer″ leurs œuvres en raison de désaccords avec les règles fixées par l’industrie du cinéma et de la télévision. Une façon de faire de la résistance.

Steppenwolf – Easy Rider

Steppenwolf, Born to be wild

En 1958, John Kay fuit l’Allemagne de l’Est pour s’installer au Canada où en 1965 il intègre un groupe de blues local: The Sparrows. Le succès n’est pas au rendez vous. En 1967 la formation est dissoute pour réapparaitre sur la scène de Los Angeles sous le nom de Steppenwolf . Le nouveau un line up propose désormais un répertoire plus rock et entre en studio en 1968 pour élaborer leur premier album. Cette fois ci le public est au rendez vous et réserve un bel accueil au troisième single de l’album:  Born to be wild. Le titre écrit à l’origine par l’ex Sparrows Mars Bonfire (de son vrai nom Dennis Edmonton) se vend à plus d’un million d’exemplaires dès lors qu’il figure sur la bande son de Easy Rider, film emblématique de la contre culture de l’époque. Désormais Born to Be Wild est associée à jamais l’univers des bikers, Steppenwolf est au sommet et Mars Bonfire entre dans la légende du Rock.

Patrick BETAILLE, janvier 2017

Janis Joplin – Little girl blue

Amy Berg: Janis, Little Girl BlueDans son dernier film,  ″Janis″, Amy Berg retrace la chute inexorable de Janis Joplin, Rock-Star des 60’s partie rejoindre il y a 45 ans le tristement célèbre Club 27. Le documentaire décortique la saga d’une femme entière, incapable de surmonter ses démons, et toujours en quête de l’amour des autres. Laura et Michael, frère et sœur de Janis, parlent d’elle. Témoignent également les membres de Big Brother (y compris Sam Andrew, décédé le 12 février 2015), Bob Weir du Grateful Dead ainsi que Country Joe McDonald. Quant au fil conducteur il est assuré par Chan Marshall, alias Cat Power, qui lit la correspondance échangée par Janis avec sa famille. Il est question aussi de David Niehaus. Tombé amoureux de la star, David lui proposait dans un télégramme de la rejoindre. Le pli est restée à la réception de l’hôtel; peut être que si Janis l’avait  lu ce soir là…. Et puis bien sûr des images rares, des extraits de concerts viennent étayer le récit d’un parcours hors du commun. Au-delà du personnage de rock-star, de sa voix extraordinaire et de la légende, ″Little girl blue″ nous dépeint une femme sensible, vulnérable et puissante. C’est l’histoire d’une vie courte, mouvementée et passionnante qui changea la musique pour toujours. Déjà en rayon pour la version anglaise le Dvd sous titré en français sera disponible fin juin 2016.

PB, Mai 2016

PopCorn Garage fait son cinéma!

© Pop Corn Garage

 

De quoi plaire aux cinéphiles. PopCorn est un petit jeu qui propose de découvrir les 66 références aux films cultes de la pop culture cachées dans une seule image. Pour jouer c’est facile, il suffit d’aller sur le site PopCorn Garage, de lancer une nouvelle partie (Patience le temps de chargement peut être un peu long!) et de taper le nom des films que vous trouvez ! Alors, combien?

 

Marvin Sutton – Moonshiner, bootlegger, outlaw et héros

 

Question look, on le dirait tout droit sorti de ″ Délivrance  mais son truc à lui n’a rien à voir avec quelconque propension à la persécution de ses semblables. Loin s’en faut! Marvin Popcorn ″ Sutton est un paisible montagnard des Appalaches, un amoureux jovial de la nature qui passe l’essentiel de ses journées à élaborer sa propre eau de vie. À la fois moonshiner et bootlegger, Marvin consacre sa vie à la fabrication d’alambics, aux opérations de distillerie et à la vente de sa gnôle qu’il livre dans un vieux Ford délabré. Peur de rien. Il a publié à compte d’auteur son propre guide consacré à la production d’alcool de contrebande (″ Me and My Likker ″) ainsi qu’une vidéo maison dépeignant ses activités. Hors du commun et hors du temps. Il s’attire évidemment les foudres des autorités qui le convoquent devant la cour pour lui signifier une incarcération de 18 mois dans une prison fédérale. Rebelle jusqu’au bout. Le petit homme maigre, toujours vêtu d’un chapeau improbable et d’une salopette du même nom, n’accepte pas cette condamnation et préfère se donner la mort. Après avoir prévenu sa fille il met fin à ses jours le 16 mars 2009. Le hors la loi a alors 62 ans.  Le 9 novembre 2010, Hank Williams. Jr s’associe avec la veuve Pam pour distiller et distribuer un whisky élaboré selon les techniques et méthodes Sutton. En Octobre 2013 Jack Daniel’s Inc dépose plainte sous couvert de contrefaçon, demande que les bouteilles mises sur le marché soient retirées et que le produit des ventes déjà réalisées soit reversé à la firme du Tennessee Whiskey.  La poursuite a été conclue et réglée en 2014 selon des termes non encore divulgués.

♥ Voir: ″ Popcorn Sutton, a hell of life ″: Le Dvd de Neal Hutcheson sorti fin 2014 retrace, via un portrait inoubliable, la vie de Marvin Sutton de 2000 à 2009. ″The Last One″. Du même auteur, le documentaire publié en 2009 et remastérisé en 2012 a reçu l’ Award du meilleur documentaire culturel. On y voit le héros dans ses œuvres de distillation traditionnelle au cœur des Appalaches où il évoque le caractère de ses ancêtres irlandais et retrace une vie riche de souvenirs.

Patrick BETAILLE, septembre 2015

 

 

Syd Barret – Have you got it Yet?

 

Roger Keith Barrett, musicien britannique attiré par les extravagances du psychédélisme, fut avec David Gilmour l’un des membres fondateurs de Pink Floyd. De tempérament torturé et totalement instable Syd Barret, s’adonnait régulièrement aux substances hallucinogènes; au point d’être exclu du groupe en 1968 à cause entre autres de sa surconsommation de LSD. Il se lança alors dans une brève carrière solo tout en continuant de pratiquer la peinture, son autre drogue,  pour finalement se retirer du monde et vivre en reclus dans la banlieue de Cambridge jusqu’en 2006, date de sa mort à l’âge de 60 ans. Ce rare génie de la musque Pop aura droit cette année à un documentaire qui revient sur sa courte, mais non moins essentielle, carrière musicale. Have you got It yet? n’est pas le premier reportage consacré à l’artiste, loin s’en faut. Le film, attendu pour cet été ou début 2016, a vu sa réalisation confiée à Roddy Bogawa qui déclarait à son sujet : ″ Il est vraiment unique, il a une dimension intime que les autres docus lui étant consacrés n’ont pas su capter ″. Source: New Musical Express.

Patrick Betaille, juillet 2015

Shirley – Un voyage dans la peinture d’ Edward Hopper

© Edward Hopper

 

Le réalisateur Gustav Deutsch donne vie à 13 toiles d’Edward Hopper dans un film qui raconte les errances d’une femme, Shirley, dont les pensées et les émotions nous amènent au cœur de l’histoire américaine.  Chaque tableau correspond à une date précise calée sur l’année de création par Edward Hopper. Gustav Deutsch a respecté cet ordre chronologique et en a fait de courts chapitres de six ou sept minutes, donnant à voir ce qui se passe avant et après l’instant figé par l’œuvre initiale. Au final, 34 ans de vie ont été peints puis portés à l’écran. Techniquement, le passage de l’univers en 2D des toiles à l’animation 3D des plateaux n’a pas été une mince affaire. Pour résoudre les problèmes liés à la perspective ou à la profondeur il a fallu construire des décors en grandeur nature. Quant aux lumières, il fallait décider de la manière dont on pouvait les placer et les gérer sans qu’elles ne compromettent l’aspect pictural original. A la fois impressionnante reconstitution historique et mariage de raison entre Cinéma et Peinture, Shirley, Visions of Reality est une œuvre originale, novatrice et unique sur laquelle il ne faut absolument pas faire l’impasse.

Patrick BETAILLE, septembre 2014

 

 

Morgan Neville – 20 Feet from Stardom

20 Feet from StardomLes Rolling Stones sont en train d’apporter la dernière touche à leur album ″Let It Bleed et réalisent qu’ils ont besoin, pour les chœurs, d’une voix qui déménage. Quelqu’un dans le studio pense à appeler Merry Clayton. Après un coup de fil houleux, la dame débarque dans le studio à 2 heures du matin, enceinte, en pyjama de soie et bigoudis sur la tête. Elle chante  Rape, murder, it’s just a shot away  sur Gimme Shelter. Mick Jagger en reste sur le cul. Cette histoire et de nombreuses autres tissent la trame de ce film sur le parcours des background singers de la musique américaine des années 60 à 80. Au travers d’entretiens et d’images d’archives Darlene Love, Táta Vega, Lisa Fischer (aujourd’hui choriste officielle des Stones), ou encore Judith Hill, toutes racontent, souvent avec beaucoup d’humour, ce métier de l’ombre. Sous les caractères bien trempés de ces chanteuses exceptionnelles, on découvre des femmes fragiles, pudiques, souvent meurtries de n’avoir pas été reconnues pour leur véritable talent. Toutes évoquent rêves et désillusions, joies et peines,  mais surtout un amour immense pour la Musique. 20 Feet from Stardom donne également la parole à Mick Jagger, Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Bette Midler, Sting… Tous rendent un hommage visiblement sincère à ces indispensables ″background girls malheureusement appelées à disparaître d’un univers musical où le look supplante la voix et où les overdubs et autres bidouillages électroniques remplacent les chœurs à moindre frais. Ce documentaire reste une grande fresque musicale, certes;  mais il va plus loin encore en évoquant les soubresauts d’une société en pleine mutation et l’évolution de la condition féminine. Incontournable,Indispensable, Exceptionnel! Pour une fois ces termes, trop souvent galvaudés, prennent un sens.

PB, juin 2014

Beth Hart & Joe Bonamassa – Live in Amsterdam

Dvd Beth Hart & Joe Bonamassa Live in AmsterdamPassons sur la pauvreté graphiquement nauséeuse du packaging et attardons nous sur ce que moi j’ose appeler un putain de bon moment musical. Ce double Dvd Live in Amsterdam n’est ni plus ni moins que la transcription exacte d’un concert que Joe Bonamassa et Beth Hart ont donné lors de la tournée promotionnelle de l’album Seesaw Pas d’overdubs, pas de bidouilles numériques. Ce que vous entendez est ce qui a été joué. La quasi totalité du dernier album et cinq titres de Don’t explain sont interprétés par ces deux artistes qui s’offrent même le luxe de quelques autres covers bien senties. Pour l’occasion Beth et Joe sont soutenus par une section de cuivres et une bande de tueurs patentés déjà vus aux côtés du guitariste surdoué. Que ce soit le batteur Anton Fig, le bassiste Carmine Rojas, le guitariste rythmique Blondie Chaplin ou le clavier Arlan Schierbaum, tous sont incroyablement inspirés et efficaces, visiblement heureux de participer à ce qui se passe sur scène. Nous n’assistons pas à  un concert de guitar héro pas plus qu’à une prestation de diva reconnue. Non! et pourtant il y aurait matière à, tant le talent de ces deux artistes est énorme. Point d’ego prédominant donc. Tout n’est que collaboration fusionnelle et capacité considérable à transmettre un large éventail d’émotions bienfaitrices. La lecture dévastatrice de I’d Rather Go Blind (Etta James) en est la meilleure preuve; dix minutes de pur bonheur, le feeling de Joe Bonamassa fait des merveilles et l’interprétation de Beth Hart est orgasmique. Croyez moi! Cette nana c’est Otis Redding moins les baloches! 21 titres (sans compter les bonus), plus de deux heures de musique, un film sobre et efficace, et un son tout ce qu’il y a de plus propre, que demander de plus? Un petit extrait? Bon d’accord et c’est bien parce que c’est vous: Live in Amsterdam! .

Patrick BETAILLE, avril 2014

Davy Knowles – Live at the Gaiety Theatre

Source Image: Wikidata.org

 

″ J’ai su que je serai musicien le jour où alors que j’étais en voiture avec mon père j’ai entendu Sultans of Swing de Dire Straits ; ce titre a changé ma vie . Davy avait onze ans à l’époque. Au départ il a  pioché dans la discothèque du paternel pour dévorer du John Mayall, Clapton, Peter Green et Rory Gallagher. Il a d’ailleurs avec ce dernier le point commun qui consiste en l’intégration des influences celtiques dans sa musique; rien d’ étonnant, il est originaire de l’ île de Man !  Quelques cours de guitare plus tard le trio Back Door Slam voit le jour, nous sommes en 2005 et c’est en 2006 que sort le premier album Roll Away qui atteindra rapidement la 7ème place au Bilboard. Succès d’autant plus intéressant que c’est Davy qui assure toutes les compositions à l’exception de Outside Woman Blues (Blind Joe Reynolds). On y retrouve bien sûr toutes les influences évoquées plus haut, mais aussi l’expression d’une sensibilité portée par une voix chaude et pleine d’émotion. 2009, sortie de Coming up for air sous le nom de Davy Knowles and Back Door Slam! Entre temps il y a eu le split du trio, les tournées mondiales, les premières parties de George Thorogood, Buddy Guy, Lynyrd Skynyrd, Chickenfoot et, excusez du peu,  Gov’t Mule ou  encore Jeff Beck. Ce deuxième album, produit par Peter Frampton, est brillant ; même les morceaux mid-tempo s’articulent autour de chorus à la fois fins et puissants.  11 titres dans lesquels les fans de Blues Rock, toutes générations confondues, trouveront leur compte ; en particulier à l’écoute de Tear down the walls et Hear me Lord (George Harrison) où Davy fait preuve d’un feeling et d’un doigté exceptionnels pour triturer sa guitare PRS. 2009 c’est aussi l’année de la sortie du Dvd  Live at the Gaiety Theatre. L’artiste  joue chez lui, sur l’Ile de Man. Il clôture ainsi une tournée de 400 dates aux USA et un passage à Londres pour un concert à guichet fermé. Rien à redire, l’énergie est là, la prestation est superbe, le show est sobre, assez intimiste mais d’une intensité redoutable ; il s’achève par un titre acoustique sur lequel les chœurs sont assurés par les enfants de l’école du coin. Emotion garantie ! Vous savez quoi ? La soi disant authenticité musicale, le côté basique du genre, l’approche intellectuelle du Rock… Ben tout ça je m’assoie dessus avec allégresse et impertinence! Davy Knowles c’est du bon, du talentueux, de l’authentique et même s’il ne remplace pas Rory Gallagher ou Gary Moore, il parvient quand même à combler une bonne partie du vide qu’hélas ils ont laissé derrière eux. Pas mal à 25 ans non? Pour preuve : Joe Satriani himself  a dit de lui : ″ parmi les bluesmen modernes c’est mon préféré !

PB, mars 2012